PORT-AU-PRINCE, 23 Novembre – En France ou au Canada, pays pratiquant le système démocratique, quand le chef de l’Etat (président de la république en France, et au Canada premier ministre) est en proie à une forte contestation comme l’est aujourd’hui le président haïtien Michel Martelly, et que sa légitimité peut finir par laisser à désirer (car il n’y a point en démocratie de ‘sacralisation’ de la fonction présidentielle que ce soit), on convoque simplement de nouvelles élections.
A ce sujet, la Constitution française est celle dont nous nous rapprochons le plus. Le chef de l’Etat, quand il s’avère que la politique gouvernementale passe mal dans la population, doit convoquer de nouvelles élections. Si sa majorité est reconduite, il choisit le premier ministre dans son propre camp. Si c’est l’opposition qui remporte les élections, il doit choisir le chef du gouvernement dans les rangs de l’opposition.
Elémentaire !
Le blocage politique …
En France ce procédé aujourd’hui classique a pour nom l’alternance. L’alternance démocratique.
Celle-ci a pour qualité première de permettre au président élu d’accomplir jusqu’au bout son mandat, comme le souhaitent aujourd’hui Michel Martelly et ses ‘fans’, mais en même temps de faire disparaitre le blocage politique. Du moins sous sa forme institutionnelle.
Tandis qu’aux Etats-Unis, le second mandat du président Barak Obama est menacé d’être saboté par une opposition farouche et perpétuelle de ses adversaires Républicains majoritaires à la Chambre des représentants.
L’alternance a été pratiquée sans difficulté sous presque toutes les dernières présidences en France : François Mitterrand avec un premier ministre de droite (tantôt Chirac, tantôt Balladur), le président Jacques Chirac avec un chef du gouvernement socialiste, Lionel Jospin. Etc.
C’est la République dominicaine qui rompt les relations
PORT-AU-PRINCE, 27 Novembre – Selon la presse de Santo Domingo, la République dominicaine n’ira pas à la prochaine rencontre au Venezuela avec la République d’Haïti.
L’information a été confirmée par le ministre à la Présidence, Gustavo Montalvo, qui a communiqué officiellement ce mercredi (27 novembre) la décision du gouvernement dominicain de ne pas assister à la réunion qui devait avoir lieu au Venezuela avec le gouvernement haïtien.
Motif invoqué par Santo Domingo : « Le gouvernement haïtien a rompu l’accord que nous avons signé la semaine passée, selon lequel nous devons prioriser le dialogue entre les deux pays pour la recherche d’une solution à tous nos problèmes communs. Cependant Haïti a préféré prendre un autre chemin. Dès lors mettant fin à nos conversations. Voilà pourquoi nous n’irons pas à cette réunion » a dit le ministre dominicain à la Présidence.
La rencontre en question devait avoir lieu le samedi 30 novembre, à Caracas (Venezuela).
A l’invitation du président Nicolas Maduro, le Venezuela s’est proposé comme un facilitateur dans le conflit.
Conflit né du verdict de la Cour constitutionnelle dominicaine, en date du 23 septembre 2013 (et décision sans appel), enlevant la nationalité aux Dominicains d’ascendance étrangère, en remontant jusqu’à 1929. On estime que plus de 240.000 Dominicains peuvent être affectés dont la plupart d’origine haïtienne, nés en République dominicaine.
PORT-AU-PRINCE, 27 Décembre – A chaque fin d’année, le dialogue de sourds se poursuit.
L’opposition ne voit que plus de misère, plus de chômeurs.
Et c’est vrai.
Le pays ne produit pratiquement rien pour une population qui croit à la vitesse de l’éclair.
Et comme chaque année le pouvoir s’efforcera d’afficher un bilan positif. Voire prometteur.
Poursuivant sur la lancée de l’Ambassadeur des Etats-Unis, Mme Pamela White, lors d’une récente rencontre avec les membres de la chambre de commerce américano-haïtienne, le Premier ministre Laurent Lamothe a laissé fuiter les grandes lignes de sproch message-bilan destiné au Parlement : des réserves de change à hauteur de 1 milliard 132 millions de dollars américains ; un accroissement du PIB (Produit intérieur brut) d’environ 4% - grâce entre autres aux dépenses dans la Reconstruction ; l’inflation ramenée de 8% à 4,5% ; enfin des investissements locaux et étrangers, principalement américains (dixit Pamela White), pour un montant de 698 millions de dollars, soit une augmentation de plus de 25% par rapport à l’année précédente.
‘Are you better off today ?’ …
Tout ceci aussi est probablement vrai.
