Martelly-Lamothe : après l’ivresse, le vide du pouvoir …
NEW YORK, 27 Septembre – A New York, le Président Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe ont plaidé leur cause devant les grandes instances : Assemblée générale de l’ONU, rencontre avec les ONG internationales, réunion avec les bailleurs etc.
Ils l’ont fait apparemment avec compétence et dans les meilleures intentions du monde. Or quelque chose cloche !
Les deux chefs de l’exécutif haïtien semblent au sommet d’une pyramide mais avec un grand vide au milieu. Le courant ne parait pas passer suffisamment avec le reste de l’administration. La logistique ne suit pas.
Pour la bonne raison que celle-ci (l’administration ou fonction publique) n’existe pas.
Au-delà des critiques conjoncturelles portées par l’opposition politique, la question est certainement plus complexe. Et nous nous sommes surpris à y réfléchir.
Le pouvoir est avant tout une équipe …
Cela sans chercher à dédouaner le pouvoir en place qui, comme la plupart de ses prédécesseurs, cherche davantage comment garder le pouvoir au-delà du mandat constitutionnel (5 ans) qu’à développer le pays.
Le jour où des élus mettront vraiment le bien de la Nation avant le pouvoir, le sort d’Haïti commencera immédiatement à changer.
Le deuxième reproche qui fait suite au précédent, c’est le manque de conscience citoyenne qui fait que l’on peut rechercher la prise du pouvoir alors qu’on ne dispose d’aucun moyen même le plus élémentaire pour remplir vraiment cette fonction au bénéfice de son pays.
PORT-AU-PRINCE, 18 Novembre – Le week-end dernier on a laissé courir trop vite la nouvelle que le monument de Vertières avait été repeint en rose et blanc, couleurs Martelly-stes.
Qui plus est, en suggérant que c’était le fait du pouvoir lui-même.
Il n’en est rien.
Selon notre correspondant au Cap-Haïtien, des mains inconnues ont en effet passé une couche de peinture rose et blanc sur le socle du monument. Mais au lever du jour, des organisations populaires de la zone avaient tôt fait d’effacer le sacrilège et de repeindre comme auparavant en marron vert ce que notre Histoire dénomme les hommes d’airain (équivalent du bronze), c’est-à-dire les héros qui ont inscrit dans le feu et le sang, le 18 Novembre 1803, la fin de l’esclavage à Saint-Domingue et la naissance de la première république noire indépendante du monde.
Mais c’est cette même dangereuse course aux ‘scoops’ à laquelle se livrent nos médias qui fait que l’on avait aussi annoncé vendredi, avant confirmation, qu’un casque bleu (Minustah) avait tué un étudiant alors que ces derniers tiennent le haut du pavé (au sens propre) depuis une semaine pour protester contre l’assassinat d’un des leurs par un policier.
Quand dans le second cas il s’agissait plutôt d’un échange de tirs entre la police et des bandits qui a résulté dans la mort d’un de ces derniers.
Mais on a évité de justesse une plus grande escalade des troubles sans qu’on n’ose imaginer jusqu’où cela nous aurait mené !
Considérer le national comme vieux jeu …
Revenons à l’incident de Vertières. Monument se dressant au Haut de la ville du Cap-Haïtien (chef-lieu du département du Nord) et rappelant la dernière position enlevée aux troupes napoléoniennes par l’armée indigène sous le commandement de Jean-Jacques Dessalines, et où s’immortalisa notamment le général Capois-la-Mort.
On se plaint depuis longtemps que le sens civique s’est étiolé dans notre pays jusqu’à devenir quasiment inconnu de notre jeunesse sous le coup d’influences externes souvent mal digérées et considérant ce qui est national comme vieux jeu.
Mais c’est non seulement aux responsables publics et à nos élus de lutter pour rétablir l’équilibre mais de donner l’exemple dans leur propre comportement.
Nous étions dans un centre commercial quand la nouvelle concernant Vertières est tombée. Commentaires d’un vieux monsieur : ‘Et puis après, un tout petit groupe va en être offusqué mais depuis longtemps les valeurs et les modèles n’ont aucune importance dans ce pays.
Lire la suite : A chaque fois c’est Vertières que l’on trahit…
Benoit XVI reçoit chaleureusement Martelly
PORT-AU-PRINCE, 24 Novembre – Rectifions pour l’Histoire. Le président Michel Martelly n’est pas le premier chef d’Etat haïtien reçu par le Souverain Pontife. Le 8 juin 1996, le président René Préval visitait Jean Paul 2. Mais on sait que son administration avait moins le souci de communication que l’actuelle équipe au pouvoir.
Le jeudi 22 novembre écoulé, le président Martelly accompagné de sa famille (son épouse Sophia et 4 enfants) et du ministre des affaires étrangères, Pierre-Richard Casimir, était reçu par Benoit XVI au Vatican.
Selon une note de presse de la Présidence, le chef de l’Etat haïtien a mis l’emphase sur ‘les liens d’amitié et de respect avec le Vatican.’
Puis avec le Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Mgr Tarcisio Bertone : ‘la révision du Concordat, les rapports de l’Etat avec l’Eglise, la construction des églises catholiques détruites ou endommagées lors du séisme et la continuité dans l’établissement des rapports de proximité entre l’Etat et l’Eglise.’
Quelle révision de quel Concordat ? …
Le Pape de son côté promet de toujours intercéder en faveur d’Haïti ‘à travers ses prières et des missions.’
Que veut dire ‘la révision du Concordat’ ? Y a-t-il une telle initiative à l’étude ? On ne sait.
Rappelons que l’actuel Concordat remonte à la présidence de François ‘Papa Doc’ Duvalier. Et après des démêlés historiques. Duvalier expulsa deux archevêques de Port-au-Prince : Mgr François Poirier, puis son successeur ad interim, le premier haïtien ordonné évêque, Mgr Rémy Augustin.
D’autres expulsions eurent lieu, dont celle d’un directeur du Petit Séminaire Collège Saint Martial, Père Etienne Grienenberger, le 17 août 1959.
Le Vatican réagit sévèrement en menaçant d’excommunication le (futur) dictateur haïtien.
PORT-AU-PRINCE, 15 Décembre – Ainsi le ‘troisième larron’ est un élément interne au pouvoir.
En effet tout concourt. La dénommée force parallèle qui a surgi aux Cayes (troisième ville du pays) défiant les autorités gouvernementales tout en se réclamant du pouvoir en place.
L’utilisation de la voix du président de la république, Michel Joseph Martelly, pour haranguer les émeutiers lors des derniers troubles ayant éclaté à Jérémie (Grande Anse, Sud). Officiellement pour protester contre l’arrêt des travaux de construction de la nationale Cayes-Jérémie.
Et aussi à Port-au-Prince l’apparition sur les murs de graffiti qui s’en prennent à des proches du chef du gouvernement, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe, les dénonçant comme des ennemis du président Martelly.
MIAMI, 28 Décembre – Il importe de signaler que le protocole d’accord trouvé entre l’Exécutif et le Parlement pour constituer l’organisme devant gérer les prochaines élections (tiers du Sénat et les communales) n’a soulevé que peu de réactions. Comme si le sentiment général était un wait and see, attendons voir si cela va marcher. Ces élections sont déjà en retard de plus d’une année. Et le pays ne voit pas le profit de cette crise qui est partant purement politicienne. Faire passer le temps en espérant que sa propre position s’améliore. Y compris dans le camp du pouvoir qui tarde à mettre en place son propre parti politique. Mais l’international (dans les coulisses) manifeste son impatience. Et c’est ce dernier qui détient le nerf de la guerre : le cordon de la bourse. Dans une économie actuellement en totale anémie.
Les rares réactions négatives viennent de ceux qu’il faut bien appeler les irréductibles. C’est le petit groupe des quelque sénateurs qui s’opposent à tout ce qui inclut l’actuel chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly. Un groupe dont le nombre ne se compte même pas sur les doigts d’une main.
Idem du côté des députés où les critiques sont émises par la minorité avec à sa tête l’actuel président de la chambre basse, le député Levaillant Louis Jeune (Inite).