PORT-AU-PRINCE, 15 Mars – Jovenel Moïse demande une intervention militaire internationale.
L’information est tombée ce lundi 15 mars par un Tweet du Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, disant que le président haïtien Jovenel Moïse a formulé une demande pour ‘un fort appui technique de la part de l’Organisation en matière de sécurité.’
Voilà ! Cela se traduit en un mot : le président haïtien fait appel à une demande d’intervention internationale pour pouvoir contrôler la situation.
Quelle situation, me direz-vous ? Haïti ne fait pas face à une révolte populaire. Ni à une guérilla.
Cependant le vendredi 12 mars écoulé, la Police nationale, et sous les ordres du pouvoir en place, a envoyé des unités spécialisées dans un bidonville de la capitale pour mater des bandes armées responsables de nombreux meurtres, pillages et kidnappings quotidiennement mais les malheureux policiers se sont fait massacrer par leurs adversaires.
Cela s’est passé dans un quartier dit populaire dénommé Village de Dieu, qui a, ces dernières années, abrité des victimes de kidnapping contre rançon.
Jusqu’à présent les autorités s’étaient montrées plutôt indolentes, indéterminées face à la généralisation du banditisme, cela malgré les nombreuses manifestations populaires condamnant cette nouvelle culture de l’insécurité et surtout du kidnapping qui s’installe dans notre pays.
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Un week-end fécond mais un casse-tête nommé Haïti
SANTO DOMINGO, 6 Mars – Nous n’avions pas survolé la République dominicaine, notre voisine territoriale, depuis plus de dix ans. Vu d’avion, rien ne semble avoir changé. Toujours l’impression d’un pays moins ravagé par la main de l’homme que le nôtre, plutôt soumis aux conditions climatiques régionales : exposition aux ouragans, périodes de sécheresse plus longues et autres conséquences de ce qu’on appelle le réchauffement climatique. Bien sûr ce n’est pas la Suisse, ni même Cuba … mais il suffit de comparer avec notre Haïti, le pays voisin, qui ne mérite plus le nom d’île mais qui à vol d’oiseau, n’est que ce qu’il faut simplement appeler un ‘rocher’ égaré quelque part en mer des Caraïbes et on dirait presque irrécupérable !
Par contre, Santo Domingo, la capitale, nous apparait aujourd’hui plus fourmillante, une vraie ruche, un petit peuple déployant un trésor d’imagination pour gagner sa vie. Tout le monde a l’air de s’occuper. Certainement un plus grand sens professionnel qu’on ne voit aujourd’hui chez nous en Haïti. Que ce soit dans la rue où chacun tente de vendre quelque chose à quelqu’un, que l’employé d’hôtel (hélas ceux-ci quasiment vides à cause de l’épidémie de Covid-19 qui a mis à l’arrêt le tourisme qui est la principale source de richesses nationales du pays). Cependant on n’a pas baissé les bras, vide ou pas, chacun est à son poste, et prêt à repartir même à zéro.
Cela dès l’atterrissage de notre vol, parti de Port-au-Prince une heure plus tôt. L’aéroport de Santo Domingo est méconnaissable tellement vide. Mais les services de réception fonctionnent comme une montre.
Et dès qu’on met le pied dans la ‘vieille ville’ c’est l’ambiance caribéenne, ‘meringue’. Malgré que tout le monde porte le masque anti-Covid contrairement à Haïti, l’air est vibrant. ‘Ambiante’ !
Première étape : la chancellerie, ou ministère des affaires étrangères ; drapeau dominicain avoisinant ceux de tous les autres pays du continent, y compris bien sûr le bicolore haïtien bleu et rouge.
Arnel Joseph ou l’homme qui en savait trop !
MIAMI, 26 Février – Arnel Joseph, le puissant chef de gang haïtien, a été abattu vendredi alors qu’il roulait à moto sur la route de Lestère (Artibonite), au nord de Port-au-Prince, la capitale.
Il s’était échappé seulement la veille, le jeudi 25 février 2021, du principal pénitencier du pays, la prison civile de la Croix des Bouquets (au nord de Port-au-Prince), lors d’une évasion qui a fait 25 morts, dont 6 prisonniers et les autres des membres de la population civile vivant dans le voisinage du centre de détention, mais où a aussi perdu la vie le directeur principal de la prison, l’inspecteur de police Paul Joseph Victor.
Outre quelque 400 détenus qui ont réussi à s’échapper.
