MIAMI, 4 Janvier – La réponse du gouvernement haïtien repoussant les avertissements émis par Washington et Ottawa aux potentiels voyageurs en Haïti n’a eu aucun succès.
Au contraire le Canada a annoncé vendredi (4 janvier) le gel de son aide à Haïti.
Notre pays est après l’Afghanistan le plus grand receveur d’aide du Canada.
L’information tombe vendredi (4 janvier 2013) dans le quotidien La Presse (de Montréal) : ‘Ottawa gèle son aide à Haïti (…). L’Agence canadienne de développement international (ACDI) a mis les fonds destinés aux nouveaux projets en Haïti sur la glace, en attendant de déterminer une approche plus « efficace » qui permettrait aux Haïtiens de « se prendre en main. »
‘Depuis 2006, le Canada a déjà versé 1 milliard de dollars à Haïti, dit le ministre à la Coopération internationale, Julian Fantino (…). Le fait est qu’Haïti est toujours en mauvais état (alors qu’à côté en République dominicaine, les choses vont beaucoup mieux).’
Et de conclure : ‘Allons-nous continuer à faire la même chose et de la même manière en Haïti ?’
On lit aussi dans l’article : ‘Cette (nouvelle) stratégie misera davantage sur les entreprises canadiennes.’
JACMEL, 11 Janvier – Voilà ce qu’on appelle en prendre plein la cartouchière puisque l’actuel ministre canadien de la coopération, Mr. Julian Fantino, est un ancien chef de la police.
En effet tout le monde le critique surtout pour ses propos accompagnant sa décision de geler l’aide du Canada à Haïti.
C’est à se demander si le Premier ministre Stephen Harper était au courant.
Et si le ministre a consulté les représentants du Canada en Haïti avant de tirer ses conclusions.
On remarquera cependant qu’il venait d’effectuer une visite en Haïti.
Bien sûr le gouvernement haïtien est monté au créneau. Mais c’est d’un seul choeur que le ministre Julian Fantino se fait rabrouer partout. Au Canada comme ailleurs. Au Québec comme en diaspora. Etc.
Ce sont d’abord des ONG canadiennes faisant ressortir, indirectement bien sûr, tout un côté superficiel dans les propos du ministre qui accuse : ‘Il y a des déchets partout.’
JACMEL, 3 Février – Apparemment Jacmel n’a pas tellement le cœur à la fête. La ville n’a pas été nettoyée, le défilé des masques menace d’être moins attrayant et moins de Jacméliens pure laine sont descendus dans les rues la veille du carnaval.
Une affaire de sous. Le gouvernement a offert pour l’événement seulement 7 (petits) millions de gourdes, au taux de plus de 43 gourdes pour 1 dollar américain. Jacmel se sent offensé. L‘année dernière l’Etat avait donné 10 millions de gourdes quand la ville lui avait remis un budget de 20 millions.
Mais ce n’est plus l’année dernière. La situation s’est compliquée bien davantage parce qu’il n’y a plus la compétition commerciale pour combler la différence.
En effet deux grands secteurs ont disparu ou connu de profonds changements, ce sont la téléphonie cellulaire et le marché du riz importé.
Les années précédentes ont vu le vigoureux face à face entre les compagnies de cellulaires Digicel et Comcel-Voilà.
La première a phagocyté la seconde.
Le troisième homme, Natcom, même avec des actifs de 40% pour l’Etat haïtien, a une politique moins présente dans les événements populaires.
Quant au riz, devant la hausse constante des prix sur le marché local le gouvernement haïtien a entrepris d’en importer directement du Vietnam.
Les importateurs du secteur privé se sont immédiatement repliés sur eux-mêmes.
L’année dernière les marques Bon Goût, Tchako et Mega rivalisaient sur tous les groupes et chars carnavalesques.
Lire la suite : Le carnaval de Jacmel déploie ses masques et ses couleurs uniques
MEYER, 10 Février – Retour de Mme Cheryll Mills, responsable du dossier Haïti au Département d’Etat américain sous la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Elle reste à son poste avec le nouveau chef de la diplomatie américaine John Kerry.
