PORT-AU-PRINCE, 28 Janvier – Déclaration du responsable haïtien des finances publiques : ‘Il s’avère plus que nécessaire de décréter l’état d’urgence économique.’
Le ministre de l’économie et des finances Wilson Laleau ne nous cache pas que l’Etat haïtien n’est plus en mesure de faire ses frais.
Une telle déclaration est de nature à jeter la panique dans tout autre pays que Haïti. Et on ne sait pas si on en est vraiment à l’abri étant donné qu’on n’a pas attendu la déclaration de Mr Laleau pour savoir que nous sommes tous sur la paille.
Mais voilà désormais au moins c’est officiel.
Première conséquence, tout responsable, surtout dans le privé, sait qu’il ne doit pas se laisser dépasser par les événements.
C’est en ce sens que la déclaration du ministre peut faire irresponsable parce qu’un officiel ne peut se contenter d’ameuter la communauté sans proposer une porte de sortie.
Qu’est-ce que les gouvernants haïtiens ont l’intention de faire pour nous sortir de ce mauvais pas ?
Mais secundo, c’est peut-être l’objectif même de la déclaration : rechercher une telle porte de sortie. Supposons que l’Etat se sait incompétent pour résoudre le problème, la déclaration de Laleau devient alors un coup de sonde. A l’adresse de qui ? De qui de droit.
Visitant récemment le nouveau premier ministre Evans Paul, le responsable du bureau haïtien au Département d’Etat américain, Tom Adams, avait trois points à son agenda : la préparation des élections, l’état des finances publiques et les manifestations anti-gouvernementales.
Washington n’ignore donc pas le problème évoqué par le ministre Wilson Laleau …
MEYER, 14 Février – Un Haïtien découvert pendu sur une place publique à Santiago, deuxième ville de la République dominicaine.
Il s’appelle Jean Claude Jean Harry, surnommé Tulile, d’après la presse dominicaine.
Il exerçait le métier de cireur de chaussures. Il était connu et apprécié de ses compatriotes ainsi que de ses clients dominicains, nous dit-on.
Le corps a été découvert pendu à un arbre, le mercredi 11 février, les mains et les pieds attachés.
Il y a donc beaucoup de chance qu’il ait été vivant quand il a été soumis à ce supplice.
C’est donc un crime plus qu’abominable.
Est-ce un signal ? Oui, pensent les organisations de défense des droits humains (Amnesty International, l’Institut pour la Justice et la Démocratie en Haïti, le Centre Robert F. Kennedy pour la Justice et les Droits humains, le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés / GARR … etc).
Mais la police dominicaine semble vouloir conclure à un meurtre plus ordinaire. La victime aurait gagné récemment à la loterie et peut avoir été tué pour lui voler son argent.
Une autre piste explorée par la police de Santiago mènerait à l’assassin d’une sexagénaire dominicaine, que de fil en aiguille notre ‘Tulile’ témoin de ce meurtre aurait menacé de dénoncer.
Mais une vengeance par pendaison, et exécutée pour frapper l’opinion au maximum (sur une place publique) c’est tout de même particulièrement rare.
D’autre part, la police dominicaine a procédé aussi à l’arrestation de cinq membres d’un groupe de Dominicains qui auraient brûlé récemment un drapeau haïtien.
Ces derniers, pour leur défense, auraient dit que leur acte répond à l’incendie d’un drapeau dominicain par des Haïtiens.
Les organisations de défense des droits humains ne sont pas dupes. Selon elles, cette pendaison est un message définitif envoyé par les Dominicains anti-Haïtiens que leur
patience est à bout et que la prochaine fois ce sera, éventuellement, un vrai génocide.
PORT-AU-PRINCE, 17 Février – Le carnaval national à Port-au-Prince suspendu à cause d'un terrible accident survenu dans la nuit du lundi au mardi qui a fait au moins 16 morts, peut-être bien davantage, et 76 blessés, dont certains graves.
Le char du groupe Barikad Crew a heurté un câble électrique haute tension qui a aussitôt provoqué l'électrocution de plusieurs personnes, et une panique généralisée. Un sauve-qui-peut qui est venu augmenter le nombre de morts et de blessés.
Le chanteur vedette de Barikad Crew, surnom 'Fantom', qui été touché par la décharge électrique, gisait encore mardi à l'hôpital, alors qu'on l'avait donné lui aussi pour mort.
L'Hôpital Général, ainsi que les autres principaux centres hospitaliers, étaient envahis par plusieurs milliers de gens, qui transportant un blessé, qui à la recherche d'un parent.
L'accident est arrivé vers les 2h 46 du matin, dans la nuit du lundi au mardi, dernier jour du carnaval. Toute la capitale est sous le choc. Les autorités ont mis fin à l'événement en invitant la population à une marche hommage aux victimes qui a eu lieu ce mardi, toujours au Champ de Mars, et en présence de plusieurs milliers de compatriotes vêtus de blanc et portant des cierges allumés ou des fleurs.
JACMEL, 20 Février – Cette semaine on a beaucoup parlé d’Haïti. Cependant ce n’est ni spécialement par des Haïtiens ni en Haïti.
L’acteur oscarisé Sean Penn a été reçu jeudi par le président français François Hollande.
La vedette hollywoodienne est le président d’une organisation créée au lendemain du séisme qui a frappé Haïti en 2010, la JP/Haitian Relief Organization (J/P HRO), et il passe une bonne partie de son temps en Haïti ou à plaider la cause d’Haïti de par le monde.
En un mot, l’un des meilleurs ambassadeurs de notre pays.
La même semaine, le (ou la) superbe mannequin Naomi Campbell organise son Fashion For Relief (la mode au service de l’humanitaire) à New York.
Peu auparavant, le même spectacle avait lieu à Dubai, dans le Golfe arabique.
L’une des causes humanitaires défendues par Naomi Campbell ces dernières années a été également le secours aux victimes du séisme en Haïti.
Aux Etats-Unis, une pièce de théâtre fait la une dans la section Arts et Loisirs du New York Times. ‘Little Children Dream of God’ (Les petits enfants rêvent de Dieu), une œuvre théâtrale qui tire son inspiration dans la communauté des réfugiés haïtiens luttant pour se forger une nouvelle vie dans un quartier rude de Miami nommé Overtown. Une mère de onze enfants sans papa … sinon Dieu. Mais celui-ci change de signification selon les circonstances, comme tout Haïtien le sait. L’auteur s’appelle Jeff Augustin. Le premier dramaturge haïtien de sa génération joué dans un théâtre de Broadway.
MIAMI, 21 Mars – A quoi bon voter ? Mais aussi pourquoi faut-il voter ?
C’est la question dans la question qui doit être passée par la tête, entre autres, aux partis de l’opposition dite radicale qui se sont tous inscrits eux aussi la semaine dernière pour prendre part aux prochaines compétitions électorales.
Mais pour l’électeur, à quoi cela sert-il de voter quand on est aussi certain de ne rien pouvoir changer, quand c’est pour les mêmes qui se sont distingués par leur échec ou leur impuissance, quand même si la bonne volonté venait à exister on n’a pas les moyens à notre disposition ?
Ce sont les questions qui ne manquent pas de hanter l’esprit du futur électeur à l’heure du coup d’envoi des compétitions pour élire 20 sénateurs sur 30, toute la chambre des députés (119) et toutes les commissions communales (140) ainsi que les territoriales … ainsi qu’un successeur au président Michel Martelly.
Les rois de la pagaille électorale …
Tout cela avant le 31 décembre 2015. Or cela fait plus de trois ans que nous n’avons pas été capables de tenir des élections, et tout doit être rattrapé en si peu de temps. Accomplir en seulement 8 à 9 mois ce qui devait être fait en trois ans. On comprend que cette perspective ait dérouté plus d’un. Attendu que de plus nous sommes connus pour être les rois de la pagaille électorale et autres.