PORT-AU-PRINCE, 5 Avril – Les enlèvements se font toujours plus audacieux comme ce pasteur enlevé avec trois assistants en pleine cérémonie, le samedi 3 avril, à l’église adventiste de Diquini et alors que le ‘culte d’adoration’ organisé par la chorale Gospel Kreyòl est retransmis ‘en direct’ sur Facebook, cependant pas un mot de la part des responsables publics tandis que le président de la République, Jovenel Moïse (pour ne pas le nommer puisque l’opposition continue à dire que son mandat a pris fin depuis le 7 février 2021) va jouer les factotum à mille lieues de là, sur la rivière de Port-de-Paix (Nord-Ouest) où les eaux ont débordé, gonflées par les pluies de printemps qui s’abattent cette semaine quotidiennement sur le pays.
Le chef de l’Etat tente apparemment de s’évader des problèmes qui s’accumulent un peu plus chaque jour et sous des formes toujours plus brutales (kidnappings contre rançon accompagnés de viols, et autres crimes vu que les institutions policières et judiciaires sont aux abonnés absents : le corps judiciaire en grève indéfiniment et les policiers craignant pour leur vie depuis l’opération ratée des Swat-Team au bidonville Village de Dieu le 12 mars écoulé où ces derniers ont dû s’enfuir en laissant 5 des leurs sur le terrain).
Jovenel Moïse est aussi le seul à pouvoir ‘se payer des vacances’ loin de son palais adoré, vu l’insécurité qui a mis toute la population en demeure de se cloitrer (on apprend ainsi que c’est une somme de 370 mille dollars qui a été payée en rançon pour la remise en liberté du pasteur Estimé Audalus et de ses trois assistants) tandis que, contrairement à ses habitudes d’antan, la Police nationale n’en a pas dit un mot.
C’est la disparition totale de toute autorité publique. Le président de la République allant porter secours aux véhicules embourbés en quelque point éloigné que ce soit du territoire national, mais pas un mot des problèmes les plus graves et urgents (outre la monnaie nationale - la gourde - qui a à nouveau dépassé la barre critique par rapport à la monnaie de référence, le dollar américain : ce lundi 5 avril le taux communiqué par la banque centrale (BRH) c’est plus de 80 gourdes pour 1 dollar, et le coût de la vie qui grimpe d’autant dans un pays où le quart de la population vit avec $1.70 par jour, selon la Banque Mondiale).
Tout comme la Police nationale qui est l’unique corps de sécurité publique (du moins en vertu de l’actuelle Constitution de 1987) ne bouge pas, quel que soit le degré d’audace affiché par les kidnappeurs, ceux-ci comme pour continuer à lui enfoncer le clou, à la narguer après la défaite historique enregistrée au bidonville Village de Dieu, résultat : aujourd’hui le simple policier ou bien a peur ou il est devenu malgré lui complice des gangs, dirait-on, mais mettez-vous à sa place quand le Premier ministre, qui est aussi le premier responsable de la sécurité publique (en tant que président du CSPN – Conseil supérieur de la police nationale) eh bien c’est près de trois semaines après ‘Village de Dieu’, le mercredi 31 mars, que Mr. Joseph Jouthe ose enfin tenter d’expliquer l’échec de l’opération contre le principal fief à Port-au-Prince des kidnappeurs.
Devinez alors quoi ?
MIAMI, 16 Février – Dans le temps, le comportement des officiels devait servir d’exemple aux enfants et aux jeunes. On est un vieux pays, plein de traditions dont plusieurs méritent d’être revues et corrigées certes, cependant c’est aux meilleures que nos actuels dirigeants au contraire s’en prennent, au risque de faire totalement disparaitre ce qui fait le plus profond de l’âme haïtienne, ce qui aussi nous est le plus cher n’ayant jamais été une réussite au plan économique ni technologique – vu que le colonisateur français a emporté avec lui ce qui fut le plus beau fleuron de l’entreprise de colonisation : ‘la perle des Antilles’.
Quoique c’est le même esprit qui se retrouve chez nos tyrans d’aujourd’hui, qui ne font que piller le peu qui reste pour aller enrichir leur patrimoine à l’extérieur, comme ce sénateur membre du parti au pouvoir (PHTK) dénoncé dans la presse canadienne pour l’achat en cash d’une villa pour 4,5 millions de dollars à Laval, au Québec.
Alors que le carnaval de Rio, le carnaval de Venise, le carnaval de Trinidad, le carnaval de Santo Domingo ont tous été annulés pour cause de Covid-19 - l’épidémie qui continue de faire rage partout dans le monde, le président haïtien Jovenel Moïse inaugure son carnaval dans la ville de Port-de-Paix (Nord-Ouest).
Bien entendu dans une débauche de propos de la pire vulgarité et de menaces contre son opposition. Contredisant l’esprit même de cette fête populaire, qui remonte aux premières heures de la nation (1804).
Alors qu’on soupçonne l’actuel pouvoir de se diriger droit vers une nouvelle dictature et que le mot duvaliérisme est sur toutes les lèvres, force est de rappeler que tout ce monde serait depuis longtemps lui aussi dans les cachots sous François Duvalier pour outrage à la culture nationale.
On dit que le défunt Baby Doc aurait dit à un proche, alors que le président Michel Martelly faisait la cour à son fils Nicolas pour un poste au palais national : ‘Autrefois ces gens-là ne seraient même pas ‘gason lakou nan palè’, « on ne les prendrait pas comme garçons de cour quand on était au pouvoir’. »
Lire la suite : Haïti placé dans un cordon sanitaire pendant que nos dirigeants font le carnaval
Sans une vraie participation populaire, l’inconnue reste totale
PORT-AU-PRINCE, 14 Janvier – Plusieurs approches en direction du 7 février 2021, date fixée par l’opposition pour le départ du pouvoir du président Jovenel Moïse tandis que celui-ci fait semblant de prendre des dispositions pour rester à son poste. Pour le moment aucune formule de compromis ne parait encore à l’horizon.
Mais l’opposition ne se présente pas sur un seul front.
Il y a la formule radicale. C’est celle du Secteur dit Démocratique et populaire.
Il y a une formule qui se dit pacifique, et représentée par un groupe d’ex-législateurs. Nom de code : ‘Tèt Ansanm’.
Mais il y a encore d’autres dispositions en train de prendre forme au fur et à mesure qu’on s’approche du 7 février fatidique.
Le Secteur démocratique et populaire est cette branche de l’opposition qui avait mené l’opération ‘Peyi lòk’ (pays fermé) en 1978 quand toutes les activités généralement quelconques (commerciales, administratives, etc), y compris avec l’extérieur, avaient été suspendues, et cela pendant au moins plusieurs semaines.
Cependant le pouvoir y survit. Grâce essentiellement à son alliance avec l’administration Trump.
Et depuis il est devenu plus coriace. C’est ainsi qu’aujourd’hui, même sans carburant dans les pompes, ni dans les centrales électriques, même en face d’un pays presque arrêté totalement dans son fonctionnement, et les routes nationales de vrais coupe-gorges, Jovenel Moïse et son groupe ne montrent aucune disposition pour plier bagages.
Jovenel opération de charme mais dans quel but ?
MIAMI, 11 Novembre – Le président Jovenel Moïse s’est engagé dans une grande offensive de relations publiques.
Objectif apparent : vendre les prochaines élections.
Précisons : se vendre comme celui qui réalisera les prochaines élections. Multipliant sur toutes les antennes sa nouvelle profession de foi : seul lui qui peut réaliser de bonnes élections parce que n’étant personnellement pas candidat.
A la question : les conditions ne se prêtent pas à des élections vu l’insécurité plus généralisée que jamais, il répond en appelant publiquement les responsables de la sécurité à jouer leur rôle.
Elémentaire mon cher Watson !
Et à se présenter eux aussi sous les projecteurs pour répondre aux interrogations de la nation.
On peut s’attendre à voir les premier ministre, ministres, chef de la police nationale et autres comme des canards emboiter le pas immédiatement.
A la vérité, le premier objectif de M. Jovenel Moïse concerne la demande par l’opposition pour faire ses bagages le 7 février prochain.
Avec la mésaventure qui arrive à son principal supporter, le président américain Donald Trump qui a davantage un pied en dehors du pouvoir que le contraire, Jovenel Moïse est obligé de se défendre pratiquement aujourd’hui tout seul.
Aussi son principal argument c’est jouer la franchise, c’est faire semblant de jouer franc jeu du fait que son opposition n’a rien que son exigence de le voir partir mais rien de vraiment concret. Comment peut-il partir et laisser le pays dans l’état actuel ? De ce fait, l’insécurité est une arme plus nuancée qu’on ne pense. De là à dire comme l’opposition que c’est une ‘insécurité programmée’, il n’y a qu’un pas.
Un thermomètre qui peut monter ou descendre, c’est selon. Comme s’il ne s’agissait pas de vies réelles mais only in Haïti, n’est-ce pas ?
Le fait est que l’opposition parait - alors que Jovenel Moïse est en train de déballer sous nos yeux ébahis sa nouvelle stratégie, n’avoir aucune parade sinon des déclarations que l’on craint plus probablement sans suite.
MIAMI, 7 Juillet – Plusieurs informations tendent à démontrer l’utilisation massive de la justice par le pouvoir haïtien contre ceux qu’il perçoit comme des opposants tandis qu’il barre la route à la même justice pour protéger ses membres et alliés.
Les cas les plus mentionnés sont les poursuites contre l’ex-sénateur Youry Latortue, contre l’entreprise d’électricité Sogener ou autres, tandis que les nombreux rapports de la Cour supérieure des comptes sur la dilapidation des milliards des fonds Petrocaribe sont classés sans suite …
Ainsi qu’une affaire plus récente d’importation de mazout de mauvaise qualité par une firme proche du pouvoir et qui a détruit les moteurs de la majorité des centrales électriques jetant le pays entier dans le noir total ou ‘black-out.’
Ce dernier dossier est dévoilé par l’avocat membre de l’opposition, Me André Michel lors d’une conférence de presse, le 6 août dernier, au local de l’organisation de défense des droits humains RNDDH.
De quoi s’agit-il ?
La firme qui a importé le mazout (‘fuel’) qui a endommagé les moteurs des centrales électriques à travers le pays, s’appelle Preble-Rish S.A.
C’est à elle que l’Etat haïtien s’est adressé pour la commande alors que cette compagnie n’a pas vraiment de spécialisation dans ce domaine.
Preble-Rish S.A. est plutôt connue dans les travaux d’ingénierie civile, c’est probablement pourquoi pas elle n’a pas su contrôler la qualité du mazout en question.
Mais de plus on apprend que cette firme, de fondation assez récente (2011), appartient à des citoyens américains avec parmi eux des haïtiens naturalisés, on cite Kaleb Leconte, Josué Leconte, Ralph Powers Rish et autres …