Sans une vraie participation populaire, l’inconnue reste totale
PORT-AU-PRINCE, 14 Janvier – Plusieurs approches en direction du 7 février 2021, date fixée par l’opposition pour le départ du pouvoir du président Jovenel Moïse tandis que celui-ci fait semblant de prendre des dispositions pour rester à son poste. Pour le moment aucune formule de compromis ne parait encore à l’horizon.
Mais l’opposition ne se présente pas sur un seul front.
Il y a la formule radicale. C’est celle du Secteur dit Démocratique et populaire.
Il y a une formule qui se dit pacifique, et représentée par un groupe d’ex-législateurs. Nom de code : ‘Tèt Ansanm’.
Mais il y a encore d’autres dispositions en train de prendre forme au fur et à mesure qu’on s’approche du 7 février fatidique.
Le Secteur démocratique et populaire est cette branche de l’opposition qui avait mené l’opération ‘Peyi lòk’ (pays fermé) en 1978 quand toutes les activités généralement quelconques (commerciales, administratives, etc), y compris avec l’extérieur, avaient été suspendues, et cela pendant au moins plusieurs semaines.
Cependant le pouvoir y survit. Grâce essentiellement à son alliance avec l’administration Trump.
Et depuis il est devenu plus coriace. C’est ainsi qu’aujourd’hui, même sans carburant dans les pompes, ni dans les centrales électriques, même en face d’un pays presque arrêté totalement dans son fonctionnement, et les routes nationales de vrais coupe-gorges, Jovenel Moïse et son groupe ne montrent aucune disposition pour plier bagages.
Jovenel opération de charme mais dans quel but ?
MIAMI, 11 Novembre – Le président Jovenel Moïse s’est engagé dans une grande offensive de relations publiques.
Objectif apparent : vendre les prochaines élections.
Précisons : se vendre comme celui qui réalisera les prochaines élections. Multipliant sur toutes les antennes sa nouvelle profession de foi : seul lui qui peut réaliser de bonnes élections parce que n’étant personnellement pas candidat.
A la question : les conditions ne se prêtent pas à des élections vu l’insécurité plus généralisée que jamais, il répond en appelant publiquement les responsables de la sécurité à jouer leur rôle.
Elémentaire mon cher Watson !
Et à se présenter eux aussi sous les projecteurs pour répondre aux interrogations de la nation.
On peut s’attendre à voir les premier ministre, ministres, chef de la police nationale et autres comme des canards emboiter le pas immédiatement.
A la vérité, le premier objectif de M. Jovenel Moïse concerne la demande par l’opposition pour faire ses bagages le 7 février prochain.
Avec la mésaventure qui arrive à son principal supporter, le président américain Donald Trump qui a davantage un pied en dehors du pouvoir que le contraire, Jovenel Moïse est obligé de se défendre pratiquement aujourd’hui tout seul.
Aussi son principal argument c’est jouer la franchise, c’est faire semblant de jouer franc jeu du fait que son opposition n’a rien que son exigence de le voir partir mais rien de vraiment concret. Comment peut-il partir et laisser le pays dans l’état actuel ? De ce fait, l’insécurité est une arme plus nuancée qu’on ne pense. De là à dire comme l’opposition que c’est une ‘insécurité programmée’, il n’y a qu’un pas.
Un thermomètre qui peut monter ou descendre, c’est selon. Comme s’il ne s’agissait pas de vies réelles mais only in Haïti, n’est-ce pas ?
Le fait est que l’opposition parait - alors que Jovenel Moïse est en train de déballer sous nos yeux ébahis sa nouvelle stratégie, n’avoir aucune parade sinon des déclarations que l’on craint plus probablement sans suite.
MIAMI, 7 Juillet – Plusieurs informations tendent à démontrer l’utilisation massive de la justice par le pouvoir haïtien contre ceux qu’il perçoit comme des opposants tandis qu’il barre la route à la même justice pour protéger ses membres et alliés.
Les cas les plus mentionnés sont les poursuites contre l’ex-sénateur Youry Latortue, contre l’entreprise d’électricité Sogener ou autres, tandis que les nombreux rapports de la Cour supérieure des comptes sur la dilapidation des milliards des fonds Petrocaribe sont classés sans suite …
Ainsi qu’une affaire plus récente d’importation de mazout de mauvaise qualité par une firme proche du pouvoir et qui a détruit les moteurs de la majorité des centrales électriques jetant le pays entier dans le noir total ou ‘black-out.’
Ce dernier dossier est dévoilé par l’avocat membre de l’opposition, Me André Michel lors d’une conférence de presse, le 6 août dernier, au local de l’organisation de défense des droits humains RNDDH.
De quoi s’agit-il ?
La firme qui a importé le mazout (‘fuel’) qui a endommagé les moteurs des centrales électriques à travers le pays, s’appelle Preble-Rish S.A.
C’est à elle que l’Etat haïtien s’est adressé pour la commande alors que cette compagnie n’a pas vraiment de spécialisation dans ce domaine.
Preble-Rish S.A. est plutôt connue dans les travaux d’ingénierie civile, c’est probablement pourquoi pas elle n’a pas su contrôler la qualité du mazout en question.
Mais de plus on apprend que cette firme, de fondation assez récente (2011), appartient à des citoyens américains avec parmi eux des haïtiens naturalisés, on cite Kaleb Leconte, Josué Leconte, Ralph Powers Rish et autres …
JACMEL, 9 Novembre - Des inondations ont frappé le pays durant le week-end de la Toussaint (1er-2 Novembre) provoquant environ 12 morts dans le seul département du Nord, particulièrement dans le chef-lieu, Cap-Haïtien, et les commune avoisinantes.
Deux jours plus tard, le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe étaient sur place.
On a procédé à une large distribution de kits alimentaires et le gouvernement a annoncé des fonds de l’ordre de 34 millions de gourdes pour faire face aux conséquences des intempéries. C’est vraiment peu.
Le ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales et la DPC (Direction de la Protection Civile) ont assuré la gestion desdites urgences.
Cependant dans ce département comme ailleurs dans le pays, l’appellation de catastrophes naturelles n’est qu’une formule, ces déboires sont bien plus la conséquence de la gestion de son environnement par l’homme haïtien.
Outre les travaux d’infrastructures jamais accomplis ou restés depuis longtemps en suspens.
La montagne a accouché d’une souris …
On est étonné que les chefs de l’exécutif ni les autorités locales et départementales n’en aient fait cette fois aucune mention dans leurs déclarations ou dans les communiqués officiels.
Pas étonnant quand le chef de l’Etat se fait accompagner de son ministre à la communication (autrement dit la propagande) et que sont absents les véritables concernés : en premier lieu, les titulaires des travaux publics, de l’environnement, de l’agriculture.
Ensuite, le pouvoir central doit être obligatoirement suppléé par les autorités sur le terrain.
Par conséquent, la montagne a accouché d’une souris. La visite de solidarité aux populations affectées annoncée par le pouvoir, et en la personne du président et du premier ministre en personne, consistera en tout et pour tout en une distribution de ‘manger sinistré’ mais les problèmes sérieux, ceux qui sont à la base de la faiblesse des infrastructures occasionnant ces débordements dans la deuxième ville du pays, accompagnés d’inondations et d’éboulements qui font plus d’une dizaine de morts, sont passés inaperçus.
PORT-AU-PRINCE, 15 Septembre – Le gouvernement laisse trop de crises s'accumuler. Il se condamne à jouer les pompiers sans pouvoir en solutionner aucune. Jusqu'à se retrouver un jour prochain totalement le dos au mur.
Après toute une année de tranquillité comme un round d'observation, ou une sorte de bénéfice du doute accordé au nouvel élu, le président Michel Joseph Martelly - la base sociale a commencé à bouger.
La semaine dernière des manifestations populaires ont éclaté en divers points du territoire.
Les revendications sont diverses. En tête la cherté de la vie et l'insécurité. Deux préoccupations on ne peut plus évidentes.
La rentrée dans deux semaines ...
Ensuite la rentrée dans deux semaines. Aussi bien les parents d'élèves que les enseignants sont aux abois, ces derniers aussi inquiets pour la sécurité de leur emploi que pour leur salaire (les uns se battant pour faire confirmer leur nomination, les autres pour des arriérés de salaires, et tous pour une augmentation difficile à arracher à une administration qui a modéré son ton triomphaliste et fait aujourd'hui ouvertement état de ses difficultés).
Signe des temps : on a manifesté aussi pour dénoncer l'insécurité environnementale.
Lire la suite : Trop de crises à la fois... Gare à l'atterrissage!