JACMEL, 3 Octobre – Qu’est-ce que l’alliance Trump – Jovenel Moïse a fait pour les Haïtiens ? A quoi pouvait-on s’attendre connaissant le qualificatif odieux que l’actuel numéro 1 américain avait utilisé pour désigner notre pays avant même qu’on allait savoir que ce sont tous les gens de notre race, qu’il traite de la même façon.
Par conséquent aucun chef d’Etat haïtien qui se respecte (et qui respecte la fonction qu’il occupe) qui aurait accepté le rôle joué à cet égard par l’actuel occupant du palais national de Port-au-Prince.
C’est oublier la remarque du président Dumarsais Estimé (1946-1950), le président-bâtisseur, après que les Etats-Unis nous eurent refusé un crédit pour finir de payer la dette de l’Indépendance envers la France : ‘Heureux mécompte’ ! s’écria Estimé, ou Tant mieux, tant mieux ! avant d’organiser un emprunt interne qui permit d’achever le paiement de la fameuse Dette.
C’est une Histoire (avec un grand H) mais qui ne peut pas intéresser Donald Trump qui, disent tous les spécialistes (pardon les psychiatres !), n’est intéressé qu’à sa propre personne.
Est-ce le même jugement qu’il faudrait tirer pour Jovenel Moïse ? L’Histoire répondra mais en attendant son alliance avec Mr. Trump ne nous empêche pas d’être traité par l’actuel occupant de la Maison blanche avec une totale indifférence si ce n’est de la cruauté.
Personne n’est dupe à voir les initiatives prises actuellement en Haïti par les autorités américaines dans le domaine de l’épidémie du Covid-19 (distribution de quelques dizaines de respirateurs artificiels et autres démarches …).
Alors que les ravages de l’épidémie en Haïti sont bien moindres que partout ailleurs et que notre pays a besoin de bien d’autres choses pour se relever de sa position de pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental.
Mais le gouvernement américain se prépare uniquement à pouvoir dire que Haïti est suffisamment ‘safe’ pour pouvoir accueillir les quelque 60.000 bénéficiaires du TPS (statut de résidence temporaire accordé sous le président précédent Barak Obama à quelques-unes des victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui avaient pu fuir Haïti à cette époque).
Récemment un tribunal a tranché pour la fin de ce statut et que ses bénéficiaires doivent rentrer dans leur pays. Y compris donc avec les enfants qui ont pris naissance entre-temps et qui ont partant la nationalité américaine (?).
Mais le président Trump laisse le sentiment qu’il n’a rien à en blairer. Est-ce que son homologue Jovenel Moïse ose lui faire savoir que Haïti n’a pas encore les moyens pour recevoir ces dizaines de milliers de nos compatriotes, et que notre pays ne réunit, pour répéter les récents propos de l’Ambassadeur de France en Haïti à propos des élections projetées par le gouvernement haïtien : ni les conditions techniques, ni les conditions sécuritaires.
Ce serait amener la vache au taureau, offrir des milliers de vies en sacrifice aux gangs armés qui parcourent actuellement le pays massacrant tout sur leur chemin ?
Trop de Partis étouffent la Démocratie
PORT-AU-PRINCE, 25 Septembre - Peut-il exister une opposition sans des partis politiques pour formuler ses revendications auprès des dirigeants en place ainsi que des intervenants extérieurs ou communauté internationale ?
Mais le contraire aussi est vrai. Un trop grand nombre de formations politiques peut créer une cacophonie noyant totalement la Démocratie c’est-à-dire la voix du peuple, de la nation frappée soudain d’anomie (‘bêbê’) et conséquemment d’inexistence au plan souveraineté effective.
C’est le stade opposition zéro, c’est-a-dire quand celle-ci n’a plus aucun impact, son influence disparaissant sous le nombre. Celui où nous nous trouvons peut-être aujourd’hui.
Mais la bataille n’est pas terminée …
MIAMI, 15 Septembre – Le président Donald Trump se hâte de donner satisfaction à son électorat alors que la campagne pour la présidentielle du 3 novembre 2020 se fait chaque jour plus serrée.
L’anti-immigration est comme on sait un de ses thèmes de prédilection. Depuis son arrivée à la Maison blanche en février 2017, l’élu Républicain ne cesse de marteler aux oreilles de ses fanatiques : l’Amérique aux Américains !
