OEA magouille !
PORT-AU-PRINCE, 21 Juin – OEA ‘fake’, OEA magouille ce sont les mots sur toutes les lèvres après la visite d’une délégation de l’organisation hémisphérique (OEA / Organisation des Etats américains) pour rencontrer les protagonistes de la crise politique qui fait rage dans notre pays depuis plusieurs mois.
Délégation conduite par l’actuel président du conseil permanent de l’organisation, l’Américain Carlos Trujillo.
Or voici qu’on apprend que contrairement aux principes, la délégation de Mr Trujillo n’a pas reçu l’aval du conseil permanent de l’OEA pour sa visite en Haïti.
Il n’y a pas eu rencontre ni délibération au conseil permanent à ce sujet, c’est une décision unilatérale du représentant des Etats-Unis … et du Secrétaire général Luis Almagro.
Cela en réponse à une invitation du ministre haïtien des Affaires étrangères, Bocchit Edmond.
LA VALLEE DE JACMEL, 10 Août – On se plaint qu’il n’existe pas de salles de cinéma en Haïti, les dernières ont disparu avec le séisme du 12 janvier 2010, mais est-ce une si grande perte quand on sait ce qui se produit aujourd’hui comme oeuvres cinématographiques ?
Jusqu’à Miami que ce ne sont que de très jeunes qui se bousculent à l’entrée des salles.
Celles-ci pourvues certes de toutes les dernières trouvailles en matière technologique. Car le cinéma aujourd’hui n’est plus ce qu’il était.
Fini le temps où l’on se bousculait au Rex, au Capitole, à l’Impérial ou au Triomphe pour les dernières œuvres des metteurs en scène français Claude Chabrol ou Costa Gavras (L’Aveu) ou américains Francis Ford Coppola ou Georges Lucas (Star Wars), aujourd’hui le cinéma n’est pas une affaire de savoir bien raconter une histoire (la Guerre du Vietnam est déjà loin et l’Espace est colonisé depuis belle lurette, le président Trump ne déclare-t-il pas que Mars sera bientôt habité … par les Américains bien sûr, America first !), le cinéma nouveau, qu’il ne faut pas comprendre avec le nouveau cinéma comme on disait nouveau roman qui signifie une révolution dans le domaine, l’œuvre cinématographique aujourd’hui est davantage le produit d’une compétition à coups de trouvailles technologiques : les multiples possibilités que procure le montage numérique passant avant le fait culturel cinématographique proprement dit.
Or ce sont les grandes compagnies (‘Majors’) qui font la distribution dans les métropoles ou plutôt mégapoles comme Miami.
Aussi faut-il attendre leur passage à la télé - européenne (de préférence) - pour voir les deux derniers films de Raoul Peck : ‘Young Karl Marx’ et ‘I’m not your negro’ sur la vie et l’œuvre de l’écrivain afro-africain James Baldwin.
Fini le temps où aux Etats-Unis la télévision publique (PBS) ou la chaine BRAVO passait des chefs d’œuvres culturels (musique, danse, cinéma …).
Cela a diminué depuis que l’administration fédérale, sous l’influence des élus Républicains, a décidé de réduire les subventions nécessaires.
Quant à la télévision en Haïti, elle ne possède pas les droits de reproduction.
Cette redirection de l’art cinématographique vers la primauté du technologique est peut-être l’une des causes aussi de l’arrêt observé dans une production cinématographique haïtienne naissante.
Y compris à l’extérieur (Etats-Unis, Canada).
L’une de nos vedettes ne s’est-elle pas reconvertie dans la politique. C’est Nice Simon, aujourd’hui mairesse élue de Tabarre.
Le Ciné Institute de Jacmel fait de moins en moins parler de lui.
Lire la suite : La Culture haïtienne est-elle aussi en voie de disparition ?
PORT-AU-PRINCE, 19 Octobre – Il y a peu Haïti appartenait à une multitude d’organisations internationales.
Nous citerons au hasard la Caricom, l’Alba, les ACP (pays d’Afrique, Caraïbe et Pacifique), ACP-UE, outre les organisations affiliées de l’ONU (FAO, FIDA ou Fonds international de développement, l’OMS, l’UNESCO etc).
Où sont-elles toutes passées ?
Aujourd’hui nous sommes carrément bloqués entre l’ONU, l’OEA (Organisation des Etats américains) ... et bien sûr Washington, ce dernier étant devenu notre passage obligé en tout et pour tout.
Cela bien sûr grâce au président actuel, Jovenel Moïse et à sa diplomatie, qu’on dirait totalement ‘vendue’ à l’actuel président américain Donald Trump.
Voici que le chancelier haïtien, M. Bocchit Edmond, vient d’adresser une supplique (directement) au Secrétaire d’Etat américain, l’honorable Mike Pompeo (pardon ‘Michael Richard Pompeo’) pour lui demander une aide alimentaire d’urgence parce que ‘la situation en matière de sécurité alimentaire s’est gravement dégradée sous l’effet de la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois.’
Formule qui dégage bien entendu son patron de toute responsabilité.
Selon le quotidien local ‘Le Nouvelliste’, la lettre du ministre des affaires étrangères haïtien (en date du 11 octobre 2019) préciserait ‘une aide d’urgence et un support logistique de votre pays’ pour sa distribution à travers notre pays.
Les opposants n’ont pas manqué de souligner que c’est un prétexte que tente d’utiliser le pouvoir en place pour provoquer une intervention militaire américaine étant donné que le protégé du président américain Donal Trump a épuisé toutes ses armes pour tenter de mater la crise politique qui fait rage exigeant son départ après deux ans et quelques mois à la tête du pays sur un mandat de 5 ans mais où rien de ce qu’il avait promis n’a été accompli.