Arnel Joseph, qui a été le chef de gang le plus recherché d’Haïti jusqu’à son arrestation, le 22 juillet 2019, dans un hôpital du sud du pays (Bonne Fin, près des Cayes) où il était soigné pour des blessures après un affrontement avec les forces de l’ordre - était resté apparemment puissant même en prison. Il avait tenté une première évasion, qui fut ratée. Mais il pouvait faire circuler de sa cellule des vidéos où il promettait à ses complices qu’il ne fera pas long feu derrière les barreaux. Sachant bien soigner son mythe, on le croyait même actif dans la campagne de kidnappings qui bat son plein dans le pays (près d’une dizaine d’enlèvements par semaine), mais c’est justement cette épidémie de kidnappings qui est derrière sa brutale élimination alors que depuis près d’une semaine deux techniciens d’une compagnie cinématographique dominicaine étaient gardés prisonniers quelque part dans la capitale haïtienne, sans aucune nouvelle d’eux ; or le nouveau président dominicain, Luis Abinader, a mis un point d’honneur à les ramener dans leur pays sains et saufs.
L’affaire de la villa à 4 millions de dollars d’un sénateur haïtien
MIAMI, 19 Février – Le scandale du sénateur haïtien Rony Célestin qui achète au Canada une maison pour plus de 4 millions de dollars soulève partout l’indignation, cependant un peu moins en Haïti même et on ne sait trop pourquoi. Serait-ce que notre pays soit devenu corrompu, sinon corruptible à ce point-là ?
Revenons au fait lui-même. Il y a une semaine le journal La Presse de Montréal rapportait l’achat d’une propriété à Laval (Québec) au nom d’un sénateur haïtien, Rony Célestin, pour la somme de 4.25 millions de dollars. La transaction a été réalisée en cash, sans un prêt hypothécaire. Ni par la vente d’une première maison détenue par le couple : Rony Célestin et son épouse Marie Louisa Aubin Célestin, employée au consulat haïtien de Montréal.
Peu après, le journal rapportait aussi que l’épouse Célestin avait accordé un prêt de 1,37 million à un certain Jean François Chataigne. Ce dernier devait lancer une entreprise avec Rony Célestin en 2020, selon les registres publics.
On ne sait ce qu’il en est advenu. Interrogé par le journal, Jean François Chataigne, haïtien naturalisé canadien, a déclaré que l’affaire était tombée à l’eau.
Plus d’un million de dollars ainsi passé par … pertes et profits.
Entre parenthèses, la nouvelle entreprise comprenait seulement comme membres : le sénateur Rony Célestin, l’associé haïtiano-québécois et la femme du sénateur faisant office, théoriquement, de secrétaire.
Bien entendu tous ces millions ont une seule origine : Haïti.
Finalement, selon La Presse, les investissements faits par le couple Célestin depuis un peu plus d’une année au Canada, totalisent 6,4 millions.
Interrogé par le journal canadien, l’avocat du couple, Alexandre Bergevin, a répondu par email que ses clients avaient fait fortune dans l’’importation de matériaux de construction et de carburant’.
MIAMI, 3 Février – Serge Gilles n’était pas un ami, ni un confrère ni un camarade de combat, on s’est rencontré un nombre de fois assez restreint et pourtant c’est une personnalité inoubliable.
Pourquoi ? Parce que dans la galerie des noms les plus célèbres de ces leaders débarqués au pays au lendemain de la chute de la dictature Duvalier (7 février 1986), Serge Gilles est peut-être celui qui frappe le plus par son humanité, sa sympathie naturelle, l’absence de tout désir de faire de vous immédiatement un adepte, ou comme disait De Gaule, un godillot.
Au milieu de tous ces monstres bien sûr sacrés comme les Père Antoine Adrien (sans concession sous son statut de bénédictin), Gérard Pierre Charles (cultivé et même sympa mais véritable stalinien au plan dialectico-politique) ou encore le Professeur Leslie Manigat : chargé de doctorats, brillant sans aucune comparaison mais ‘animal politique’ avant l’heure …
Serge Gilles ne fait apparemment pas le poids … et pourtant il est l’un des rares qui aient réellement pris les armes pour tenter de renverser le régime trentenaire. On dit qu’il était sinon dans la Sierra Maestra mais a séjourné à Cuba aux moments les plus difficiles traversés par la révolution, en tout cas la première fois que nous entendrons parler de Serge Gilles c’est quand débarqué en exil aux Etats-Unis, après la rafle du 28 novembre 1980, on rapporta un Haïtien qui a été arrêté au Canada parce qu’il transportait un chargement d’armes …
Nous n’avons pu nous empêcher de penser : encore un fou (!) sachant que le régime haïtien avait une protection sans failles du gouvernement des Etats-Unis.
Et puis le temps passa … puis quelque temps plus tard pour entendre que l’Haïtien en question avait été relâché par le Canada sur intervention spéciale du gouvernement français.
C’est Serge Gilles, un compagnon et un camarade politique pour les plus proches du nouveau président élu français, le socialiste François Mitterrand.
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