MIAMI, 3 Janvier – C’est la meilleure solution tant pour Harvard que pour sa présidente Claudine Gay. Celle-ci a présenté sa démission mardi, après avoir dans un premier temps été reconfirmé à son poste par le conseil de l’Université.
Excepté que dans sa lettre de démission Mlle Gay souligne : ‘Il a été déconcertant de voir des doutes jetés sur mes engagements à lutter contre la haine et à défendre la rigueur académique – deux valeurs fondamentales qui me sont chères’ …
Outre qu’il a été, poursuit-elle, ‘effrayant d’être soumise à des attaques personnelles et à des menaces alimentées par des animosités raciales.’
On rappelle que Claudine Gay est de race noire et fille d’immigrants haïtiens, mais aussi la première personne non blanche et la deuxième de sexe féminin à être élue à la présidence de l’université la plus célèbre des Etats-Unis.
Au-delà de tout le scandale orchestré autour de sa convocation par devant une commission de la Chambre des représentants à dominante républicaine et où ses réponses ont été jugées insuffisantes ou inadaptées concernant des manifestations étudiantes sur le campus critiquant bruyamment les dizaines de milliers de morts faits dans la population civile de Gaza par l’armée israélienne en réaction à l’opération du 7 octobre dernier par le mouvement terroriste palestinien Hamas laissant 1.200 morts et emmenant plus de 300 otages …
Claudine Gay essaiera plus tard de se rattraper mais trop tard car pour les conservateurs il ne saurait y avoir la moindre nuance entre la doctrine dominante aujourd’hui (nous précisons bien, aujourd’hui !) : le sionisme … et toute autre quelle qu’elle soit, que celle-ci soit propalestinienne comme on a vu récemment lors de manifs sur le campus de Harvard ainsi que de MIT et de Penn (Pennsylvanie), tout comme ce serait probablement pour un nouveau … Black Power !


Or mettons que la même chose se passe en Chine ou en Russie, ou même dans la Turquie du président Erdogan, voire dans l’Iran des Ayatollah. Quelle serait la réaction au Congrès et dans les centres de pouvoir de Washington ?
Ce serait tout à fait le contraire bien entendu. C’est ici la présidente d’université quelle qu’elle soit qui serait la vedette, la nouvelle Jeanne d’Arc, pauvre victime d’un régime autocratique ou autoritaire etc.
Or tout cela aussi est exact. Il n’y a pas à sortir de là.
Cependant avec la seule différence que seul le moyen utilisé qui change et que ce n’est pas l’argument politique qui l’a emporté dans le cas de Claudine Gay mais c’est l’argent - le ‘capitalisme.’
Son maintien à la présidence du conseil de Harvard menaçait les dizaines de milliards reçus en dons par l’université de différents bienfaiteurs et sources privées.
Ces derniers n’ont pas ménagé leur insatisfaction devant le non-renvoi immédiat de la présidente, et cela ouvertement. Voici Claudine Gay accusée de prêcher ni plus ni moins le ‘génocide’ …
Ce à quoi elle répond, ou tente de répondre dans sa lettre de démission en faisant de son côté appel ‘à la lutte contre la haine et au respect de la rigueur scientifique, deux valeurs fondamentales qui sont pour moi essentielles’ et appelant la communauté de Harvard ‘à lutter contre les préjugés et la haine sous toutes ses formes.’
Pour un peu, on parlerait de chasse aux sorcières ! Oui excepté que Harvard ne serait pas non plus Harvard sans ces milliards reçus des grands bienfaiteurs.
En effet l’université accorde non seulement de nombreuses bourses d’études et est considérée comme ouverte aux classes moyennes aux Etats-Unis mais elle attire aussi les étudiants de partout dans le monde, de tous les continents.
Harvard n’est pas seulement la plus grande aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier.
A tel point qu’il n’y a pas longtemps avait surgi un problème à ce sujet : le trop grand nombre d’étudiants d’origine asiatique et surtout la propension par ces derniers à être parmi les premiers de leur promotion.
On entendit alors certains remous pas tout à fait pareils à ceux d’aujourd’hui mais pas tout à fait loin d’eux non plus.
Pour finir est-ce que la démission, pour ne pas dire carrément le renvoi de Claudine Gay, après seulement 6 mois à la présidence de Harvard peut changer quelque chose ?
D’abord c’est une décision politique, c’est-à-dire uniquement de circonstance. Le conflit Israël-Hamas … mais avec au-delà les prochaines élections américaines et la lutte sans merci plus qu’entre démocrates et républicains, et même plus qu’entre conservateurs et modérés mais avec l’entrée en scène d’une nouvelle génération, celle justement apparue sur les campus des grandes universités (Ivy League) et définie par une nouvelle terminologie : ‘woke’ ou génération consciente, en éveil !
Pour finir c’est un coup raté pour Harvard qui voulait avec l’élection de Claudine Gay porter la première personne de race noire à la présidence de l’université la plus renommée. Ce qui devait bien sûr ajouter encore à sa gloire.
Mais vu le dénouement même auquel nous assistons, il est peu certain que le monde où nous entrons aujourd’hui soit tout à fait l’idéal pour ce genre d’initiatives !

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 3 Janvier 2024