MIAMI, 2 Mai – Nouvelle déception pour Taïwan. L’année dernière c’était déjà le Panama, cette fois c’est la République dominicaine, notre voisine, qui passe dans le camp diplomatique de Pékin, provoquant l’indignation de sa rivale et petite sœur ennemie, la République de Taïwan, dont la grande Chine continue de réclamer le droit de possession.
La nouvelle a éclaté mardi (1er mai) : ‘La République dominicaine a établi des relations diplomatiques avec la Chine populaire, Pékin arrachant ainsi un autre allié à Taïwan, qui ne peut compter désormais que sur la reconnaissance de moins d’une vingtaine de pays à la surface du globe,’ dont la République d’Haïti.
‘L’accord apportera d’énormes opportunités au développement de la République dominicaine’, s’est félicité le ministre chinois Wang Yi, évoquant un nouvel élan des relations entre la Chine et l’Amérique latine.
Comme on sait, les deux rivaux ne se tolèrent pas dans le même pays (comme dit un proverbe haïtien : ‘Deux bourriques ne braient pas dans les mêmes pâturages’), la reconnaissance de la Chine signifie automatiquement que Santo-Domingo rompt officiellement avec Taïwan. Et qui pis est, nie l’existence même de la République de Taïwan.
‘La République dominicaine reconnaît qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois’, a précisé à Santo Domingo le gouvernement du président Danilo Medina (bulletin AFP). Un préalable imposé par Pékin à tout Etat établissant des relations avec lui.
En échange, le pays financièrement le plus riche aujourd’hui de la terre est prêt à vous ouvrir largement son escarcelle.
JACMEL, 12 Mai - Haïti l'un des rares pays actuellement au monde sans une opposition véritable, nous voulons dire qui soit réelle et effective.
Et peut-être un cas unique dans ce qu'on appelle le monde démocratique.
Ce n'est pas qu'il n'y ait des leaders d'opposition. Aussi bien chez les élus parlementaires que dans l'opposition tout court.
Mais ce sont des leaders qui ne valent que par leur nom, leur nom propre (dans les deux sens du mot, du moins on veut bien le croire) et même pas celui du parti auquel ils sont censés appartenir.
Mais surtout pas en vertu du nombre de partisans qu'ils peuvent déplacer avec eux.
En un mot, des leaders sans troupes !
Pourtant ce ne sont pas les motifs qui manquent pour que se concrétise une opposition véritable.
Le pays n'avait jamais été aussi économiquement mal en point. Ni les dirigeants aussi dans l'incapacité de redresser la barre. On n'ose même plus utiliser le mot blocage, ni même blocage total, tellement c'est depuis longtemps dépassé.
Si la nouvelle saison cyclonique se mettait de la partie, alors …
Oui c'est le désespoir (le vrai qualificatif de l'heure) et le peuple le montre bien qui cherche son salut que dans la fuite vers d'autres cieux : Chili, la République dominicaine voisine, faute de mieux.
Désespoir ...
Pourtant le pays ne bouge pas. Les gouvernants continuent leur politique de promesses sans suite, le pouvoir n'est pas inquiété puisqu'il n'est pas véritablement remis en cause.
Les manifestations rassemblent de moins en moins de monde malgré les appels répétés des leaders. Avez vous remarqué aussi comment les gouvernants s'en prennent davantage aux journalistes ? Ce n'est pas un hasard. Ce sont peut-être ceux-là les dernières voix du pays réel. Pas l'opposition !
Comment l'opposition peut-elle faire défaut à un moment aussi critique, donc également pour elle aussi propice ?
Vous avez relevé le mot tout à l'heure : c'est DESESPOIR.
Cela voudrait dire que le pays n'y croit plus.
Nous avons épuisé notre stock, la capacité du pays à se rebeller. A nous suivre !
Faire sa propre révolution ...
On a trop, pour un oui ou un non, sans suffisamment de réflexion, de stratégie et d'objectifs clairement définis appelé le peuple sur les barricades.
Le peuple, il est fatigué de cela ; le peuple, il a soupesé le pour et le contre, et il considère que c'est lui le seul perdant.
PORT-AU-PRINCE, 26 Mai – Le président haïtien Jovenel Moïse s’est envolé le samedi 26 mai pour Taiwan en visite officielle.
Cette visite a été décidée (et de manière précipitée) après la reconnaissance de la Chine (Pékin) par notre voisine la République dominicaine le 30 avril écoulé, mettant fin aux liens diplomatiques datant de 70 ans entre cette dernière et Taiwan.
Or on sait que la Chine réclame Taiwan comme n’étant autre qu’une province rebelle et une partie intégrante de son territoire.
Dans un long article, la journaliste du Miami Herald, Jacqueline Charles, qui a accès aux multiples sources concernées par cette question, cite cette importante déclaration du Chef de cabinet du président haïtien, l’académicien et ex-ministre de l’Economie, Wilson Laleau.
‘Taiwan est un ami de longue date ... Mais Haïti recherche ce qui est meilleur pour ses intérêts.’
Pour le moment, Haïti est alignée avec Taiwan, d’où la visite accomplie actuellement par son président à Taipei, accompagné par une palette de parlementaires, d’hommes d’affaires et de membres de son Administration.
