Haïti Quel Meilleur Paradis Fiscal !!!
MIAMI, 5 Octobre – Commençons par dire que ce n’est pas comme Petrocaribe, scandale dans lequel certains dirigeants haïtiens sont accusés d’avoir détourné des fonds publics pour des projets qui n’ont soit jamais vu le jour, soit qui ont coûté cent fois moins que les montants chargés.
Il s’agit aussi de détournement mais des taxes que les individus en question ont choisi de ne pas payer ou à leur infime valeur.
Et qui trouveraient un bien meilleur usage dans leur utilisation dans les pays où ces millions ont été gagnés.
Nous nous expliquons. On n’a jamais entendu dire que l’ex-premier ministre britannique Tony Blair (véritable star dans son pays) a détourné des fonds publics …
Ni DSK (Dominique Strauss Khan), ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et ex-ministre des finances de France dans un gouvernement socialiste …
Cependant l’un et l’autre sont épinglés dans les Pandora Papers …
C’est quoi les Pandora Papers dont tout le monde parle cette semaine ?
Le nom vient bien sûr de la légende grecque dite la Boite de Pandore. Boite magique que celui qui l’ouvre ne sait pas ce qu’il doit en attendre. En bien ou en mal.
C’est une vaste enquête conduite de par le monde sur l’opacité des sociétés off-shore (appelées vulgairement paradis fiscaux), et par des associations de journalistes qui se sont mises ensemble pour aller faire les poubelles des plus grandes célébrités, aussi bien de la musique comme Shakira ou de la mode comme Claudia Schiffer que des chefs d’Etat ‘à vie’ comme le roi Abdalha (XX) de Jordanie, ou presqu’à vie comme un président russe Vladimir Poutine mais via une maitresse, ou maints chefs d’état africains qui n’investissent pas seulement dans les appartements chics à Neuilly-sur-Seine (Paris) ou autres …


Les Pandora Papers c’est le seul sujet de conversation cette semaine parce que faisant la une de tous les magazines bon marché, comme on dit la ‘press people’ ou romans de quai de gare, dont certains d’ailleurs financés par les mêmes magnats dénoncés …
Il s’agit donc de ‘stratagèmes financiers’ montés par ces nababs pour éviter de payer correctement les taxes dans les pays où sont réalisées ces fortunes.
Les fameux paradis fiscaux. Virgin islands, Caïmans Islands, Bermudas islands, où il est interdit de mettre les pieds à moins d’être multimillionnaire.
Bizarrement on ne voit pas de grandes fortunes américaines figurer dans ces révélations, en tout cas pas les GAFAM ou les 5 grandes entreprises de l’industrie numérique.
Réponse : les Etats-Unis ont condamné les paradis fiscaux.
Mais la vérité est que c’est pour créer leurs propres paradis fiscaux à sa manière. Par le jeu de la défiscalisation légale. Comment Jeff Bezos, multimilliardaire et patron de Amazon, peut-il ne pas payer de taxes certaines années ?
Réponse : pour avoir fait des investissements non rentables ces années-là.
Comme quoi, alors quoi n’importe quel père de famille en Haïti qui paie les frais scolaires pour des enfants qui n’apprennent rien en classe, c’est pas des investissements non rentables ?
Voire le président Donald Trump dont n’importe quel citoyen américain a payé plus de taxes que lui en 2016, l’année même où il devenait président des Etats-Unis.
Pourquoi avoir en effet besoin de paradis fiscaux quand on est si bien servi par soi-même ?
Mais le grand public sait tout ça. Ces Pandora Papers qui font tant de buzz cette semaine, restent un divertissement passager dans le metro à New York ou Boston, ou à Miami le ‘jitney’ qui vous conduit au boulot alors qu’il ne fait pas encore tout à fait jour et que votre esprit bourdonne de toutes vos obligations ici, plus le ‘transfert’ pour les parents en Haïti dont vous ne savez pas si les bandits qui sont partout à Port-au-Prince, ne vont s’en emparer.
Les journalistes n’ont pas force de loi, et donc cette Boite de Pandore accouchera probablement d’une souris, outre que tout ce monde-là a une bonne excuse. DSK a travaillé pour son argent en multipliant les conférences sur l’état économique de plus en plus déplorable de la planète (comme tout le monde sait déjà …), et Tony Blair ses conseils aux autres dirigeants du monde, tiens on se rappelle qu’il était dans les parages d’Haïti pendant l’administration Martelly-Lamothe (2011-2014) …
A ce moment-là il était bruit qu’Haïti allait peut-être ouvrir un paradis fiscal. Dans une de nos îles adjacentes (La Gonave, La Tortue ou l’île à Vache).
Mais le projet sera enterré à l’arrivée du président provisoire Jocelerme Privert. Il semble que le dernier premier ministre de l’administration Martelly, notre Evans Paul, lui en ait voulu à ce sujet.
Par ailleurs, l’ex-premier ministre Laurent Lamothe est cité dans les Pandora Papers.
Il répond dans une note de presse que c’était un choix des co-dirigeants de la compagnie à laquelle il appartenait (Global Voice Group), ‘entreprise multinationale couvrant 45 pays en Afrique et dans la Caraïbe’, mais dont il avait démissionné avant de devenir ministre des affaires étrangère puis chef du gouvernement haïtien.
De toutes façons, Haïti voici un pays qui n’a point besoin de paradis fiscal puisque nous l’avons toujours pratiqué avant la lettre.
Au point que ce n’est pas ne pas payer les taxes qui est difficile en Haïti mais c’est le contraire. Comment payer ses taxes, car c’est une épée de Damoclès avec laquelle le percepteur des contributions vous attend chaque année au tournant, mais sans que votre argent n’aboutisse directement dans les gorges profondes des dirigeants de l’heure ?
A moins d’un Papa doc qui se faisait déposer, dit-on, directement la somme et en argent comptant, au Palais National !!!

Marcus Garcia, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince