MIAMI, 14 Janvier – Un président si mal préparé qu'il ne peut même pas formuler les besoins de son pays.
Même les défenseurs de Mr Donald Trump qui admettent qu'il a mis à côté dans ses dernières déclarations dans le dossier de l'immigration.
« Pourquoi voulez vous m'imposer les immigrants de ces pays 'trou du cul' », s'exclame-t-il lors d'une rencontre à la Maison Blanche avec une délégation de sénateurs des deux partis, Républicain et Démocrate.
Désignant nommément, Haïti (ainsi que le Salvador).
Même les Néo-nazis en Allemagne qui n'oseraient s'exprimer dans un langage aussi crû dans leur combat avec la chancelière Angela Merkel, celle-ci pour avoir accepté de recevoir plusieurs milliers de réfugiés syriens.
En effet, Donald Trump mélange les questions d'immigration avec ses phantasmes personnels (les mots qui reviennent pour critiquer ses dernières déclarations sont : 'haineux, grossiers et racistes', et chez les plus virulents : 'white-supremacists', partisans de la suprématie de la race blanche, voire même pour certains : 'neo-nazis'), oui, Trump mélange ses sentiments de petits blancs frustrés (alors que ce n'est pas son cas mais c'est le secteur électoral qu'il cultive) avec une question d'immigration que d'autres pays, comme le Canada, par exemple, ont déjà mis en application.
C'est ce que le gouvernement canadien désigne par la formule : immigration choisie.
Recevant le premier ministre Justin Trudeau peu après son investiture (janvier 2017), Trump y faisait déjà allusion.
Cependant ses instincts profonds ('gut feelings') l'ont emporté lorsqu'il a voulu répondre aux sénateurs qui l'invitaient à régler, une fois pour toutes, tous les dossiers pendants sur l'immigration, dont le TPS (statut de résidence temporaire pour les Salvadoriens, Honduriens, Haïtiens et autres).
« Pourquoi voulez-vous m'imposer les immigrants d'Haïti, d'Afrique et de tous ces pays de merde ? »
Et d'ajouter, s'enfonçant ainsi totalement : « Pourquoi ne pas faire venir plutôt des gens de la Norvège. Ou des pays asiatiques, qui sont capables d'aider les Etats-Unis économiquement ? »
Bien sûr c'est aussitôt un branle-bas de combat dans tout l'univers Afro, tout ce qui a une goutte de sang africain : tout le continent africain mais aussi et d'abord toute la communauté Afro-américaine.
Retourner les insultes à notre avantage
MIAMI, 16 Janvier – Ce n'est pas seulement à cause de la violence de l'insulte proférée à notre égard par le président Donald Trump que vu l'immense mouvement de protestation auquel cela donne lieu, et sur plusieurs continents, que nous ne pouvons répondre de n'importe quelle façon.
Toute réaction de la part des Haïtiens, aussi bien officielle que privée, doit être proportionnelle à la nouvelle conjoncture soulevée.
Et spécialement en Haïti même.
Ce ne sont pas les discussions oiseuses sur les antennes, ni les manifestations 'de grenn gòch' ou improvisées à la hâte, qui conviennent au moment présent.
Au contraire tout ce qui n'a pas assez d'impact peut seulement vouloir dire que nous ne prenons pas l'insulte assez au sérieux et que nos réactions ne sont pas vraiment profondes et que ce sera vite oublié. Bref, comme disait l'autre, le peuple qui chante et danse sa misère ...
Après nous avoir traité de 'pays de merde', que disait le président Trump au lendemain devant les protestations soulevées par ses mots : « Je n'ai jamais dit que Haïti est un pays de merde. Je n'ai jamais dit 'Take them out', je m'entends très bien avec les Haïtiens. »
Et le président américain de poursuivre : tout le monde sait cependant que « Haïti est pauvre et que c'est un pays sujet à des troubles ».
Politiques, bien sûr.
Or justement, alors que Trump parlait ainsi une manifestation politique faisait rage dans la capitale haïtienne mais pour finir dans la désunion chez les parties prenantes.
