Conseil pour un expatrié tenté par le retour
MIAMI, 25 Octobre – La tendance actuelle est à faire revenir les expatriés pour mettre leurs compétences au service du pays natal.
Très bien.
Ces derniers peuvent se laisser tenter d’autant qu’un amendement Constitutionnel récemment publié dans le journal officiel accepte désormais la multiple nationalité.
On peut être américain, français, canadien, allemand ou autre et rester pas moins haïtien.
PORT-AU-PRINCE, 3 Novembre – La tempête Sandy laisse en Haïti 54 morts ; 102 aux Etats-Unis et au Canada, dont au moins 40 dans la seule ville de New York.
Port-au-Prince et New York désormais sous la même latitude. Ce que les météorologues surnomment cyclone post-tropical (parce que ayant auparavant accompli son parcours habituel qui le fait traverser la Caraïbe) est certes une encore plus grande surprise pour New Yorkais et Torontois qu’une ‘gondole sur la Tamise’ pour paraphraser la chanson.
‘Superstorm’ (tempête géante), dit-on dans le Big Apple, où l’on n’a probablement jamais entendu parler des ouragans Hazel, David, Andrew ou même Katrina. Bien entendu New York prétend toujours avoir le dernier mot.
Mais cette fois il l’aura payé fort cher.
Ce sont les nôtres, expatriés haïtiens, qui en font une tête. En particulier ceux qui ont atteint l’âge de la retraite, et en sont encore à hésiter entre l’opération retour ou au contraire un coin tranquille dans une banlieue sélect de Queens ou de Long Island.
Sandy a provoqué un incendie à Queens qui a détruit plus de 50 habitations.
Flora avait fait 6.000 morts …
Au lendemain du passage de l’ouragan de catégorie 1 (Hazel était de catégorie 3 quand il a dévasté la Grande-Anse en 1954 et tué 1.000 personnes, en 1963 Flora avait fait 6.000 morts, et Andrew était de catégorie 3 lors de son brutal survol du sud de Miami en 1992 causant des dégâts évalués à 26 milliards de dollars et 27 morts), en tout cas le mercredi 30 octobre écoulé New York City ressemblait à rien d’autre qu’une ville ayant subi un bombardement digne de la Seconde guerre mondiale. Dixit les grandes chaines de télévision.
Vrai ou faux ? Car qui a vécu le séisme du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince (et y a survécu), peut estimer que à côté même Hiroshima laisserait à désirer … sauf la radiation.
Mais passons. Nous n’allons pas engager un concours de catastrophisme.
Lire la suite : L’ouragan Sandy met Haïti et les USA sous la même latitude
PORT-AU-PRINCE, 29 Novembre – C’est au tour du peuple de Jérémie (chef lieu de la Grande Anse, Sud) de sortir de ses gonds.
Mercredi 28 novembre les Jérémiens ont gagné massivement les rues pour protester contre l’arrêt des travaux de construction de la route de Jérémie.
Commencés depuis plus d’une année, ces travaux se sont arrêtés depuis au moins trois mois alors qu’ils sont parvenus à la deuxième partie du parcours. Partis des Cayes (Département du Sud), on est entré dans la Grande Anse, en direction de Jérémie.
Mais soudain rien ne va plus. La compagnie de construction, OAS, une compagnie brésilienne a décidé de mettre la clé sous la porte.
Pour quelle raison ?
C’est un contrat de la BID (Banque Interaméricaine de Développement). Donc solide. Financièrement.
Cependant on a constaté que les travaux ont stoppé alors qu’ils arrivaient aux endroits les plus difficiles, aux points stratégiques qui ont déjà constitué un défi pour d’autres compagnies, savoir : ‘Fanm pa dra’ et Rivière Glace.
Fanm Pa Dra est un massif rocheux dominant la falaise et Rivière Glace une passe qui a déjà emporté plus d’un.
La compagnie brésilienne a donc commencé à plier bagages. Un bateau se trouve au warf de Jérémie pour embarquer les derniers équipements.
Le contrat aurait été résilié.
On ne sait à la demande de quelle partie. Est-ce la compagnie OAS qui avait sous-estimé la dimension des travaux et n’est plus en mesure de délivrer la marchandise ?
Ou est-ce la BID (et l’Etat haïtien représenté par le Ministère des Travaux publics, transports et communications) qui devant l’arrêt des travaux, ont décidé de couper court ?
MEYER, 8 Décembre – ‘Collapse’ c’est le nom d’un ouvrage paru ces derniers temps (2005) et qui a un grand succès. Son auteur est l’écrivain Jared Diamond, citoyen américain et diplômé de l’université Harvard.
Un expert haïtien, Jean André Victor, vient de commencer une série d’articles dans le quotidien Le Nouvelliste (22 novembre 2012) pour mettre les thèses qui y sont développées plus à la portée de notre public.
En effet dans ‘Collapse’, Effondrement ou plutôt Implosion, disparition par écrasement sous son propre poids, comme on le fait de bâtiments qu’on veut détruire sans affecter les autres qui l’environnent ( !), l’un des exemples sélectionnés par l’auteur de l’ouvrage, c’est Haïti.
Notre Haïti !
Haïti est menacée de disparition par l’ampleur quasi irréversible prise par les causes de destruction physique (au premier chef l’érosion, la disparition de la couche forestière réduite à pas plus de 2% et en même temps des moyens de défense naturels du pays, la moindre pluie provoquant des inondations qui font des centaines de morts et entrainent le pays corps et biens, et le suc même de la vie, à la mer) ; cependant le plus grand facteur de disparition, de ce ‘collapse’, c’est l’impossibilité par l’Haïtien d’arrêter le phénomène sur sa course. Haïti condamnée presque irréversiblement à disparaître un jour, pas si lointain en termes de durée de vie des communautés humaines et des civilisations. C’est ce qu’il ressort sans ambages du livre de Jared Diamond ainsi que de la première partie de l’analyse qu’en fait Jean André Victor dans Le Nouvelliste.
PORT-AU-PRINCE, 23 Décembre – En Haïti tous les mythes sont tombés de leur piédestal.
Ce n’est pas seulement en politique et dans les différents domaines de la vie sociale mais même les représentations les plus symboliques qui ne résistent pas à cet impitoyable coup de torchon.
Ainsi Tonton Noël en reçoit également pour son grade.