PETITE RIVIERE DE NIPPES, 2 Mars – Jean Claude Duvalier avait quelques réponses fin prêtes dont le fameux : ‘qu’avez-vous fait de mon pays ?’
Et il précise : ‘pendant mon gouvernement tout n’était pas rose mais il y avait moins d’insécurité et moins de misère.’
Cette déclaration devait probablement constituer l’arme secrète pour le conseil de défense de l’ex-dictateur qui comparaissait le jeudi 28 février écoulé devant la cour d’appel de Port-au-Prince pour répondre d’accusations de crimes contre l’humanité (arrestations et détentions arbitraire, disparitions, exécutions extrajudiciaires, massacres, bref tout ce qui constitue la panoplie des crimes du duvaliérisme) ainsi que de détournement de fonds publics. Au moins 100 millions de dollars emportés dans ses bagages au moment de son renversement par un mouvement populaire le 7 février 1986.
‘Je serai en droit de dire à mon tour : qu’avez vous fait de mon pays ?’ s’écrie l’inculpé avec à proximité son égérie (et probablement souffleuse) Véronique Roy.
Donc c’était le prix à payer avec ces dizaines de milliers de morts, disparitions et tristes départs pour un exil sans retour enregistrés pendant les trente années du régime le plus sanguinaire de l’histoire récente du continent.
Mépris de la vie de ses compatriotes …
Jean Claude Duvalier dévoile ici son mépris de la vie de ses compatriotes. Il ne pouvait en être autrement puisque c’était là la force du régime. A la moindre alerte, exécuter toute une famille (les Sansaricq, les Benoit, les Bajeux) ou tout un village (Cazale).
Jean Claude Duvalier n’a jamais entendu parler de Fort Dimanche sinon que comme une prison pour délinquants et trafiquants de drogue.
TI-MOUILLAGE, 10 Mars – Haïti pays de plages, pays de rêve, pays d’amour, dit la chanson. Et ce n’est pas faux si l’on regarde autour de nous avec des yeux moins aliénés par les problèmes du quotidien.
Nos plages sont encore immaculées et aux quatre coins du pays (Port Salut, Kabik, Labadie, Cormier, Côte des Arcadins, Grosse Roche, Anse d’Azur, Le Borgne etc).
Nous sommes les seuls ou presque dans les Antilles à avoir la mer turquoise.
Le nom Haïti signifie terre montagneuse, faite pour les moto-cross comme démontré en ce moment même par le mouvement ‘Ayiti bèl, Ayiti vèt.’
De plus tout un pays à reboiser, ce devrait être stimulant, non !
Mais mieux encore, des îles adjacentes parmi les plus célèbres de toute la terre : La Tortue (Tortuga), aujourd’hui encore le prétexte à une série cinématographique à 4 D (Jack, vous connaissez).
Et son alter ego, Morgan, anciennement Ile à Vaches.
La Mecque …
Que nous faut-il de plus pour être la Mecque touristique du moins de toute la zone Caraïbe ?
PORT-AU-PRINCE, 17 Mars – Tout le monde sait que pour les Etats-Unis la règle d’or en économie c’est laisser jouer la compétition en intervenant le moins possible.
Tandis que chez nous en Haïti notre premier mouvement c’est de placer des barrières, ce sont les règlements.
D’où le reproche qui nous est fait aujourd’hui (notation annuelle ‘Doing business’) que l’Etat haïtien met jusqu’à deux ans à légaliser la création d’une entreprise.
Alors que dans d’autres pays, y compris chez nos voisins de la République dominicaine, cela prend aisément quelques heures.
Cet aspect est plus que jamais vital aujourd’hui que toutes les économies ont besoin de rebondir pour émerger de la crise économique …
Et paradoxalement aussi avec les nouvelles technologies de la communication en constante évolution et qu’il faut gêner le moins possible dans leur avance inexorable.
Un téléphone cellulaire, nous affirment les experts, et alors que vous chérissez tant le vôtre ! - a une durée de vie d’une année à peine avant qu’une nouvelle génération plus performante ou une autre marque (Black Berry versus I-Phone ou Samsung) ne le descende de son piédestal.
Mathusalem ! …
Peut-on vouloir continuer à légiférer à tort et à travers (comme on en voit chez nous qui s’agitent aujourd’hui pour créer une nouvelle loi sur la presse comme si c’était ce qu’il y avait de plus urgent) ou bien maintenir des lois datant du ‘temps benmbo’ (autrement dit de Mathusalem) et espérer prendre le train des innovations, principal facteur du redécollage à notre époque ?
PORT-AU-PRINCE, 20 Mars – C’est toute la presse aussi bien nationale que internationale qui tombe aujourd’hui dans ces généralités.
Les chaines d’informations en continu par la force des choses. France 24, TV 5, CNN World News ou autres. Dans l’obligation de s’alimenter à différentes sources et différentes capitales du monde, l’information est présentée à l’antenne comme une mosaïque aux pièces disjointes.
Par exemple, vous avez trois informations le même jour à la Une. Les réfugiés syriens, la famine au Sahel et comme troisième titre, le nouvel album de David Bowie.
Et devinez lequel des trois intéresse le plus aussi bien le téléspectateur que le présentateur (rien qu’à voir la moue de ce dernier), c’est David Bowie effectuant son come back pour le plus grand bonheur des fans et médias occidentaux.
La famine au Sahel n’aura été qu’un hors d’oeuvre.
Comme des coqs de gaguère …
Chez nous en Haïti la même généralisation de l’information est au goût du jour. La nouvelle conception de l’objectivité journalistique revient pour le journaliste à mettre deux personnes face à face, comme des coqs de gaguère, et à les regarder s’entredéchirer sans aucune autre intervention que des questions spécifiquement destinées à les chauffer à blanc et de plus en plus.
Lire la suite : Une presse qui risque de profiter aux bourreaux !
PORT-AU-PRINCE, 5 Avril – La sécheresse et les ouragans diminuent les ressources alimentaires en Haïti.
C’est l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) qui lance le signal d’alarme.
En conséquence près de 1million et demi d’Haïtiens vivent une situation d’insécurité alimentaire aigue.
Cela à cause de la sécheresse et du passage l’année dernière des ouragans Isaac et Sandy.
Ceci est la version de l’humanitaire. OCHA.
Mais de la même façon qu’on parlerait de l’Argentine où des inondations viennent de faire une cinquantaine de morts. Comme une situation purement conjoncturelle. Un accident de parcours.
Ainsi le discours humanitaire ne dit pas toute la vérité.
‘Les agences onusiennes et les organisations humanitaires travaillent avec le gouvernement (haïtien) pour atteindre des centaines de milliers de personnes avec de l’assistance alimentaire.’
Et puis l’année prochaine, idem. Plus ça change, plus c’est la même chose.