Malgré cela, le Chef de cabinet et principal conseiller politique du président, Wilson Laleau, note que Haïti ne ferme pas la porte à d’autres partenaires potentiels.
Y compris la Chine.
‘Nous parlons à tous ceux qui peuvent nous aider dans cette situation’, poursuit Laleau.
‘Nous recherchons des alliances, des partenaires qui veulent venir investir chez nous. Nous ne recherchons pas l’aide traditionnelle, ni la charité publique. C’est cette dernière qui a mis Haïti dans la situation où elle se trouve aujourd’hui’ dit Laleau.
La fidélité récemment renouvelée par le président Jovenel Moïse à Taiwan n’est donc pas une fin en soi, à un moment où la Chine continue de marquer des points au niveau diplomatique sur sa rivale ; jeudi dernier c’est le Burkina Faso, nation d’Afrique de l’Ouest, qui est passé également dans le camp de Pékin, réduisant désormais à 18 le nombre d’alliés de Taipei dans le monde.
PORT-AU-PRINCE, 30 Mai – Coup de théâtre. Publication dans le journal officiel d’un arrêté présidentiel dépouillant le Directeur général de la Police nationale de toutes les fonctions qu’il assume à ce jour.
Sur ce, et sans mot dire, le DG Michel-Ange Gédéon, tire sa révérence.
Cela avant même que l’opinion ait le temps de se rendre compte de ce qui se passe.
Selon l’Agence haïtienne de presse (AHP), cet arrêté présidentiel, en date du 28 mai 2018, ‘conditionne tout un ensemble de dispositions relevant de l’autorité du directeur général (désormais) à l’approbation du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), celui-ci présidé par le Premier ministre, deuxième personnalité de l’Exécutif.’
‘Ces dispositions concernent notamment les nominations ou transferts au niveau des directions centrales et départementales de la PNH, les réglementations générales, la formation, le renforcement des effectifs, la discipline, la carrière et la rémunération de ses membres.’
‘Parmi les premiers à réagir, l’ancien chef de la Police, Mario Andresol estime qu’il s’agit là d’une révocation en douceur de M. Gédéon.’
De fait, sans demander son reste, celui-ci publie sur sa page Facebook (information rapportée par rezonodwes.com) une note contenant ces mots : ‘Les gouvernements passent, votre police demeure.’
‘Notre police est nationale, mais nous ne pouvons nous cacher derrière notre souveraineté pour faire n’importe quoi.’
C’est tout dit.
Jovenel Moïse voudrait avoir son ‘propre chef’ de la Police ...
En effet, la rumeur court depuis de nombreux mois que l’actuelle administration du président Jovenel Moïse voudrait avoir son ‘propre chef’ de la Police nationale, afin d’avoir celle-ci beaucoup plus en main.
Entretemps, le pouvoir en place a mis en application la décision, mûrie par le régime arrivé au pouvoir en 2011-2016 ou PHTK, de ré-instituer de manière unilatérale les forces armées qui avaient été démobilisées en 1995 pour cause de violations massives des droits humains.
Cependant lesdites forces armées reconstituées, restent encore dans un état embryonnaire. Pendant que, dans la communauté aussi bien nationale qu’internationale, on continue à considérer la Police nationale d’Haïti comme le seul corps officiellement autorisé à porter des armes.
PORT-AU-PRINCE, 17 Juin – C’est le week-end des cérémonies de graduation dans les jardins d’enfants (kindergarten) en Haïti et l’occasion est bonne pour constater à nouveau la grande influence de ce qu’on appelle les réseaux sociaux ainsi que du téléphone portable sur les classes populaires dans notre pays.
Pauvres photographes professionnels qui ont toujours fait leur beurre en ces occasions. Aujourd’hui les flashes proviennent des plusieurs dizaines de portables qui se bousculent au-dessus des têtes, têtes chercheuses qui captent en même temps la scène où les petits ânonnent leur petit discours mais en excellent français (oui français, svp), la salle où les parents se bousculent dans leurs plus beaux atours et les immanquables ‘selfies’ (ne me dites pas que vous ne savez pas en faire vous-mêmes) en même temps, oui sur place, que les ‘whatsapp’ volent emportant photos et ‘félicitations ma chère’ aux quatre coins du monde vers les proches en diaspora américaine, chilienne, brésilienne, guyanaise, dominicaine et j’en passe.
La graduation est un moment privilégié pour le petit peuple des servantes, bonnes de maison, cuisinières, petites marchandes qui font aujourd’hui au moins 80 pour cent de la population de la capitale, Port-au-Prince et dont le rêve c’est que leurs enfants n’aient pas à faire le même boulot.
Et cela commence par l’école maternelle.
Bravo !
Mais le plus singulier a été pour nous de constater combien les fameux réseaux sociaux influencent les prénoms d’aujourd’hui, vu que ces enfants correspondent par leur âge à l’arrivée et tout de suite la popularité acquise par le phénomène jusqu’au plus profond de notre pays. Pas un Haïtien ni une Haïtienne qui ne possède son portable et de plus en plus aussi sa tablette (numérique bien sûr).
Kate, Drake et Beyoncé ...
D’abord la graduation s’ouvre sur un tube américain (‘You are here’) mais pour se poursuivre sur une marche de Beethoven ...
Non, aucune chanson française dans le genre ‘Enfants de tout pays’ comme autrefois.