A nos révolutionnaires de salon ... numérique !
PORT-AU-PRINCE, 18 Novembre – Jusqu'au bout pas d'entente.
Or, légitime ou non, comment gouverner sans idées, sans finances : un pays brisé, économiquement, physiquement, moralement sinon dans ce que nos ancêtres nous ont appris : l'union. L'union fait la force. En créole, un 'coumbite' national.
Mais coumbite avec qui ? Une classe politique de plus en plus dominée par des gens de mauvaise foi. Comme ce candidat PHTK (ex-parti au pouvoir), directeur d'école de son état, déclarant en plein meeting électoral à Marigot (Sud-est) que si l'ouragan Matthew a fait tant de dommages c'est parce que le gouvernement de transition n'a pas renouvelé l'abonnement que l'ex-président Michel Martelly avait pris pour l'utilisation d'une machine qui bloquait l'arrivée des cyclones – ainsi que des tremblements de terre. N'est-ce pas que pendant les 5 ans de ce pouvoir, on n'a pas connu des catastrophes de ce genre !
On y perd son latin !
Sur le banc de touche ...
Or pourquoi ne pas persister dans la même direction quand les autres, les gens dits éclairés, les élites refusent quant à eux de se mouiller.
Bien entendu de peur d'être éclaboussés par l'audace des nouvelles classes montantes. Classes au sens de camarilla, mafia, 'zobop'.
Et comme il est trop tard pour choisir l'exil volontaire (Mr Trump entend bien nous barrer la route), alors on reste sur le banc de touche.
A attendre.
Quoi ?
La politique a horreur du vide. Comme vous-même encore l'enseignez.
Ce n'est plus : que le meilleur gagne mais le plus audacieux, voire le plus dégueulasse. Comme ce candidat PHTK de Marigot.
Le peuple veut la démocratie ...
Messieurs et dames, il n'y aura plus de 1986 (renversement de la dictature trentenaire, lorsque tout paraissait possible). Certains se comportent comme si c'était le cas. Certains et non des moindres. Le peuple ne veut plus la révolution, voire le 'dechoukaj'. Le peuple veut la démocratie. Ce n'est pas pareil. Il n'entend plus céder aucune des libertés qu'il a conquises. Tenez vous le pour dit. De quelque côté de la barricade qu'on se positionne.
Et, pour répéter De Gaule, 'tout ce qui grouille, grenouille, scribouille', n'est plus dans la note.
Ces gratteurs de papier, version numérique, qui continuent à appeler 'Aux armes citoyens !', selon lesquels élections signifie trahison, mais que personne n'écoute, parce que l'instant n'est pas aux beaux discours mais à l'action.
Et l'action ce n'est pas jouer les Dessalines de carnaval mais c'est mettre en pratique l'idéal que celui-ci nous a prêché, l'idéal de Vertières que nous célébrons justement ce vendredi 18 novembre, 213e anniversaire de la victoire des anciens esclaves de Saint Domingue contre la force d'intervention envoyée par Napoléon pour rétablir l'esclavage dans la colonie la plus prospère de son royaume, or idéal dessalinien qui se traduit aujourd'hui non pas en 'coupez tête brûlez cailles' comme le veulent encore (même inconsciemment) les disciples d'un Papa Doc, le bourreau des élites claires de Jérémie, mais idéal traduit en un mot : l'union fait la force.
L'union fait la force, en dehors de quoi point de salut dans un petit pays brisé à la fois économiquement, physiquement, moralement.
Seul moyen de prévenir les ruses ...
L'union fait la force comme seul moyen de prévenir les ruses des grandes institutions internationales avec leurs cadeaux empoisonnés.
Annulation de la dette extérieure pour toujours plus vous enchainer dans la dépendance (oui le mot n'est pas trop fort) esclavagiste.
Comme la décision de contraindre le gouvernement haïtien à annuler un contrat aussi intéressant comme celui avec une banque de Pékin pour l'agrandissement plus que nécessaire de l'aéroport international de Port-au-Prince.
Malgré tout, nos grands 'save' (terme créole mais péjoratif pour dire intellectuels) ne bougent toujours pas sur leur banc de touche.
Ils sont à contre-courant de l'Histoire. Non seulement les conditions ne sont pas réunies pour la révolution mais ils ne font rien pour cela, révolutionnaires de salon (!), en version numérique bien sûr, mais le peuple aussi est au numérique, donc on ne peut l'étonner de ce côté.
Quand il (le peuple) ne domine pas mieux que nous tous ces nouveaux réseaux de communication (les What'sapp, sms et autres).
Or qui dit communication dit démocratie.
C'est pour avoir mal géré la communication que les Etats-Unis ont eu la surprise Donald Trump.
Papa Doc n'aurait pas lieu ...
Si la communication était comme aujourd'hui aux mains de la population jusque dans les moindres recoins de notre pays, Papa Doc n'aurait pas lieu.
En 1986 aussi, What'sapp n'existait pas. Ni même en 1990.
Avis donc à nos cadres politiques (comme ils aiment à se définir) qui restent sur le banc de touche attendant une impossible révolution, c'est à dire un quelconque événement qui viendrait bouleverser la donne comme par magie.
C'est déjà fait, s'ils ne savent pas. Et cela s'appelle la démocratie. Mais qui ne marche pas sans la participation de tous. Et la recette du succès pour un petit pays comme le nôtre brisé économiquement, physiquement, moralement s'appelle, par delà les différents degrés d'éducation ou de fortune, l'union fait la force. 'Tèt ansam'.
Sinon bienvenue pour 5 nouvelles années de perdu. Quel que soit le vainqueur des urnes.
Mais dans 5 ans, il n'existera même plus de banc de touche où poser ses fesses.
Haïti en Marche, 18 Novembre 2016