LE PEUPLE BRUTALEMENT CHASSÉ DEVANT SON AMBASSADE

Washington au pied du mur

MIAMI, 31 Juillet – Le lundi 24 juillet dernier un peuple poursuivi à coups de feu par un gang (on dit celui appelé Kraze Baryè dont le chef est un certain Vitelhomme Innocent) se réfugie devant le bâtiment de l’Ambassade des Etats-Unis située dans le même quartier, Tabarre.
Le lendemain, mardi 25 juillet, la police nationale intervient et chasse tout le monde, dont de nombreux enfants en bas âge, en faisant abondamment usage de gaz lacrymogènes.

Scandale. L’information fait le tour du monde, y compris sur les grands médias aux Etats-Unis.

Réaction de l’Ambassade : les officiels américains sont priés de partir d’Haïti dans les 48 heures.

Or il ne s’agit pas d’une tentative d’envahir l’Ambassade des Etats-Unis mais au contraire d’un appel au secours.

C’est donc une énorme gaffe qui est commise.

Tant de la part du gouvernement haïtien qui a répondu ainsi à la situation, que des diplomates américains en Haïti qui n’ont pas su, eux non plus, prendre la mesure de l’événement.

Et le plus grave est que cela témoigne en conclusion de l’appréciation que les uns comme les autres on a de la population, du peuple souffrant, du peuple haïtien point !

Le gouvernement du premier ministre Ariel Henry aurait pu immédiatement se transporter devant l’Ambassade le même lundi 24 juillet pour s’adresser aux familles poursuivies par les gangs et leur offrir un espace pour se loger immédiatement ainsi que les moyens appropriés.

Sauf à être au pouvoir pour son propre compte et non pour servir …

De son côté l’Ambassade des Etats-Unis aurait pu garantir qu’on va travailler immédiatement avec le gouvernement pour mettre tout cela à exécution.

Les gens auraient compris. Et cela aurait aussi montré au gang en question que sa manœuvre a échoué, si le but de Vitelhomme (puisqu’il faut l’appeler par son nom !) était d’attirer autant Ariel Henry que l’Ambassade dans ce piège …

Mais il y a une autre explication, hélas.

C’est l’absence de considération évidente pour le peuple. De la part des gens au pouvoir. Comme le leur reproche l’opposition. Et aujourd’hui pas seulement cette dernière.

Or voici aussi les représentants de la plus grande nation de notre continent, du ‘Grand frère’ qui tombent dans le même piège.

Aurait-on utilisé les gaz lacrymogènes si c’était une manifestation des chambres de commerce X ou Y ?

Ce ne sont tout de même pas comme les Vietcong aux portes de l’Ambassade des Etats-Unis à Saigon …

Ni les bataillons djihadistes de l’Ayatollah Khomeini prenant d’assaut le consulat américain de Téhéran …

Même pas la foule de Cubains en quête d’un visa envahissant le consulat américain à la Havane, qui préludera à l’affaire Mariel où plusieurs milliers de citoyens cubains furent autorisés à entrer (légalement) aux Etats-Unis par la mer.

Ici simplement des familles chassées de leur foyer, avec enfants en bas âge, ne sachant où fuir et qui se dirigent quasi normalement vers le seul endroit où ils peuvent espérer d’être entendus …

Mais pour recevoir un tel accueil !

Les diplomates américains ont probablement paniqué.

Mais Washington lui-même aussi, en ayant pour seule réponse retournez à la maison en vitesse, alors qu’il n’y a que l’on sache aucune menace djihadiste à l’horizon mais que les manœuvres d’un chef de gang pour se faire remarquer et atteindre on ne sait quel but …

Cela en s’en prenant toujours au plus faible, le peuple sans défense, le peuple haïtien …

Sans défense aucune, ni de la part de ceux qui sont payés pour le faire, ni de ceux qui nous servent, théoriquement, de bon exemple.

La seule conclusion c’est le mépris envers ce peuple.

De la part des uns, comme des autres.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 31 Juillet 2023