Voilà donc notre instabilité politique prise comme excuse par le président du pays qui est censé avoir (et avoir eu) le plus d'influence sur notre politique. Trump retourne contre nous une instabilité dans laquelle Washington a une part de responsabilité probablement presqu'aussi grande que ... nos 'Comedians' (pour reprendre l'expression de Graham Green).
Il faut donc prendre garde à ne pas répondre à l'insulte en faisant étalage de la même instabilité.
A ne pas tomber dans le même piège. Comme toujours.
En un mot, Trump vient de mettre le doigt sur nos faiblesses en en énumérant les deux principales : la pauvreté et l'instabilité.
D'abord les deux conditionnent les réactions du gouvernement haïtien, que plus d'un considère comme manquant de punch, manquant de 'caractère' (comme dit le créole) devant la blessure à notre dignité nationale. Et raciale.
JACMEL, 27 Janvier – Avec aucun peuple le président Donald Trump n’est aussi dur dans son projet d’immigration qu’avec les Haïtiens.
La Maison Blanche vient de proposer un plan qui a beaucoup de chance d’être ratifié par le Congrès, offrant une possibilité de devenir citoyen américain à quelque 1 million 800.000 personnes en majorité faisant partie du groupe surnommé les Dreamers (jeunes sud-américains entrés aux Etats-Unis avec leurs parents mais ceux-ci ayant été expulsés, ont laissé sur place leurs enfants mineurs. Ces derniers ont grandi aux Etats-Unis, y ont été scolarisés, ne connaissant que ce seul pays). Beaucoup de secteurs, sans considération politique aucune, considèrent qu’ils méritent d’être des citoyens américains.
En échange, Trump réclame que le Congrès lui accorde 25 milliards pour la construction d’un mur devant empêcher l’immigration illégale par le Mexique.
Mais le président américain a d’autres exigences, et celles-ci nous touchent directement.
D’abord mettre fin au procédé dit de la ‘loterie’ par lequel le Département d’Etat offre chaque année quelques visas spéciaux permettant à leurs bénéficiaires d’obtenir la résidence permanente.
Les Haïtiens en ont très peu bénéficié, si l’on ne se trompe.
Secundo, récemment Haïti a été enlevée de la liste des 80 pays dont les citoyens peuvent obtenir des visas H-2A et H-2B permettant de travailler de façon saisonnière aux Etats-Unis notamment dans l’agriculture.
Malgré les arguments avancés par les services d’immigration, savoir que les participants haïtiens n’ont pas respecté les règles du jeu et qu’un trop grand nombre a essayé de rester aux Etats-Unis contrairement aux accords, la presse américaine souligne que moins d’une centaine d’Haïtiens ont bénéficié de ce visa, et qu’une évaluation montre que chaque ouvrier haïtien ajoute ‘4.000 dollars à l’économie américaine par mois.’
D’autre part les Haïtiens n’ont été acceptés à y participer qu’au lendemain du séisme qui a détruit la capitale haïtienne et d’autres régions du pays en janvier 2010 et après le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016.
Les ‘papys et mamies’ …
Cependant plus dur sera la suppression du procédé de la réunification familiale.
Dans le plan proposé au Congrès par la Maison blanche, il est proposé que celle-ci soit réduite seulement au conjoint et aux enfants mineurs.
C’est une disposition que l’on a déjà vu réduite d’année en année.
A commencer que tout enfant né aux Etats-Unis accordait automatiquement la résidence permanente aux parents.
Aujourd’hui c’est à la majorité que l’enfant peut exercer ce privilège.
Dans le cadre de la réunification familiale, le résident permanent peut faire venir non seulement le conjoint et les enfants mais aussi ses propres parents, ‘papys et mamies’ qui aident à l’éducation des enfants et aux tâches ménagères.
D’autre part, une fois devenu citoyen américain (ce qui est possible jusqu’ici après 5 ans de résidence permanente), l’on peut ‘appliquer’ aussi pour les enfants majeurs mais non mariés. Etc.
