MIAMI, 20 Janvier – L’investiture de Joe Biden, le mercredi 20 janvier 2021, s’est voulue d’abord rassurante, un beau spectacle au nom de la démocratie, celle-ci vue comme le triomphe dans la tolérance réciproque des idées contraires, et par ceux-là mêmes qui les incarnent c’est-à-dire les élus selon la règle de la majorité, voulant que le vaincu accepte sa défaite mais aussi que le vainqueur n’en tire aucun avantage irrégulier.
On aura compris que c’est en même temps l’acceptation par la classe politique américaine, toutes tendances confondues, que la nation traverse aujourd’hui un moment difficile, qu’elle a mal à sa démocratie ; aussi est-ce le premier objectif que se fixe Joseph Robinette Biden junior, dit Joe Biden, 78 ans, 46e président des Etats-Unis d’Amérique : réconcilier la nation avec elle-même ou l’Unité.
Unité dans la diversité. A tous les niveaux. Aussi bien le genre (masculin-féminin ou/et autre …) que la race. Et ce n’est pas un simple mot. En effet symboliquement à ses côtés se tient la première femme vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, également fille d’immigrants, mère native de l’Inde et père jamaïcain.
Mais cette unité signifie d’abord engager la lutte contre les injustices sociales. Tout de suite. Hic et nunc. Ici et maintenant. Avec le président signant le jour même de son investiture une quinzaine de décrets devant faire face aux ‘crises’ sanitaires (la Covid-19 dont le bilan s’élève aux Etats-Unis à plus de 400.000 morts), économiques, climatiques et à une crise encore plus importante : celle des inégalités raciales. Un de ces décrets ordonne aux agences fédérales de rechercher, afin de les éliminer, les inégalités au sein de leurs programmes et politiques.
Mais l’immigration, qui a été la bête noire (!!!) du prédécesseur Donald Trump, est aussi passée au crible pour en éliminer des dispositions penchant trop vers la xénophobie (haine de l’étranger), voire le racisme.
Mais en dehors des intentions annoncées par le nouveau président des Etats-Unis et du thème sous lequel il annonce sa politique : l’Unité … le plus éloquent c’est surtout l’assemblée assistant le mercredi 20 janvier à l’investiture. Le spectacle était dans la salle, si l’on peut dire. Tous les derniers présidents élus (42e, 43e, 44e …), aussi bien républicains que démocrates, les vice-présidents aussi, y compris celui-là même de l’administration Trump, Mike Pence … pour remonter aux anciens présidents George W. Bush, Bill Clinton, Barak Obama, accompagnés de leur chère moitié, Jimmy Carter (96 ans) ne pouvant faire le déplacement, et au centre de cette assemblée : les sénateurs et représentants toutes tendances politiques confondues …

 

Trump éjecté comme un mauvais rêve …

Et bien sûr tout cela dans un rejet total, quoique discret, à l’égard du dernier maître des lieux, Mr. Donald Trump qui avait fait ses paquets avant le lever du jour pour filer en catimini vers sa retraite floridienne, ayant décidé de ne pas assister à l’investiture du gagnant des présidentielles du 3 novembre dernier et dont il n’a accepté qu’en toute dernière minute la victoire et encore du bout des lèvres.
Mais Mr. Trump est seul, avec sa rancoeur, puisque le vice-président Mike Pence a payé de sa présence, ainsi et surtout que le chef du bloc républicain au sénat, le sénateur Mitch McConnel qui a présenté au nouvel élu le cadeau symbolique de la part du grand corps.
Trump éjecté comme un mauvais rêve.
L’investiture du 20 janvier 2021 s’est voulue d’abord un coup de balai même symbolique par-dessus le choc du mercredi 6 janvier quand une armée de casseurs s’est abattue comme une nuée de sauterelles sur le Capitole, considéré comme le temple de la démocratie américaine, avec l’intention de se venger de ce qu’ils appellent le vol de la victoire électorale qui devait revenir plutôt, selon eux, à leur champion.
D’où leur surnom de ‘Trump Mob’ : voyous aux ordres de Trump !
Mais aussi ‘white supremacists’ (petits blancs racistes et d’extrême-droite), ‘terrorisme intérieur’ etc.

« La démocratie est précieuse, mais la démocratie est aussi une entreprise fragile … et qu’il faut travailler éternellement à parfaire » …

Or justement c’est pour s’éloigner aussi de ces épithètes aujourd’hui infamantes que tout ce que le même parti républicain compte de leaders (ex-présidents, législateurs de renom etc) se pressait également le 20 janvier 2021 sur l’esplanade du Capitole afin de bien marquer la différence.
C’est donc le renvoi de Donald Trump, comme on dit, à ses vieux démons.
Mais est-ce vraiment fini ?
Biden l’a compris : c’est un défi, dit-il, lancé à nos valeurs. Et la réponse, selon le 46e président des Etats-Unis dans son remarquable discours d’investiture se trouve dans « la réponse que nous saurons et que nous devons apporter contre les facteurs et les forces de division, parmi lesquelles le racisme systémique » c’est-à-dire inscrit dans le système lui-même.
En ajoutant : ‘et vous pouvez compter sur moi !’
Remerciant ses prédécesseurs des deux partis républicain et démocrate d’être à ses côtés, pour le président Joe Biden, c’est un test auquel est soumis le pays : « La démocratie est précieuse, mais la démocratie est aussi une entreprise fragile … et qu’il faut travailler éternellement à parfaire. C’est un long chemin. »
C’est aussi un discours qui fera date.
Outre que l’administration Joe Biden-Kamala Harris, vice-présidente, est condamnée à réussir car le ventre qui a enfanté le monstre … est peut-être encore fécond.

Marcus Garcia, pour Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince