PORT-AU-PRINCE, 3 Novembre – La tempête Sandy laisse en Haïti 54 morts ; 102 aux Etats-Unis et au Canada, dont au moins 40 dans la seule ville de New York.
Port-au-Prince et New York désormais sous la même latitude. Ce que les météorologues surnomment cyclone post-tropical (parce que ayant auparavant accompli son parcours habituel qui le fait traverser la Caraïbe) est certes une encore plus grande surprise pour New Yorkais et Torontois qu’une ‘gondole sur la Tamise’ pour paraphraser la chanson.
‘Superstorm’ (tempête géante), dit-on dans le Big Apple, où l’on n’a probablement jamais entendu parler des ouragans Hazel, David, Andrew ou même Katrina. Bien entendu New York prétend toujours avoir le dernier mot.
Mais cette fois il l’aura payé fort cher.
Ce sont les nôtres, expatriés haïtiens, qui en font une tête. En particulier ceux qui ont atteint l’âge de la retraite, et en sont encore à hésiter entre l’opération retour ou au contraire un coin tranquille dans une banlieue sélect de Queens ou de Long Island.
Sandy a provoqué un incendie à Queens qui a détruit plus de 50 habitations.

Flora avait fait 6.000 morts …
Au lendemain du passage de l’ouragan de catégorie 1 (Hazel était de catégorie 3 quand il a dévasté la Grande-Anse en 1954 et tué 1.000 personnes, en 1963 Flora avait fait 6.000 morts, et Andrew était de catégorie 3 lors de son brutal survol du sud de Miami en 1992 causant des dégâts évalués à 26 milliards de dollars et 27 morts), en tout cas le mercredi 30 octobre écoulé New York City ressemblait à rien d’autre qu’une ville ayant subi un bombardement digne de la Seconde guerre mondiale. Dixit les grandes chaines de télévision.
Vrai ou faux ? Car qui a vécu le séisme du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince (et y a survécu), peut estimer que à côté même Hiroshima laisserait à désirer … sauf la radiation.  
Mais passons. Nous n’allons pas engager un concours de catastrophisme.

Entre le cholera et la catastrophe nucléaire …
Toujours est-il que nous voici désormais à la même enseigne.
Et là où le pire à redouter chez nous c’est une résurgence de l’épidémie de choléra, à New York on a presque frôlé la catastrophe nucléaire. Les inondations ayant menacé le moteur d’une centrale dans les environs.
Mais ce n’est pas tout. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. En Haïti comme aux Etats-Unis, le même questionnement : la menace écologique. Le réchauffement climatique.
L’état de dévastation environnementale, en grande partie de la main de l’homme. Chez nous les ressources forestières utilisées de manière anarchique, les mornes dénudés comme la peau d’un chien galeux ; là-haut l’augmentation de concentration de certains gaz dans l’atmosphère (CO2), le gaspillage des ressources énergétiques, bref l’american way of life.
Non, l’Américain n’ignore pas le mot ouragan, mais c’est bon pour Haïti, la Jamaïque, Cuba et à la rigueur la Floride, la Louisiane, mais tout de même pas les Etats fondateurs, l’empire du milieu, tels New York et New Jersey, voire la Virginie, la Pennsylvanie ou le Massachusetts.

Il neigera à Port-au-Prince …
Aussi Sandy est-elle reçue comme un avertissement solennel. Trop c’est trop. Bientôt il neigera à Port-au-Prince. Et le café poussera dans le Colorado.
C’est en tout cas ainsi que le reçut le maire de New York, Michael Bloomberg, qui changea aussitôt d’avis concernant la présidentielle du 6 novembre et annonce au lendemain du passage de Sandy qu’il votera pour Obama parce que le président sortant est plus sensible aux problèmes climatiques que son challenger républicain Mitt Romney.
Pour finir la coopération internationale a aussi son mot à dire. La France voudrait porter secours aux Etats-Unis.
Après les ravages de Katrina en Louisiane, le Venezuela et aussi Cuba avaient offert leur aide.
Cuba, petit pays, est cependant l’un des plus spécialisés au monde dans le post-désastre.  
En Haïti, nous sommes aussi sensés avoir une bonne longueur d’avance dans la question ouragan.
Nous aurions dû pouvoir aider aujourd’hui le ‘grand frère américain’ comme en 1779 en envoyant des troupes à la bataille de Savannah.

Toussaint et Dessalines …
De tous nous sommes donc les seuls à avoir autant reculé.
Dire que Toussaint Louverture aurait offert à Napoléon d’aller protéger la Louisiane alors que la France était sous pression pour la vendre aux Américains.
Et qu’on vient de découvrir que Dessalines aurait conçu le plan d’aller libérer les nègres esclaves en Martinique et Guadeloupe. Autre cause de son assassinat deux années seulement après la création de la première république noire indépendante.  

Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince