Dr. Ariel Henry ou ‘j’y suis, j’y reste’ !
MIAMI, 17 Décembre – Les négociations sous l’égide de la Caricom (communauté caraïbe) ayant échoué, comme on le pressentait parce que les problèmes politiques haïtiens n’ayant jamais été réglées par la négociation mais par la force – soit intérieure avec les forces armées haïtiennes – mais celles-ci aujourd’hui inopérantes, soit une intervention extérieure par les Etats-Unis comme toujours, nous voici donc repartis pour une autre transition après celle qui s’achève avec à sa tête le premier ministre Dr. Ariel Henry.
Mais nous disons bien une nouvelle transition, quitte à ajouter : quelle qu’elle soit mais malgré tout une nouvelle, serait-ce dans la forme ; et cela veut dire quoi ?
Car il serait vraiment scandaleux que le premier ministre Ariel Henry reste en place comme si de rien n’était à la fin de ce mandat comme on dit ‘de facto’, en tout cas sans avoir été mandaté par personne puisque par un président qui était assassiné dès le lendemain de la nomination donc dont la décision devait en principe s’annuler automatiquement d’elle-même.
Or les négociations menées la semaine écoulée par les GPE (grandes personnalités éminentes) de la Caricom étant déclarées un échec, réaction du premier ministre Dr. Ariel Henry : c’est d’un calme olympien que recevant, le jeudi 14 décembre, en quelque sorte les ‘vœux du corps diplomatique et des grands commis de l’Etat’ (secteur privé, médias et autres), il aurait déclaré, selon les agences de presse, qu’il regrette que ‘la dernière mission de la Caricom ne soit pas arrivée à convaincre tous les acteurs de la nécessité de parvenir à un consensus pour permettre le retour à un fonctionnement normal du pays … Il a promis (quant à lui) de « poursuivre les pourparlers et d’élargir le gouvernement » afin de trouver des pistes de solution à la crise, ce qui favorisera la tenue d’élections pour permettre à la population de choisir ses représentants.’
MIAMI, 7 Décembre – A Miami s’ouvre ce week-end la foire Art Basel, le plus grand marché de l’art contemporain. Ce qu’il y a de plus moderne et fulgurant dans ce domaine principalement en peinture, sculpture, mais aussi artisanat dans lequel les Haïtiens excellent comme l’a montré s’il le fallait encore une exposition qui s’est tenue déjà cette année à Miami, ‘Window of Hope’, au grand shopping center Aventura Mall.
Cela peu après l’exposition des peintures et artefacts sous le titre ‘Rituels et Cérémonies’, les œuvres récentes de Shneider Léon Hilaire, organisée par Axelle Liautaud, au Green Space Miami … et donc une année où nous avons été gâtés.
Mais nous arrivons au plat dominant c’est le Art Basel, qui ouvre ce week-end comme chaque année la saison des fêtes ; le Art Basel c’est aussi bien sûr une affaire de dizaines, centaines de millions qui se brassent et dont on pourrait tirer une petite partie nous aussi pour nos artistes et artisans entre autres de Noailles et de Jacmel.
Pourvu qu’on s’organise un peu. Un coup de chapeau à Phelicia Dell qui inaugure son Ayiti Art Bazar ce vendredi 8 décembre au Little Haiti Cultural Center, dans le quartier haïtien de Miami, lors d’une première de 5 à 7 pm.
Participation déjà annoncée aussi de la Galerie Monnin avec un grand vernissage du jeudi 7 au dimanche 10 décembre, sous le titre ‘The Open Boat’, un voyage inoubliable dans l’art contemporain et dans son atelier situé aussi à Little-Haiti, 5811 N. Miami Ave.
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MIAMI, 21 Novembre – Pour comprendre l’actuelle structure de pouvoir politique en Haïti il faut remonter dans le passé, au moins un demi-siècle en arrière. Les derniers soubresauts de la question historique de lutte entre mulâtres et noirs pour la conquête du pouvoir politique.
1957, la campagne électorale fait rage. Trois candidats en tête ce sont le noir Professeur Daniel Fignolé, candidat des masses surtout de Port-au-Prince ; le mulâtre agronome et entrepreneur très dynamique, Louis Déjoie et bien plus en arrière un certain Docteur François Duvalier mais qui utilise une carte spéciale : la question de couleur.
Or en faisant jouer cette dernière, y compris au sein des forces armées qui avaient hérité de l’Occupation du pays par les Etats-Unis (1915-1934) d’une structure pyramidale basée sur la couleur, avec les clairs tout au haut de l’échelle - le futur Papa Doc arriva ainsi à faire éclater l’armée et c’est celle-ci qui le portera au pouvoir en truquant les résultats des élections de 1957 ; oui mais à malin, malin et demi, la première victime du duvaliérisme sera l’armée elle-même.
Pourtant trente ans de duvaliérisme (1957-1986) ne sont pas arrivés à changer la structure profonde du système. Aujourd’hui encore lors des réunions avec les chambres de commerce locales, ce sont toujours les clairs la majorité sinon la totalité des représentants de la classe dite possédante.
Ceux que le New York Times qualifiait lors de la crise politique née du coup d’état militaire de 1991 qu’on croit avoir eu le support des possédants, de ‘most repugnant elite’ (l’élite la plus répugnante du monde) continuent-ils donc de régner ?
Or que non.
Alors que s’est-il passé ?
Tenez-vous bien, la démocratie est passée par là. Mais une démocratie à l’haïtienne ! Un partage du pouvoir entre deux entités … mais encore plus qu’avant au détriment de la majorité.
Comme cela peut se lire dans les sanctions qui tombent en ce moment de la communauté internationale. Et qui frappent autant des représentants des milieux d’affaires que la classe politique actuelle. Classe politique en effet bien actuelle ?
Car ce sont en effet deux secteurs trop intimement liés. Pour ne pas dire : comme deux larrons en foire.
Car il s’agit d’un arrangement quasi secret entre le prétendu capitalisme local et une nouvelle génération de politiciens se prétendant issus des masses ou encore du pays profond et qui ont fait main basse sur le pouvoir … mais qui à l’épreuve, ne représentent que leurs intérêts personnels. Pardon, individuels. Individualistes.
Jusqu’aux niveaux les plus scandaleux comme le montrent les derniers rapports de l’ULCC (Unité de lutte contre la corruption) : des élus qui, comme dans la fable ‘Le corridor des tentations’, ramassent tout sur leur passage : la caisse publique mais aussi les équipements publics tandis que les travaux des champs sont abandonnés pour faire totalement place aux importations, celles-ci faisant de leur côté l’affaire des deux secteurs (rendement maximum avec le moindre effort d’un côté et détournement des taxes de l’autre) outre en arrière-fond mais pas tellement, … le trafic de la drogue !
Or tout cela au nom de la démocratie. Car la démocratie c’est non seulement l’aspect politique : ‘one man one vote’ – ou chacun a son mot à dire … mais c’est aussi le système appelé ‘libéralisme économique’ (traduisez : je place mon investissement, je suis libre d’investir mon argent là où c’est le meilleur pour moi sans aucun véritable rapport avec l’intérêt général).
MIAMI, 19 Octobre – Est-ce un grand changement dans l’orientation politique, politico-idéologique du monde ? Peut-être, mais dont on ne sait encore comment le qualifier puisque la dichotomie droite-gauche qui a régné pendant de nombreuses décennies passées, n’est actuellement on dirait plus de mise.
En tout cas le changement est dans l’air. Mine de rien.
Y compris chez nous en Haïti.
Trois petites notes de musique et tout change !
MIAMI, 30 Septembre – On pense à la chanson de Montand (Yves) : ‘Trois petites notes de musique ont plié boutique au fond du souvenir …’.
Qu’est-ce qui fait qu’une musique est éternelle ?
Apparemment donc ce n’est ni la célébrité même indéniable de son interprète (on pense à un Louis Armstrong pour le jazz ou Maria Callas à l’opéra), ni une question d’époque quoiqu’on ait pu vibrer pour le pop ou s’éclater avec le rock …
C’est rien que ‘trois petites notes de musique’ mais qui ne prennent pas d’âge. On pense à cette citation de je ne me rappelle plus qui : La culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié.
Pareil pour la musique. Très peu savent en effet quelque chose des interprètes qu’on va avoir ce soir-là.
Cependant comme chaque dernier vendredi du mois c’est foule au concert de North Miami : Jazz at MOCA ; la plazza est bondée comme d’habitude mais ce soir avec un public lui aussi très spécial.
A l’affiche du jazz cubain ou Afro Cuban Jazz. Pepito Montes & Mr. Conjunto. Un xylophone, une flûte, une trompette, un tambour et un tambourin … et le tour est joué.
Les compositions s’enchainent. On les connait toutes. Oui, toujours les mêmes. Guantanamera. Mon ami crie ‘Manicero, Manicero !’ On les a entendus mille fois. Et pourtant la magie opère.
Un premier couple s’élance. Deux petits vieux. C’est pas vrai ! Puis un second. Puis encore, encore. Et ça danse comme de vrais pros.
Ce n’est pas un concert comme chaque dernier vendredi du mois mais aujourd’hui … un vrai bal populaire.
Les noms de villes cubaines et d’autres lieux symboliques de là-bas s’enchainent … Or nous sommes, je vous rappelle, à Miami, le quartier général de l’opposition anticastriste. Mais Cuba … forever.