PORT-AU-PRINCE, 27 Février – L’information fait la une. Des camions bâchés et bien chargés alignés sur une plage, puis dans les rues d’une ville d’Haïti.
La ville côtière en question ce serait Marigot, département du Sud-est, à moins d’une heure de Jacmel ; et le chargement constitué de galets, de beaux galets bien ronds, polis naturellement. Et arrachés de la plage, rangés bien soigneusement en montagnes de cette hauteur, prêts à être embarqués pour …
Selon la rumeur, pour la République dominicaine, notre voisine avec laquelle nous partageons l’île.
Eh bien, voyez-vous ça, nos voisins dominicains viendraient se fournir en galets chez nous. Et massivement.
En effet, la façon dont c’est fait, on se dit tout de suite qu’il ne s’agit pas d’Haïtiens, car nous autres ne prenons pas la peine de travailler aussi proprement.
Nous quand on vole, quand on pille les ressources de notre propre pays, on ne s’embarrasse pas si on laisse nos empreintes, les traces de nos mains sales, comme le sont des mains de voleurs.
Voyez dans quelles conditions se fait le véritable assassinat (‘sasinay’) des mines de sable dans les hauteurs de Port-au-Prince, ou à l’entrée de la route de Jacmel par Léogane, ou sur la Nationale 1 (Route du nord).
Réduisant la montagne en un squelette hideux criant sa douleur n’ayant que les os sans la peau.
Revenons donc au nouveau pillage du jour. La ville côtière en question ce serait donc Marigot, village du Sud-Est du pays, actuellement très couru pour son climat super, entre la montagne vert bouteille et la mer cristalline.
Et ses galets quasiment uniques, d’une rondeur de sein de statue de Vénus et d’une blancheur de lait.
Pas sots donc les nouveaux pirates qui ont choisi de faire main basse spécialement sur cette partie de la fortune nationale.
Car il s’agit du trésor principal des îles de la Caraïbe (et non les mines d’or ni de radium) étant tout naturellement destinées au tourisme qui fait déjà la fortune de tant d’entre elles, dont justement notre voisine, la République dominicaine dont les revenus touristiques se chiffrent annuellement en milliards.
Ainsi donc, fiers de leur propre réussite, les Dominicains viendraient se fournir en galets sur les plages haïtiennes ?
C’est quoi ça ?
Premièrement, tout ce que le président haïtien nous raconte c’est donc du bidon.


Nous avons abandonné toute ambition de relancer notre tourisme puisque nous sommes en train de liquider la ressource principale : la plage, le sable fin et doux comme du sucre. Et les galets, qui font apparemment tant rêver nos voisins.
C’est un fait que la partie de l’île que nous occupons est tout en baies, en anses et en criques, découpées comme de la dentelle. Et que nos voisins ne peuvent s’empêcher de lorgner dans leur direction vu le développement immense pris chez eux par l’industrie touristique.
Mais nos galets c’est à nous. C’est à notre pays. C’est à la nation haïtienne.
Alors qui leur donnerait le droit de venir les charger sur des poids lourds pour transporter chez eux ? Et aller meubler et embellir leurs plages.
Qui ?
Est-ce le gouvernement haïtien ?
Si ce n’est le gouvernement mais quelqu’un d’autre, comme quelque potentat local, alors à quoi sert le gouvernement, à quoi nous sert-il d’avoir un gouvernement ?
Est-ce que le pouvoir croit les Haïtiens si idiots qu’il peut nous dire une chose et en faire tout à fait une autre ?
C’est encore ce lundi (26 février), ouvrant le sommet de la communauté caraïbe (Caricom), se tenant dans notre pays avec le président haïtien Jovenel Moïse, qui en assure pour six mois la présidence tournante, que ce dernier a agencé son discours autour de la menace climatique, la nécessité de protéger l’environnement constamment menacé, d’épargner nos ressources les plus précieuses comme il le dit si bien : ‘la terre, le soleil, l’eau, les femmes et les hommes’.
Alors ce ne sont que des mots !
Car voici comment sous le même président haïtien qui parle ainsi, des étrangers, des pirates, viennent se servir des parties les plus vitales de ce même environnement et pour aller enrichir le leur.
Et ce n’est pas un ‘fake news’. Depuis la semaine dernière l’information court partout. D’abord on n’y croit pas. Puis les photos étalées sous votre nez, faut se résigner à l’amère vérité. Au scandale.
Laissons tomber un instant le ‘scandale Oxfam’ et essayons de savoir comment les autorités haïtiennes ont pu accepter qu’un tel crime soit commis contre le seul bien qui nous reste encore et à transmettre à nos enfants et arrière petits-enfants.
Qui a signé ce nouveau contrat pour piller les plages haïtiennes et emporter tous ‘nos’ galets ?
Quand cessera-t-on de vendre ce pays à l’étranger à petit feu ?
Comme on a fait des plus beaux arbres de nos forêts, sans jamais les replanter.
Comme les coques de lambi arrachées des mers haïtiennes pour aller enrichir les marchés touristiques de Miami ou de Nassau.
Qu’est-ce qu’on ne pille pas !
Alors à côté la virginité des filles ainsi que des … petits garçons, pas si étonnant.
D’un côté on fait semblant de protéger, comme cette affaire de mine d’or pas si évidente alors que c’est sans doute sous pression étrangère, tandis que de l’autre main on pille, on bazarde, on détruit et bien entendu pour continuer à enrichir des comptes privés (de plus toujours les mêmes), et bien entendu pas un centime dans la caisse publique.
C’est la lutte contre la corruption à l’haïtienne !
La prochaine génération d’Haïtiens devra monter ‘on line’ (sur l’internet) pour épeler les mots ‘galets’, lambis, papillons, ‘wanga nègès’, voire tortue de mer.
Nos honorables parlementaires ont sollicité récemment d’être reçus par le président dominicain.
A quelles fins ?

Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince