JACMEL, 9 Novembre - Des inondations ont frappé le pays durant le week-end de la Toussaint (1er-2 Novembre) provoquant environ 12 morts dans le seul département du Nord, particulièrement dans le chef-lieu, Cap-Haïtien, et les commune avoisinantes.
Deux jours plus tard, le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe étaient sur place.
On a procédé à une large distribution de kits alimentaires et le gouvernement a annoncé des fonds de l’ordre de 34 millions de gourdes pour faire face aux conséquences des intempéries. C’est vraiment peu.
Le ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales et la DPC (Direction de la Protection Civile) ont assuré la gestion desdites urgences.
Cependant dans ce département comme ailleurs dans le pays, l’appellation de catastrophes naturelles n’est qu’une formule, ces déboires sont bien plus la conséquence de la gestion de son environnement par l’homme haïtien.
Outre les travaux d’infrastructures jamais accomplis ou restés depuis longtemps en suspens.
La montagne a accouché d’une souris …
On est étonné que les chefs de l’exécutif ni les autorités locales et départementales n’en aient fait cette fois aucune mention dans leurs déclarations ou dans les communiqués officiels.
Pas étonnant quand le chef de l’Etat se fait accompagner de son ministre à la communication (autrement dit la propagande) et que sont absents les véritables concernés : en premier lieu, les titulaires des travaux publics, de l’environnement, de l’agriculture.
Ensuite, le pouvoir central doit être obligatoirement suppléé par les autorités sur le terrain.
Par conséquent, la montagne a accouché d’une souris. La visite de solidarité aux populations affectées annoncée par le pouvoir, et en la personne du président et du premier ministre en personne, consistera en tout et pour tout en une distribution de ‘manger sinistré’ mais les problèmes sérieux, ceux qui sont à la base de la faiblesse des infrastructures occasionnant ces débordements dans la deuxième ville du pays, accompagnés d’inondations et d’éboulements qui font plus d’une dizaine de morts, sont passés inaperçus.
PORT-AU-PRINCE, 15 Septembre – Le gouvernement laisse trop de crises s'accumuler. Il se condamne à jouer les pompiers sans pouvoir en solutionner aucune. Jusqu'à se retrouver un jour prochain totalement le dos au mur.
Après toute une année de tranquillité comme un round d'observation, ou une sorte de bénéfice du doute accordé au nouvel élu, le président Michel Joseph Martelly - la base sociale a commencé à bouger.
La semaine dernière des manifestations populaires ont éclaté en divers points du territoire.
Les revendications sont diverses. En tête la cherté de la vie et l'insécurité. Deux préoccupations on ne peut plus évidentes.
La rentrée dans deux semaines ...
Ensuite la rentrée dans deux semaines. Aussi bien les parents d'élèves que les enseignants sont aux abois, ces derniers aussi inquiets pour la sécurité de leur emploi que pour leur salaire (les uns se battant pour faire confirmer leur nomination, les autres pour des arriérés de salaires, et tous pour une augmentation difficile à arracher à une administration qui a modéré son ton triomphaliste et fait aujourd'hui ouvertement état de ses difficultés).
Signe des temps : on a manifesté aussi pour dénoncer l'insécurité environnementale.
Lire la suite : Trop de crises à la fois... Gare à l'atterrissage!
Martelly-Lamothe : après l’ivresse, le vide du pouvoir …
NEW YORK, 27 Septembre – A New York, le Président Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe ont plaidé leur cause devant les grandes instances : Assemblée générale de l’ONU, rencontre avec les ONG internationales, réunion avec les bailleurs etc.
Ils l’ont fait apparemment avec compétence et dans les meilleures intentions du monde. Or quelque chose cloche !
Les deux chefs de l’exécutif haïtien semblent au sommet d’une pyramide mais avec un grand vide au milieu. Le courant ne parait pas passer suffisamment avec le reste de l’administration. La logistique ne suit pas.
Pour la bonne raison que celle-ci (l’administration ou fonction publique) n’existe pas.
Au-delà des critiques conjoncturelles portées par l’opposition politique, la question est certainement plus complexe. Et nous nous sommes surpris à y réfléchir.
Le pouvoir est avant tout une équipe …
Cela sans chercher à dédouaner le pouvoir en place qui, comme la plupart de ses prédécesseurs, cherche davantage comment garder le pouvoir au-delà du mandat constitutionnel (5 ans) qu’à développer le pays.
Le jour où des élus mettront vraiment le bien de la Nation avant le pouvoir, le sort d’Haïti commencera immédiatement à changer.
Le deuxième reproche qui fait suite au précédent, c’est le manque de conscience citoyenne qui fait que l’on peut rechercher la prise du pouvoir alors qu’on ne dispose d’aucun moyen même le plus élémentaire pour remplir vraiment cette fonction au bénéfice de son pays.
PORT-AU-PRINCE, 18 Novembre – Le week-end dernier on a laissé courir trop vite la nouvelle que le monument de Vertières avait été repeint en rose et blanc, couleurs Martelly-stes.
Qui plus est, en suggérant que c’était le fait du pouvoir lui-même.
Il n’en est rien.
Selon notre correspondant au Cap-Haïtien, des mains inconnues ont en effet passé une couche de peinture rose et blanc sur le socle du monument. Mais au lever du jour, des organisations populaires de la zone avaient tôt fait d’effacer le sacrilège et de repeindre comme auparavant en marron vert ce que notre Histoire dénomme les hommes d’airain (équivalent du bronze), c’est-à-dire les héros qui ont inscrit dans le feu et le sang, le 18 Novembre 1803, la fin de l’esclavage à Saint-Domingue et la naissance de la première république noire indépendante du monde.
Mais c’est cette même dangereuse course aux ‘scoops’ à laquelle se livrent nos médias qui fait que l’on avait aussi annoncé vendredi, avant confirmation, qu’un casque bleu (Minustah) avait tué un étudiant alors que ces derniers tiennent le haut du pavé (au sens propre) depuis une semaine pour protester contre l’assassinat d’un des leurs par un policier.
Quand dans le second cas il s’agissait plutôt d’un échange de tirs entre la police et des bandits qui a résulté dans la mort d’un de ces derniers.
Mais on a évité de justesse une plus grande escalade des troubles sans qu’on n’ose imaginer jusqu’où cela nous aurait mené !
Considérer le national comme vieux jeu …
Revenons à l’incident de Vertières. Monument se dressant au Haut de la ville du Cap-Haïtien (chef-lieu du département du Nord) et rappelant la dernière position enlevée aux troupes napoléoniennes par l’armée indigène sous le commandement de Jean-Jacques Dessalines, et où s’immortalisa notamment le général Capois-la-Mort.
On se plaint depuis longtemps que le sens civique s’est étiolé dans notre pays jusqu’à devenir quasiment inconnu de notre jeunesse sous le coup d’influences externes souvent mal digérées et considérant ce qui est national comme vieux jeu.
Mais c’est non seulement aux responsables publics et à nos élus de lutter pour rétablir l’équilibre mais de donner l’exemple dans leur propre comportement.
Nous étions dans un centre commercial quand la nouvelle concernant Vertières est tombée. Commentaires d’un vieux monsieur : ‘Et puis après, un tout petit groupe va en être offusqué mais depuis longtemps les valeurs et les modèles n’ont aucune importance dans ce pays.
Lire la suite : A chaque fois c’est Vertières que l’on trahit…
Benoit XVI reçoit chaleureusement Martelly
PORT-AU-PRINCE, 24 Novembre – Rectifions pour l’Histoire. Le président Michel Martelly n’est pas le premier chef d’Etat haïtien reçu par le Souverain Pontife. Le 8 juin 1996, le président René Préval visitait Jean Paul 2. Mais on sait que son administration avait moins le souci de communication que l’actuelle équipe au pouvoir.
Le jeudi 22 novembre écoulé, le président Martelly accompagné de sa famille (son épouse Sophia et 4 enfants) et du ministre des affaires étrangères, Pierre-Richard Casimir, était reçu par Benoit XVI au Vatican.
Selon une note de presse de la Présidence, le chef de l’Etat haïtien a mis l’emphase sur ‘les liens d’amitié et de respect avec le Vatican.’
Puis avec le Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Mgr Tarcisio Bertone : ‘la révision du Concordat, les rapports de l’Etat avec l’Eglise, la construction des églises catholiques détruites ou endommagées lors du séisme et la continuité dans l’établissement des rapports de proximité entre l’Etat et l’Eglise.’
Quelle révision de quel Concordat ? …
Le Pape de son côté promet de toujours intercéder en faveur d’Haïti ‘à travers ses prières et des missions.’
Que veut dire ‘la révision du Concordat’ ? Y a-t-il une telle initiative à l’étude ? On ne sait.
Rappelons que l’actuel Concordat remonte à la présidence de François ‘Papa Doc’ Duvalier. Et après des démêlés historiques. Duvalier expulsa deux archevêques de Port-au-Prince : Mgr François Poirier, puis son successeur ad interim, le premier haïtien ordonné évêque, Mgr Rémy Augustin.
D’autres expulsions eurent lieu, dont celle d’un directeur du Petit Séminaire Collège Saint Martial, Père Etienne Grienenberger, le 17 août 1959.
Le Vatican réagit sévèrement en menaçant d’excommunication le (futur) dictateur haïtien.