PORT-AU-PRINCE, 30 Décembre – Difficile de ne pas avoir remarqué que Donald Trump est le président le plus mégalomane de toute l’histoire des Etats-Unis.
Entre parenthèses le mot signifie avoir la folie des grandeurs, être d’un orgueil excessif. Lui dont l’entreprise hôtelière s’appelle déjà : Trump tower. Comme les pyramides de l’Egypte pharaonique. Rien que ça.
Selon une dépêche de presse, aujourd’hui le 45e président des Etats-Unis qui continue à ne pouvoir digérer la récente défaite de sa tentative pour obtenir un second mandat, est à la recherche d’un aéroport international pour porter son nom. Pour perpétuer son nom.
Il aurait préféré quelque part dans le voisinage de sa nouvelle résidence principale. Sans doute pour qu’il puisse aller y pavaner plus souvent. Le président américain sortant a décidé en effet de laisser New York, où l’on ne rate pas une occasion de venir graffiter au front de sa Trump Tower : ‘Go home !’, entendez par là l’Etat de Floride qui a voté pour lui aux présidentielles du 3 novembre, et où il possède une sorte d’hôtel de plage intitulé Mar-a-Lago.’ Pas La Mare aux Diables de notre enfance mais pas loin !
Les suppositions s’arrêtent sur l’aéroport de West Palm Beach, une chasse gardée des milliardaires de Floride, comme un éventuel ‘Trump International Airport’.
Voilà.
Car son alter ego Jovenel Moïse ne peut rien pour lui à cet égard. Quand ni François Duvalier ni Baby Doc (après 29 ans de pouvoir absolu père et fils) n’ont un monument à leur nom. On croit savoir que la Constitution de 1987, celle dont notre actuel chef de l’Etat voudrait tant se débarrasser (et pour cause), a pris les devants, interdisant la consécration d’aucun monument public à un président encore vivant.


Car sur le plan de la mégalomanie, Jovenel Moïse ne le cède en rien à son allié (ou déjà ex-allié on ne sait trop) de la République étoilée.
En effet comment définir celui qui s’écrie dans un de ses discours les plus enflammés, pardon ‘endiablés’ : ‘Isit se mwen ki gen plis pouvwa apre Bon Dye ’.
Endiablés parce que, en effet, comme dit La Fontaine : on ne sait ‘quel diable le poussant.’
Cependant attention au proverbe : ‘Ayiti se tè glise’.
Dessalines, notre libérateur lui-même, a été assassiné pour avoir poussé la provocation trop loin : ‘Après ce que je viens de faire dans le Sud, si les citoyens ne se soulèvent pas, c’est qu’ils ne sont pas des hommes.’
Christophe, le bâtisseur du plus grand monument des Antilles (la Citadelle Christophe), se tira une balle au cœur.
Haïti n’aime pas ceux qui ont comme on dit la grosse tête …
Jusqu’à Papa Doc qui l’a compris : ‘Pour vivre heureux, vivons caché’.
On pourrait faire une exception pour le président haïtien Sténio Vincent (1930-1941), un maître de l’humour le plus grinçant, lui qui aurait dit : ‘Dans ce pays j’ai vu toutes les femmes sur le dos et tous les hommes sur le ventre.’
Peut-être qu’on n’en est pas tellement loin à nouveau aujourd’hui.
Amen.

Marcus - Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince