MIAMI, 3 Novembre – Le Halloween a été joyeusement fêté le mardi 31 octobre écoulé à Miami.
Qu’est-ce que le Halloween ? C’est une fête qui n’est pas de chez nous sous les Tropiques mais plutôt d’origine anglo-saxonne. Halloween ou Nuit de l’Horreur. On joue à se faire peur. Les enfants en raffolent. Donc également le petit écolier venu d’Haïti ou né de parents haïtiens. C’est le traditionnel ‘Trick r’Treat.’ Les enfants en bande vont de maison en maison en répétant cette formule et on leur donne des bonbons. Cependant ces dernières années la prudence est de rigueur, et les parents sont vus accompagnant eux-mêmes un peu partout leur progéniture habillée comme les plus horribles créatures du cinéma hollywoodien tel Dracula-Nosferatu ou plus près de nous ‘Freddie Krueger.’
Cependant le lendemain 1er novembre ici à Miami c’est jour de travail, contrairement à Haïti où c’est congé obligatoire de la Toussaint ou fête des Saints, ce n'est pas jour férié ici aux Etats-Unis et les Haïtiens ne sont point portés à faire la fête ou n’en ont point les moyens ; leurs rendez-vous préférés ce sont plutôt la Noel ; surtout le Thanksgiving (dernier jeudi de novembre) avec surtout la grande vente au rabais du lendemain ou Black Friday connu jusqu’en Haïti; bien sûr le 2 janvier jour des aïeux dans le calendrier haïtien, mais aussi le 4 juillet, fête nationale des Etats-Unis ...
Toutefois la soirée du 31 octobre ou Halloween est l’une des plus rentables pour le business d’animation populaire. Surtout à Miami, qui revendique chaque année davantage son caractère de métropole touristique. On connait déjà le succès du marché de l’art international. Avec le Miami Design District devenu le plus grand rendez-vous dans ce domaine.
Cependant ce succès ne serait pas aussi flamboyant sans l’entrée en scène d’une autre entité qui semble avoir la fête dans le sang, ce sont les hispaniques.
Aujourd’hui ces derniers sont partout. Dans tous les quartiers, même jusqu’ici les plus réservés qu’on trouve un bar-restaurant ‘hispanic.’ On y consomme, on y danse aussi le soir. Rien que de la musique sud-américaine bien sûr. Une véritable invasion. Mais réalisée c’est important, dans le respect de la loi et l’ordre.
Première conséquence : l’espagnol a presque déjà fini de détrôner l’anglais sur le marché de Miami.
Toutefois quelle ne fut notre surprise de découvrir qu’au département de la police de Miami Shores les renseignements destinés aux résidents sont en trois langues, dont le créole pour les Haïtiens.
Ce n’était pas toujours ainsi il y a quelque 30 ans.
Adieu Lili !
MIAMI, 1er Août – J’ai connu Liliane la journaliste … mais pas Liliane la journaliste la plus célèbre peut-être de toute l’histoire d’Haïti.
C’était les années 1970 sous la dictature. Elle était à Radio Haïti Inter et moi directeur de l’information de Radio Métropole après avoir occupé la même fonction à Haïti Inter.
Mais on se retrouvait elle et moi tous les jours parce que je faisais moi-même le boulot de ramassage des infos tandis que la toute jeune Liliane, surnommée à juste titre Lili, le faisait pour l’émission dont la big star s’appelait Konpè Filo (vrai nom Anthony Pascal).
Filo est le seul confrère que je pouvais jalouser parce que dans son créole inimitable il était la coqueluche des gens de Cité Soleil, à l’époque Cité Simone et seul bidonville connu de la capitale haïtienne.
Liliane m’attendait parce que je la ramenais en voiture, on a une différence d’âge d’une dizaine d’années.
Par exemple le lundi on faisait l’Hôpital général, le mardi les Recherches criminelles, le mercredi le Pénitencier national, et occasionnellement le Palais de justice etc.
On a donc largement le temps de se connaitre et surtout de rire des démêlés autour de nous parce qu’appartenant à deux stations concurrentes, se partageant le même public, et un public tellement passionné que c’est lui qui finalement donnait le tempo et semblant prendre plaisir à nous jeter dans des polémiques quasi perpétuelles.
Mon amitié avec Liliane me permit de ne pas céder à toutes les attaques d’Haïti Inter et surtout de Jando lui-même (Jean Dominique) qui a toujours voulu c’est le moins qu’on puisse dire, avoir le monopole de l’écoute.
Son slogan : ‘L’écoute intelligente’.
Je redoutais aussi que le gouvernement de Baby Doc ne profite de nos querelles … bien entendu.
Un Haut Conseil Sans Transition !
MIAMI, 8 Février – Le Haut Conseil de la Transition (HCT) a enfin été installé le lundi 6 février 2023. ‘Epi epi anyen’. La cérémonie d’installation a été un échange de politesses de part et d’autre comme il se doit. Mais aucun changement à l’horizon ; aucun plan ni stratégie pour nous sortir du bourbier. Aucune redistribution des cartes quand il est évident que l’équipe en fonction n’est pas à la hauteur du défi : comment empêcher la disparition pure et simple de la nation, quelles formules, quel plan, quels moyens ?
Il suffit pour cela de parcourir les discours des intervenants, principalement Mme Mirlande Hyppolite Manigat comme membre du HCT et le Premier ministre Ariel Henry investissant le Haut Conseil.
La seule décision (mais aucune confirmation officielle) semblerait celle par les trois membres du Conseil (composé de Mirlande Hyppolite Manigat - secteur politique ; Laurent Saint Cyr - secteur privé et Calixte Fleuridor, religions société civile) de choisir Mme Manigat du moins comme porte-parole, puisqu’elle a été la seule à prendre la parole.
Mais pour n’annoncer rien de bien particulier. Certes de grandes résolutions mais pas plus, qui plus est aucun plan nouveau, et encore nouveau s’il n’y en avait jamais eu ! Mais la réalité parle d’elle-même : Seuls les gangs qui font et défont. Et depuis plus d’une année sans désemparer.
Attendez, ne voyez pas là des reproches, c’est bien trop facile. Mais si le mot d’ordre c’est retroussons-nous, nous tous, les manches, encore faut-il commencer quelque part, un plan, une ébauche ?
Mais aucun jusqu’ici. Des résolutions ‘pa pil e pa pakèt’, mais rien que des mots. Or après tout le raffut qui a été fait autour de la naissance de ce Haut (si Haut !) Conseil de la Transition on était en droit d’attendre un petit peu plus, ‘mezanmi’ ?
Pour cela nous citons les deux principaux intervenants du lundi 6 février 2023.
Mirlande Hyppolite Manigat : Après les salutations d’usage : « J’en profite, au nom de mes collègues, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor, pour présenter nos plus vives et sincères félicitations à l’équipe indépendante de facilitation . Par son travail et son sens du compromis, elle a légué à la postérité un instrument que le pays n’oubliera pas de sitôt. »
(Attention Mme Manigat d’abord cela s’appelle ici : ‘plaider pour sa paroisse !).
Nous poursuivons : « Nous avons pris l’engagement de nous mettre au service du peuple. C’est désormais l’unique opportunité de mettre de côté ce qui nous divise pour prioriser la réussite de notre mission. Ainsi remercions-nous ces associations qui ont placé leur confiance dans notre patriotisme ». (Ici on reconnait l’accent à la Manigat !)
Plus loin : « Les prescriptions du Haut Conseil de la Transition sont clairement définies. Tout converge vers un seul objectif : créer un climat favorable à l’organisation de nouvelles élections dans le dessein de reconstituer les institutions démocratiques.
« Nous devons nous convaincre que la réalisation des élections est conditionnée par différents facteurs dont l’apaisement social et la sécurité assurée sur tout le territoire.
« A ce compte, nous du HCT en appelons aux forces de l’ordre pour qu’elles resserrent les rangs, en s’impliquant encore plus dans la lutte contre ce banditisme organisé, voué à la déstabilisation permanente de la société et à l’anéantissement des acquis démocratiques.
« Nous invitons avec tout le poids de l’autorité dont nous sommes investis, les amis de la communauté internationale à tenir les engagements qu’ils ont pris d’assister les organes de maintien de l’ordre dans la lutte contre la malveillance sociale.
« Trois grands chantiers nous attendent immédiatement : il s’agit du remaniement constitutionnel, du renforcement du système judiciaire et de la formation du Conseil électoral » (fin de citation).
Mille regrets mais comme on peut voir, il n’y a rien de bien particulier dans ce discours d’installation sinon que c’est bien écrit comme il se doit d’une personne aussi instruite et capable, mais rien que des mots, rien qui puisse rallumer l’espoir car c’est de cela d’abord qu’il s’agit face à la disparition annoncée. Bref ce n’est pas du Winston Churchill !
MIAMI, 5 Décembre – Le week-end du Art Basel (du jeudi 1er au samedi 3 décembre) a fait comme d’habitude courir tout Miami. C’est la plus grande foire internationale de l’art contemporain qui se tient chaque année sur tous les continents et début décembre à Miami Beach, Floride.
Pendant quelques années artistes et ateliers d’art faisaient également le voyage d’Haïti pour y participer.
Cette année aussi mais parait-il en privé. En tout cas rien n’a été signalé au sein même de la communauté.
Alors que celle-ci (la communauté haïtienne de Miami, Floride) est à ce niveau privilégiée. En effet, depuis plusieurs décennies a été construit en plein Little-Haiti, le plus beau centre communautaire haïtien jamais vu, le Little-Haiti Cultural Center, plus connu pour son architecture imitée du Marché en Fer de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, ou ‘Caribbean Market.’
Cependant ce samedi (3 décembre), jour où la foire est visitée par le public le plus large, la partie haïtienne était absente.
Plusieurs causes à cela.
L’absence de participation officielle d’Haïti. On connait les graves problèmes vécus actuellement par notre pays, certes.
Ensuite le Little Haiti Cultural Center n’a pas actuellement de direction administrative.
Donc l’espace est quasiment désert.
Or ce n’est pas seulement un lieu d’exposition où nos peintres et sculpteur(e)s aussi bien d’Haïti que de l’étranger, les uns pour leur célébrité, les autres leurs innovations, et de tous âges dont de jeunes étudiant(e)s d’écoles d’art ici à Miami y compris à l’initiative de membres de la communauté haïtienne, ont déjà défilé ; le Little-Haiti Cultural abrite également une grande salle de théâtre pourvue de tous les équipements modernes, y compris pour des cours d’arts plastiques ainsi que de danses (classique et modernes). En un mot ce qu’on ne trouve nulle part … ni en Haïti, ni ailleurs dans notre diaspora.
A Paris nous pouvons utiliser la Maison de l’Unesco mais ici comme dit le créole, ‘se chè mèt chè mètrès’, c’est à nous !
Par conséquent propice également à des échanges aussi bien en arts qu’en artistes avec des secteurs homologues en Haïti : ateliers de peinture, centres d’art, des villages comme Noailles et Camp Perrin, écoles de danse ou de musique, à la capitale comme en province : Jacmel, Cap-Haïtien, y compris Sans Souci-Milot au pied de la Citadelle etc.
Cependant, pour commencer Little Haïti, quartier né dans les années 1970-1980 avec l’arrivée des premiers ‘Haitian boat people’, est lui-même en voie de disparition. C’est sous la poussée justement des puissants ‘lobbies’ de l’art contemporain qui ont phagocyté une grande partie de la métropole floridienne. Dont une bonne partie du quartier haïtien. Au point que c’est grâce au combat acharné de quelques volontaires que Little-Haiti n’a pas tout simplement été débaptisé pour devenir … ‘Magic City’, plus au goût des multinationales d’art contemporain qui se soucient peu de social ni même de la culture proprement dite.
Cependant Haïti a son rôle à jouer. L’art haïtien ayant toujours été, comme on sait depuis les festivités du Bicentenaire de la ville de Port-au-Prince (1950), notre meilleur passeport.
Il s’agit de maintenir comme cela avait commencé, une présence culturelle régulière d’Haïti dans la communauté haïtienne de Miami, mais qui soit stratégiquement orientée vers tout le public et de-là au grand monde extérieur, cela en marquant régulièrement de cette présence toutes les activités les plus importantes comme justement le Art Basel et autres grandes foires internationales qui se multiplient presque toute l’année dans une ville devenue une plateforme ouverte sur tous les continents (Amérique latine, Europe …) mais aussi aujourd’hui … les riches émirats. Le Mundial n’a-t-il pas lieu à Qatar !
Ce serait un grand pas pour assurer l’avenir d’un pays qui de plus en plus pour ne pas dire de toute évidence … parait ne plus lui-même en avoir.
On pourrait même concevoir à partir de la position centrale du Little-Haiti Cultural Center dans la mégapole floridienne et vu déjà la grande réputation de l’art haïtien, une espèce de ‘Haiti-Art Basel’, c’est-à-dire reliant les créateurs haïtiens de partout entre eux … ceux de tous les coins du monde (Haïti bien sûr, USA, Canada, la République dominicaine et Cuba, Venezuela, Europe, les Antilles, la Caraïbe et … l’Afrique etc) avec leurs fanatiques de partout.
Nous sommes sûrs que la collaboration du gouvernement fédéral américain est déjà gagnée … ainsi que celle de nombreuses fondations privées.
(Editorial de Marcus Garcia)
MIAMI, 17 Octobre - L’éditorial du jour pourrait s’intituler Mikaben et c’est tout un pays qui le signe. Nous citons les uns après les autres :