PORT-AU-PRINCE, 18 Novembre – Jusqu'au bout pas d'entente.
Or, légitime ou non, comment gouverner sans idées, sans finances : un pays brisé, économiquement, physiquement, moralement sinon dans ce que nos ancêtres nous ont appris : l'union. L'union fait la force. En créole, un 'coumbite' national.
Mais coumbite avec qui ? Une classe politique de plus en plus dominée par des gens de mauvaise foi. Comme ce candidat PHTK (ex-parti au pouvoir), directeur d'école de son état, déclarant en plein meeting électoral à Marigot (Sud-est) que si l'ouragan Matthew a fait tant de dommages c'est parce que le gouvernement de transition n'a pas renouvelé l'abonnement que l'ex-président Michel Martelly avait pris pour l'utilisation d'une machine qui bloquait l'arrivée des cyclones – ainsi que des tremblements de terre. N'est-ce pas que pendant les 5 ans de ce pouvoir, on n'a pas connu des catastrophes de ce genre !
On y perd son latin !
Sur le banc de touche ...
Or pourquoi ne pas persister dans la même direction quand les autres, les gens dits éclairés, les élites refusent quant à eux de se mouiller.
Bien entendu de peur d'être éclaboussés par l'audace des nouvelles classes montantes. Classes au sens de camarilla, mafia, 'zobop'.
Et comme il est trop tard pour choisir l'exil volontaire (Mr Trump entend bien nous barrer la route), alors on reste sur le banc de touche.
A attendre.
Quoi ?
La politique a horreur du vide. Comme vous-même encore l'enseignez.
Ce n'est plus : que le meilleur gagne mais le plus audacieux, voire le plus dégueulasse. Comme ce candidat PHTK de Marigot.
PORT-AU-PRINCE, 17 Décembre – Obama dit aux Américains de ne pas continuer dans la voie de la division comme c'est le cas depuis la dernière campagne électorale qui a mené à la nomination plutôt inattendue du milliardaire Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. 'A moins que nous changions, a dit le président sortant Barak Obama, nous allons continuer à être vulnérables aux influences étrangères parce que nous aurons perdu le sens de ce qui est important pour nous et que nous représentons comme nation.'
Le président des Etats-Unis a prononcé ces mots lors d'une conférence de presse, vendredi (16 décembre), après que les services de renseignements américains (CIA) eurent confirmé que la Russie s'est mêlée directement au dernier processus électoral américain en piratant les messages électroniques et cela, du moins on présume, au bénéfice du candidat Républicain aujourd'hui président élu Donald Trump.
Sans dire quelle forme prendront les représailles, Obama a promis que l'administration américaine fera les Russes payer pour ce qu'ils ont fait.
Mais on sait que le président Donald Trump a ridiculisé les informations rapportées par la CIA, créant un sujet de polémique (ainsi que de confusion) supplémentaire depuis son élection.
D'où la mise en garde d'Obama : la division est un blanc seing aux étrangers pour se mêler de nos affaires !
Et surtout, aurait-il pu ajouter, pour continuer à nous diviser à notre insu et contre nos intérêts.
Que réserve Trump pour Haïti ?
PORT-AU- PRINCE, 21 Décembre – Bien sûr l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump rappelle celle de Ronald Reagan en 1981. A la seule différence que Jean Claude Duvalier, lors président à vie d'Haïti, et ses proches (y compris sa nouvelle épouse, Michèle Bennett) célébrèrent au champagne la défaite de Jimmy Carter, le président des Etats-Unis qui avait forcé le régime dictatorial haïtien à libérer les prisonniers politiques.
Moins d'un mois après les élections américaines, la dictature procédait prestement, le 28 novembre 1980, à l'arrestation de tout ce que le pays comptait de personnalités actives dans les domaines médiatique, syndical et politique. Et tous furent expulsés manu militari.
Au Département d'Etat, à Washington, l'un des journalistes victimes de cette brutale répression s'entendit expliquer que contrairement à ce qu'ils espéraient, 'les Duvalier ne vont pas pouvoir rester au pouvoir.' Le travail commencé par Jimmy Carter ne changera pas sur le fond si les Duvalier refusent de faire ce qu'on leur demande : la tenue d'élections car la dictature à vie passe mal dans le nouveau contexte géopolitique.
Baby Doc et ses complices pensent qu'ils peuvent continuer à louvoyer comme ils le font depuis plus de 20 ans de pouvoir à vie, nous expliqua-t- on, mais aujourd'hui ce ne sont ni les Démocrates plus prudents ni les Républicains habituels mais ce sont des conservateurs qui ont une conception plus verticale du pouvoir. Ainsi que des rapports différents avec les pays dépendants, voire situés dans leur 'back yard' (arrière-cour). Le pouvoir républicain entend seulement qu'on fasse ce qu'il exige ... Or, aussi incroyable que cela pouvait sembler à l'époque, c'est l'administration Reagan qui en effet envoya l'avion pour l'expulsion de Baby Doc du pays le 7 février 1986. Sans qu'on ait pu savoir jusqu'à date quelle est la véritable raison qui avait conduit la Maison Blanche à ce choix.
Haïti vers une nouvelle forme de pouvoir 'à parti unique'
PORT-AU-PRINCE, 31 Décembre – C'est l'étonnement. Puis le choc. Que veulent-ils faire ?
Comment un seul parti politique peut-il prétendre conduire le pays vers la sortie de sa tragédie actuelle ?
En effet, après s'être classé en tête, et de loin (55,6% des votes), pour la présidentielle, avec Mr Jovenel Moïse, candidat du PHTK de l'ex-président Michel Martelly, et aussi d'un certain secteur des milieux d'affaires, voici les mêmes en position pour arracher la majorité dans les deux chambres du Parlement, majorité plus que totale chez les députés, et plus que fonctionnelle au Sénat.
Exécutif et Législatif aux mains tous les deux de, disons, puisqu'il faut bien rechercher un visage à une réalité aussi nouvelle : Michel Martelly et Co.
A la fois, maitre chanteur, maitre danseur ! Fêtes de fin d'année oblige.
Même si on nous répète à satiété que les résultats ne doivent être considérés comme définitifs tant que l'organisme électoral n'en a fait la proclamation, mais vu le nouveau tournant pris avec les résultats des législatives qu'on vient d'annoncer, même pour les plus optimistes des contestataires, apparemment les carottes sont cuites.
Difficile de continuer à s'opposer par les voies électorales préétablies (bureaux du contentieux, de plus également gérés par le même conseil électoral) ni de répondre aux appels à respecter le décret électoral, sans avoir le sentiment que c'est du temps perdu et que désormais le sort en est jeté.
On pense que l'opposition elle aussi est sous le choc face à cette perspective quand même troublante d'un seul petit secteur détenant, officiellement, tous les pouvoir (exécutif, législatif et autres).
MIAMI, 29 Janvier – La question de l'investiture du président élu Jovenel Moïse commence à devenir cruciale.
Pas seulement à cause de l'épée de Damoclès de l'investigation pour cause de blanchiment des avoirs par devant le juge d'instruction Brédy Fabien mais serait-ce à cause du temps nécessaire, on est à une semaine (8 jours) du 7 février 2017 et rien n'est encore en place.
Le comité d'investiture du candidat déclaré vainqueur des présidentielles réclame (porte-parole Lucien Jurat) un minimum de US$1 million pour l'organisation de l'événement mais encore faut-il s'assurer que celui-ci aura lieu.
Un groupe de 4 sénateurs recommande que la question de blanchiment soit tranchée légalement avant l'investiture, pour être certain que la nation ne va pas en payer les conséquences avec un quelconque boycott de la part des institutions internationales de financement hésitant à négocier avec un président qui aurait de pareils soupçons à son encontre.
Le juge Fabien a donc une responsabilité des plus lourdes.
Le facteur quorum ...
Le président élu a l'assurance que la majorité parlementaire et lui-même appartiennent au même secteur politique, le PHTK ou Pati Ayisyen Tèt Kale fondé par l'ex-président Michel Martelly.
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