PORT-AU-PRINCE, 27 Février – L’information fait la une. Des camions bâchés et bien chargés alignés sur une plage, puis dans les rues d’une ville d’Haïti.
La ville côtière en question ce serait Marigot, département du Sud-est, à moins d’une heure de Jacmel ; et le chargement constitué de galets, de beaux galets bien ronds, polis naturellement. Et arrachés de la plage, rangés bien soigneusement en montagnes de cette hauteur, prêts à être embarqués pour …
Selon la rumeur, pour la République dominicaine, notre voisine avec laquelle nous partageons l’île.
Eh bien, voyez-vous ça, nos voisins dominicains viendraient se fournir en galets chez nous. Et massivement.
En effet, la façon dont c’est fait, on se dit tout de suite qu’il ne s’agit pas d’Haïtiens, car nous autres ne prenons pas la peine de travailler aussi proprement.
Nous quand on vole, quand on pille les ressources de notre propre pays, on ne s’embarrasse pas si on laisse nos empreintes, les traces de nos mains sales, comme le sont des mains de voleurs.
Voyez dans quelles conditions se fait le véritable assassinat (‘sasinay’) des mines de sable dans les hauteurs de Port-au-Prince, ou à l’entrée de la route de Jacmel par Léogane, ou sur la Nationale 1 (Route du nord).
Réduisant la montagne en un squelette hideux criant sa douleur n’ayant que les os sans la peau.
Revenons donc au nouveau pillage du jour. La ville côtière en question ce serait donc Marigot, village du Sud-Est du pays, actuellement très couru pour son climat super, entre la montagne vert bouteille et la mer cristalline.
Et ses galets quasiment uniques, d’une rondeur de sein de statue de Vénus et d’une blancheur de lait.
Pas sots donc les nouveaux pirates qui ont choisi de faire main basse spécialement sur cette partie de la fortune nationale.
Car il s’agit du trésor principal des îles de la Caraïbe (et non les mines d’or ni de radium) étant tout naturellement destinées au tourisme qui fait déjà la fortune de tant d’entre elles, dont justement notre voisine, la République dominicaine dont les revenus touristiques se chiffrent annuellement en milliards.
Ainsi donc, fiers de leur propre réussite, les Dominicains viendraient se fournir en galets sur les plages haïtiennes ?
C’est quoi ça ?
Premièrement, tout ce que le président haïtien nous raconte c’est donc du bidon.
PORT-AU-PRINCE, 13 Mars - Une grève des douaniers bloque totalement le pays.
Ou du moins cela devrait être le cas, dans un pays qui a une activité économique normale, or on a l'impression que l'actuelle grève n'existe que par la grande place qu'elle occupe dans les bulletins de nouvelles.
Et d'un.
Ensuite, c'est le calme qui existe dans des secteurs qui auraient dû être totalement renversés devant un pareil événement.
Deux semaines que rien ne sort ni n'entre dans toutes les douanes d'un pays, portuaires et aéroportuaires.
Or la grève qui est à sa deuxième semaine. poursuit son petit bonhomme de chemin.
Le gouvernement déclare avoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour convaincre les grévistes d'arrêter leur mouvement.
Les milieux d'affaires se contentent d'enregistrer les pertes que cela leur coûte mais sans mettre la pression ni sur les dirigeants ni sur les grévistes, comme si c'est une fatalité.
Les douaniers ont donc toute latitude pour faire monter la pression, sans aucune hésitation.
Drôle de grève.
Surtout dans un pays qui a connu il y a quelques mois la menace, oui seulement la menace d'un arrêt de travail dans l'industrie de la sous-traitance ; l'on vit toute la capitale prendre feu, les unités spéciales de la police mobilisées, le pouvoir en place, du président de la république au directeur du parc industriel monter à l'assaut pour mettre en déroute les syndicats ouvriers.
Que s'est-il passé en à peine quelques mois ? Le même pouvoir vient de célébrer sa première année en fonction mais dans une atmosphère économique plus morose que nous n'avons jamais connue depuis peut-être plus d'un demi-siècle.