PORT-AU-PRINCE, 28 Mai – Deux probables candidats aux futures présidentielles haïtiennes (normalement dans 5 ans : 2021) semblent s'affronter mais à distance, ce sont l'ex-président Michel Joseph Martelly et son ex-premier ministre Laurent Salvador Lamothe.
Les deux ont choisi pour ce faire un panel international.
Martelly a pris la parole au Palais des Nations Unies (Genève) dans le cadre de la session du Comité sur l'innovation, la compétitivité et les partenariats public-privé.
'En tant qu'ancien président, j'ai toujours consacré tous mes meilleurs efforts pour tenter d'éradiquer la pauvreté (...). La pauvreté bloque l'accès aux besoins fondamentaux comme l'éducation, la nutrition et la santé pour n'en citer que quelques-uns ...'.
Se disant motivé par la recherche d'une 'durabilité globale', parmi ses réalisations dans ce domaine, l'ex-président Martelly mentionne le Psugo (programme universel gratuit et obligatoire de scolarisation).
En affirmant : 'Au début de l'année scolaire 2011-2012, un contrat de service a été signé avec de nombreuses écoles privées qui ont bénéficié à plus d'un demi-million d'étudiants. Au cours de l'année suivante, le programme a été élargi pour inclure le double d'écoles participantes et d'étudiants bénéficiaires. Les résultats sont encourageants car il y a une nette amélioration du taux de réussite scolaire.'
Nous ne nous attendions pas que l'ex-président procède de lui-même à une analyse critique du Psugo, vu que ce dernier semble devoir lui servir de fer de lance lors des prochaines compétitions présidentielles.
De son côté, l'ex-premier ministre Laurent Lamothe a choisi aussi une tribune internationale. Il s'agit du sommet Transform Africa 2017, lors d'une session sur les immenses possibilités de l'internet et de la mise en réseau des services ou connectivité, et rencontre présidée par ni plus ni moins que le président universellement acclamé du Rwanda, Mr Paul Kagame.
Laurent Lamothe, chairman de la compagnie GVG (Global Voice Group), voit dans ces nouveaux outils technologiques la clé pour une stratégie globale et dynamique de développement aussi bien en Haïti que dans les pays d'Afrique.
Cependant ces interventions de nos deux ex-dirigeants seraient passées inaperçues s'il n'y avait un article de Réseau Citadelle (ré
Titre : 'De 2013 à 2017, Haïti est passée de 'GO' à 'NOT TO GO'.
Pour l'auteur de l'article, un certain Cyrus Sibert, en sa qualité de premier ministre, Laurent Lamothe avait pu changer l'image d'Haïti dans le monde et relancer le tourisme, première étape vers le retour tant souhaité des investissements.
Alors qu'aujourd'hui, le Département d'Etat américain vient de rappeler à ses ressortissants d'éviter Haïti sauf en cas de nécessité.
En même temps que l'Etat haïtien est en faillite et vient d'augmenter les prix du carburant à la pompe. Concluant aussitôt : toujours le peuple qui paie les pots cassés !
Alors que, selon l'article, grâce à la 'diplomatie d'affaires' du PM Laurent Lamothe, le Département d'Etat avait atténué ses remarques sur Haïti dans ses fameux 'Travel Warnings.
Il semble aussi qu'à la même époque, la section Voyage de Fox News (chaine internationale américaine de télévision) avait placé Haïti sur sa liste 'GO, donc une destination touristique à part entière.
Alors qu'aujourd'hui nous sommes retombés dans le 'NOT TO GO' (N'y allez pas).
Mais là où cela devient intéressant, présageant des combats à venir, c'est lorsque Cyrus Sibert mentionne les ennemis politiques de Mr Laurent Lamothe, ceux d'hier et d'aujourd'hui.
Mais revenons d'abord à la prestation de l'ex-président Martelly au Palais des Nations Unies, à Genève.
Michel Martelly ne fait pas seulement l'apologie de ses réalisations d'hier à la tête du pays mais il parle aussi dans les meilleurs termes possibles et imaginables de l'administration actuelle, présidée par le candidat qu'il avait lui-même désigné pour être son successeur.
'Dans ses efforts de gouvernance économique, sociale, politique et territoriale, j'aime croire que les rênes de l'administration actuelle sont en de bonnes mains' dit celui qui demeure jusqu'à nouvel ordre le chef du parti au pouvoir, le PHTK ou Parti Haïtien Tèt Kale.
Poursuivant : 'Malgré les obstacles, la République d'Haïti projette aujourd'hui une meilleure image des opportunités d'affaires dans les domaines où des investissements peuvent être réalisés dans des programmes ou des projets majeurs ...'.
Par conséquent, exactement le contraire de ce que rapporte le camp de l'ex-premier ministre sous la même administration, Laurent Lamothe, mais avec la différence que c'est une fois celui-ci parti (forcé de partir) du gouvernement (décembre 2013) que les forces du mal ont (auraient) repris le dessus, et celles-ci continuent de sévir aujourd'hui sous la présidence du successeur de Michel Martelly, le président Jovenel Moïse.
'On peut continuer à se bercer d'illusions en s'imaginant pouvoir redresser le pays alors que des gangs criminels influents continuent d'opérer en toute quiétude avec des hommes armés à la tête des réseaux de contrebande.'
Tandis que l'ex-premier ministre Lamothe revendique d'avoir pu mettre au contraire ces derniers au pas, 'sans tenir compte des noms de famille comme Brandt ou de clans comme Base Galil.'
Ou encore et, semble-t-il, à l'adresse de l'actuelle administration : 'Ce n'est pas possible de vouloir changer Haïti en acceptant que des amis ou des partisans échappent à leurs obligations fiscales ou douanières.'
Enfin, selon 'Réseau Citadelle' ce sont bien entendu d'abord ceux-là qui ne voudraient pas d'un retour de Laurent Lamothe à la tête des affaires de l'Etat.
Voici donc d'ores et déjà face à face les deux clans Martelly et Lamothe en vue des prochaines présidentielles.
On devine qu'il y a encore d'autres candidats, peut-être aussi puissants, qui peaufinent aussi dès à présent leurs atouts.
L'avenir dira le reste.
Cependant on aura remarqué aussi l'usage qui est fait des forums internationaux. Est-ce à dire que la communauté internationale continuera à jouer un rôle toujours aussi décisif dans le choix de nos dirigeants comme ce fut le cas particulièrement en 2011 pour l'élection du président Martelly, et comme en 2015-2016 pour celle de son successeur et dauphin Jovenel Moïse ?
Haïti en Marche, 28 Mai 2017