Cependant arrêtons nous au simple fait que c’est à Washington que le président haïtien adresse ce genre de requête, qui ordinairement concerne plutôt les institutions des Nations Unies destinées à cette fin, soit la FAO (organisation pour l’alimentation et l’agriculture) ou le PAM (programme alimentaire mondial) etc.
Est-ce par flatterie, ce qui est le plus probable ou parce que nous avons coupé les ponts avec toutes les entités internationales pour remettre aujourd’hui notre sort entre les seule mains du président Donald Trump qui, entre nous, a aujourd’hui d’autres chats à fouetter - suivez la chronique washingtonienne sur le dossier du procès en destitution que les Démocrates du Congrès s’apprêtent à lancer contre lui !
PORT-AU-PRINCE, 29 Octobre – Jovenel Moïse, crie-t-on de partout, doit remettre sa démission.
Mais à qui le président de la République doit-il remettre sa démission ?
La Constitution haïtienne prévoit-elle cette éventualité ?
Oui, tout élu peut remettre sa démission. Quant au président de la République, il sera aussitôt remplacé par le plus ancien juge de la Cour de cassation, ou par le vice-président de cette cour ou par le juge le plus ancien.
Par conséquent si Jovenel Moïse décidait de partir, il n’aurait aucune difficulté.
Mais l’intéressé a dit qu’il n’a pas l’intention de démissionner, malgré la demande pressante provenant de pratiquement tous les secteurs du pays.
Cependant ces derniers n’ont pas l’intention de renoncer non plus à leur requête.
Donc à qui Jovenel Moïse doit-il remettre sa démission ?
Comme le président refuse de céder aux appels de la nation, faut alors une force supérieure pour le convaincre de partir.
Et comme le peuple souverain ne semble pas avoir l’intention d’enfoncer les portes du palais national pour aller l’en tirer comme cela se faisait au temps ‘lontan’ (traduisez, jadis) ...
Alors quelle peut être cette troisième force (nous n’avons pas dit ‘troisième voie’ !) ?
La communauté internationale ?
Doucement ! Revenons un peu en arrière. Que nous dit l’Histoire ?
Le président à vie Jean Claude Duvalier n’a pas attendu que l’ambassadeur américain vienne au palais national le prier de partir, Baby Doc sentant le moment venu, a remis sa lettre de démission à une commission civilo-militaire avec à sa tête le commandant en chef de l’armée, le général Henry Namphy.
MIAMI, 25 Avril – Cela commence par un mensonge. Un demi-mensonge : savoir que sous la dictature Duvalier la sécurité était totale.
Nous ne parlons même pas des victimes pour raisons politiques, non mais sous Baby Doc Duvalier l’insécurité était plutôt dissimulée.
Etant donné que sa cause principale est la pauvreté et que celle-ci a toujours existé, hier comme aujourd’hui, avec des pics comme c’est aujourd’hui le cas sous un pouvoir où, aujourd’hui comme hier, la corruption est la règle.
Insécurité dissimulée comment, direz-vous ? Eh bien sous Baby Doc (1971-1986), la capitale était divisée - quoique c’était pas la première fois il est vrai - entre le haut de la ville, allant cependant jusqu’au Bicentenaire (Cité de l’exposition où tout le monde continuait à aller se promener le dimanche soir) et disons jusqu’au niveau du bidonville de Cité Soleil (lors Cité Simone Duvalier).
On pouvait s’apercevoir de la différence les jours de fête nationale quand le bas peuple était appelé à courir dans les rues derrière le cortège présidentiel et que le président à vie envoyait des poignées de monnaie par les fenêtres du véhicule.
Puis une fois le parcours présidentiel terminé, la masse était refoulée dans ses pénates à coups de bâton.
Il en va ainsi jusqu’à la chute de la dictature le 7 février 1986.
Et que, selon un nouveau dicton, le peuple ait pris ‘son’ pouvoir !
Les barrières qui isolaient Cité Soleil et autres quartiers dits populaires (Fort-Dimanche, La Saline et autres) du haut de la capitale, ont alors sauté - automatiquement.
La grande masse se répandit partout. A la recherche du pain quotidien.
En premier lieu, dans l’ancien quartier commercial, le bas de la ville de Port-au-Prince.
Celui-ci commença aussitôt à déménager. D’abord les grandes bijouteries et les magasins d’articles de luxe.
Direction : Pétion-ville.
Jusqu’ici banlieue chic où les riches familles avaient leur résidence secondaire, Pétion-ville changea pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui : un Port-au-Prince 2 ou principal chef lieu économique du pays.
Mais le changement ne faisait que commencer. Poussé par la nouvelle dynamique politique, et celle-ci caractérisée aussitôt par son instabilité. Et de plus en plus poussée, folle.
Les chefs militaires, succédant à la dictature, n’arrivent pas à s’entendre, ni avec les civils, ni même entre eux.
Après le règne des généraux, vient celui des ‘petits soldats’.
La masse longtemps contenue, comme on a vu, continue à gagner du terrain, au sens littéral. Du haut des montagnes dominant la capitale (depuis le fameux ‘Jalousie’, vivant souvenir de nos fanaux de Noel après le coup de pinceau fantaisiste d’un certain président Michel Martelly) jusqu’au bord de mer, partout apparaissent de nouveaux bidonvilles certains au nom presqu’ironique de Cité Libète, Village de Dieu etc.