On en connait les différentes étapes : l’arrêt radicalement de l’arrivée des caravanes de migrants sud-américains par la frontière avec le Mexique ; la construction à coups de milliards du fameux ‘Mur’ devenu le symbole de cette bataille ; le dossier DAKA (‘Defered Action for Childhood Arrivals’) ou ces ressortissants arrivés tout jeunes dans le pays et abandonnés sur place par leurs parents alors que ceux-ci étaient expulsés … et la question TPS (‘Temporary Protected Status’ ou Statut de Protection Temporaire).
Le lundi 14 septembre est sortie une décision judiciaire en vertu de laquelle les bénéficiaires du TPS pour 4 pays doivent faire leurs bagages et retourner dans leur pays d’origine.
Parmi eux plusieurs dizaines de milliers de ressortissants haïtiens (quelques 23.000 seulement en Floride, environ 46.000 dans tous les Etats-Unis) qui ont été admis dans ce pays au lendemain du séisme qui a détruit une grande partie d’Haïti le 12 janvier 2010, faisant pas moins de 200.000 morts.
Qu’est-ce que le TPS ?
Traduisez par ‘Statut de Protection Temporaire’, c’est une disposition relevant du président des Etats-Unis et qui permet à celui-ci, face à une situation d’urgence dans un pays étranger, de pouvoir accueillir des ressortissants de ce pays et leur offrir un abri … mais temporaire comme le nom le dit.
Le président Démocrate Barak Obama avait décidé, face aux dommages monstrueux, à la fois matériels et humains, laissés par le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti d’accorder le TPS aux Haïtiens qui ont débarqué aux Etats-Unis sans aucun visa réglementaire dans les mois qui ont suivi.
MIAMI, 10 Septembre – L’expression ne date pas d’aujourd’hui : ‘Fòk pèp la pran pouvwa a.’
Or s’il y a meilleur piège c’est bien celui-là : ‘Fòk pèp la pran pouvwa a.’
Car aucun peuple n’a jamais pris le pouvoir par lui-même ; c’est toujours un leadership, appelez-le : comité révolutionnaire, élite politique ou encore le guide suprême, ‘le grand timonier’ comme dans la Chine de Mao etc.
Par contre un peuple sans guide c’est exactement ce qui se passe dans les rues de Port-au-Prince et des autres grandes villes d’Haïti cette semaine : jusqu’à des écoliers qui gagnent les rues pour aller chasser leurs camarades des écoles privées de leurs classes et tout casser sans aucun compte à rendre.
Un peuple sans guide c’est (vous n’avez encore rien vu) des voisins qui s’en prennent les uns aux autres à coups de machettes sans rime ni raison, bref le peuple s’en prenant à lui-même comme dans une rage folle sans objet ni une cible définie.
Un suicide collectif !
Le seul gagnant devrait être le pouvoir contre lequel tout cela est censé se déchainer et qui voit au contraire ses forces soudain redoubler face à la débandade sans objet et sans objectif précis de la part de ceux qui exigent son départ mais qui dépensent au contraire toute leur énergie dans des exercices sans un but clairement défini, ‘Ekzèsis ponpye’ comme on disait dans notre enfance.
On ne peut pas jouer la même pièce tous les deux ans …
La politique est une affaire trop sérieuse pour être laissée à des enfants !
MIAMI, 4 Septembre – Toto Saieh a été assassiné en plein jour, en pleine rue (Lalue), le jeudi 27 Août 2020, et ses funérailles ont été chantées une semaine plus tard, le jeudi 3 septembre.
C’est tout ce que l’histoire retiendra.
Non ce n’est pas vrai, c’est scandaleux. Révoltant !
Dans le même temps un seul sujet occupe l’actualité nationale. Un autre assassinat : celui du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval. Les étudiants bloquent les rues, les avocats défilent épaule contre épaule, dans tous les coins du pays ; les protestations fusent de partout. Y compris du côté de l’international. BINUH (pour les Nations-Unies), et Core Group (ambassades étrangères) et en tête les bâtonnats de France et des Antilles.
Parce que l’assassinat de Me Monferrier Dorval est une affaire politique, c’est-à-dire impliquant directement la politique. Et telle que celle-ci s’exerce actuellement en Haïti. C’est-à-dire avec une épée de Damoclès toujours au-dessus de votre tête.
Vous mourrez à Fort Dimanche - Fort La Mort mais … c’est toujours de votre belle mort ! …
Donc Toto Saieh c’est pas politique. Donc sans importance. Rien qu’un meurtre de plus comme il s’en produit des dizaines par semaine dans l’Haïti d’un certain président Jovenel Moïse.
Et pourtant est-ce que de ce fait même, de cette attitude d’indifférence, et bien entendu indifférence coupable de la part des responsables, tout assassinat dès lors n’est pas politique et aucun qui soit plus politique qu’un autre ?