Cependant rappelons-nous cette interrogation si chère au président Reagan : ‘are you better off today ?’
Demandez au citoyen haïtien s’il mange un peu plus aujourd’hui qu’il y a deux ans ?
JACMEL, 5 Janvier – L’International prend position en faveur des Dominicains-Haïtiens à la veille de l’ouverture officielle des conversations (mardi 7 janvier) entre Santo Domingo et Port-au-Prince autour de la menace de perte de leur nationalité par plus de deux cent mille Dominicains d’ascendance étrangère, en majorité haïtienne, brandie par une ordonnance de la Cour constitutionnelle dominicaine, la plus haute juridiction du pays voisin et une décision sans appel.
Or les médias gouvernementaux haïtiens accordent une large publicité à cet aspect, ignorant qu’il ne vaut pas seulement pour nos voisins dominicains mais également pour le gouvernement haïtien.
Savoir que si Haïti a accepté le dialogue avec les autorités dominicaines mais pas question d’oublier, voire de sacrifier le sujet principal qui est la nationalité des 210.000 Dominicains d’ascendance étrangère. Et quels que soient les intérêts impliqués des deux côtés, dominicain ou haïtien, cette question est incontournable. En un mot, elle n’est pas négociable. Point.
Le fait est que les autorités dominicaines semblent trop contentes de circonscrire le problème (‘leur’ problème) dans le cadre des relations entre les deux nations de l’île, attendu qu’elles bénéficient d’une solide préséance aussi bien au plan économique que dans les relations politiques sur leurs homologues haïtiennes, que cela ne peut ne pas éveiller les soupçons.
Oui, une solide tradition de pratiques corruptives et aujourd’hui des liens économiques extrêmement étroits entre les élites économico-politiques des deux côtés de l’île (US$1 milliard 134 millions d’exportations vers Haïti en 2012) font que les pouvoirs et décideurs haïtiens ne méritent pas eux non plus le bon Dieu sans confession.
Ceci étant dit, le principal pays médiateur, le Venezuela, est clair là-dessus. En un mot, le président Nicolas Maduro a déclaré : les Haïtiens sont nos frères ainés et quiconque se met en face d’Haïti se met également en face du peuple vénézuélien (déclaration confiée à un journal en ligne du Parti socialiste uni du Venezuela / PSUV et reprise largement par les agences de presse haïtiennes).
Ensuite, c’est l’un des plus proches conseillers du Département d’Etat américain, l’ex-Assistant Secrétaire d’Etat pour l’Amérique Latine, Roger Noriega, qui cloue au pilori les ‘racistes’ de Santo Domingo.
PORT-AU-PRINCE, 10 Janvier – Le 1er janvier, le président Michel Martelly préside les cérémonies du 210e anniversaire de l’Indépendance en compagnie de l’ex-président à vie et chef d’un régime sanguinaire, Jean Claude Duvalier surnommé Baby Doc, et de l’ex-général-président Prosper Avril dont le règne, même éphémère, s’est caractérisé par des violations brutales et répétées des droits humains.
Il s’ensuit beaucoup de protestations de la part d’organisations de la société civile.
Puis le 2 janvier, jour des Aïeux, voici le président Martelly flanqué des présidents des deux autres pouvoirs (législatif et judiciaire), où brillent par leur présence les président et vice-président de l’Assemblée nationale, le sénateur Dieuseul Simon Desras et le député Jean Tolbert Alexis.
Or ces deux derniers avaient refusé d’accompagner le chef de l’Etat seulement le 18 novembre dernier lors de la commémoration de la Bataille de Vertières, la victoire décisive remportée contre la France esclavagiste, le 18 novembre 1803, au Cap-Haïtien, anciennement Cap Français.
Que s’est-il passé entre ces deux dates ? Mais que s’est-il passé surtout entre le 1er et le 2 janvier écoulés ?
Provocation ou Réconciliation ? …
Entre le show provocation avec les chefs des deux régimes les plus brutaux de notre histoire récente …
Et dès le lendemain le spectacle de la réconciliation s’il en est entre le président Martelly et les deux numéros 1 d’un parlement qui avaient juré de mettre le chef de l’Etat en accusation à cette même date ?
Est-ce que ces deux exhibitions du 1er et du 2 janvier sont aussi contradictoires qu’elles paraissent ?
La réconciliation n’est pas une qualité première aux Haïtiens. Faut donc qu’un troisième larron soit passé par là. En latin, un deus ex machina. Un autre intervenant, mais qui reste intelligemment en marge.
Lire la suite : Elections : Entre Duvalier et Lavalas, que reste-t-il ?