La première visite de Cheryll Mills est au Parlement haïtien pour encourager celui-ci à ne pas ralentir les démarches qui doivent aboutir à la tenue des élections (sénatoriales partielles et les municipales et régionales) qui devaient avoir lieu depuis déjà plus d’une année.
Le processus (en ce qui concerne le Parlement mais il reste à convaincre aussi les deux autres pouvoirs exécutif et judiciaire) bute sur une mésentente entre députés et sénateurs sur le nombre de membres devant les représenter au sein d’une commission bicamérale (dite pourtant ‘paritaire’) qui à son tour désignera les trois futurs représentants du pouvoir législatif au prochain organisme électoral (‘Collège transitoire du conseil électoral permanent’).
Quelques heures plus tard débarquait aussi au Parlement le représentant a.i. du Secrétaire général de l’ONU, le canadien Nigel Fisher, qui annonce en partant avoir obtenu la promesse des parlementaires que le processus va suivre son cours.
Cheryll Mills n’est pas venue les mains vides. L’ambassadeur des Etats-Unis, Mme Pamela White, qui l’accompagnait, a annoncé que Washington dispose de 15 millions de dollars pour la tenue des prochaines élections haïtiennes mais à condition que celles-ci soient ‘inclusives et démocratiques’.
Indépendance de l’organisme électoral exigée …
Cela dépendra évidemment de l’indépendance de l’organisme électoral. Le message s’adresse donc aux trois pouvoirs qui doivent choisir les membres du nouveau conseil électoral.
Et c’est là que le bât blesse. Jusqu’à présent rien n’est évident. Chacun (particulièrement l’exécutif et le législatif) essaie de tirer la couverture à soi.
On accuse le président Michel Martelly de non seulement noyauter le pouvoir judiciaire – dont le président du CSPJ (Conseil supérieur du pouvoir judiciaire), le juge Arnel Alexis Joseph, est son homme de confiance déclaré, mais aussi d’essayer de mettre des bâtons dans les roues au Parlement (via la majorité pro-gouvernementale à la chambre des députés) pour ralentir sinon renvoyer les élections parce que le parti présidentiel (encore à constituer officiellement) n’est pas encore prêt pour les élections.
PORT-AU-PRINCE, 30 Mars – Lorsque Bernard Diederich demande à Jean Claude Duvalier qui a ordonné la mort d’un Gasner Raymond ou autre victime d’assassinat politique, celui-ci lui répond : ‘ah ça, c’est la machine.’
Voir dans ‘L’Héritier’, le dernier né de la série consacrée par le journaliste néo-zélandais à la dictature des Duvalier père et fils (1957-1986).
Comme si lui-même, l’ex-dictateur et président à vie, n’y est pour rien.
De quelle machine s’agit-il donc ?
La dictature Duvalier est renversée le 7 février 1986 par la fuite du tyran au petit matin, mais la machine continue de fonctionner. Infernale.
Sous quelque régime que ce soit. Progressiste ou autoritaire. Civil ou militaire. Elu ou issu d’un putsch.
Les têtes continuent de rouler. Implacablement. Le père Jean Marie Vincent. Les frères Izméry. Le ministre Guy Malary. Mireille Durocher Bertin. Puis Jean Dominique. Et d’autres.
Quelle est donc cette machine qui ne respecte pas de ligne de démarcation formelle puisque la victime peut être de gauche (Jean Marie Vincent, Antoine Izméry, Jean Dominique) ou de droite (l’avocat Guy Malary). Ou même d’extrême-droite, Mireille Durocher Bertin fut un vrai chantre du coup d’état militaire de septembre 1991, qui se révélera par le nombre de victimes dans les quartiers populaires l’un des plus sanguinaires de notre Histoire.
Ou même sous son propre gouvernement après avoir su échapper à tous ses ennemis. Jean Dominique est mort sous le président dont il était le plus proche et le plus respecté, René Préval.