MIAMI, 8 Juillet - Deux approches de la même actualité. L’ambassade des Etats-Unis en Haïti faisant salle comble pour la réception du 4 juillet, jour de l’Indépendance, d’un côté tandis que de l’autre le premier ministre intérimaire Dr. Garry Conille est en train de faire le vide autour de lui et on ne sait trop pourquoi jusqu’au sein même de la structure qui l’a nommé, le Conseil présidentiel de transition.
En effet voici qu’on découvre, documents à l’appui, qu’il n’a non seulement point informé les 7 membres du CPT des objectifs de sa tournée aux Etats-Unis mais de plus qu’il les aurait lancés sur une fausse piste : une soi-disant visite d’inspection à l’ambassade d’Haïti à Washington …
Cependant voyage qui durera toute une semaine. Le premier ministre et sa délégation ont visité le Département d’Etat, la BID, la Banque centrale, l’OEA etc et aussi participé à une session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la crise en Haïti.
Pourquoi cette nouvelle crise dans la crise ? Quels sont les objectifs de Dr. Garry Conille ? Est-ce un cas … psychique ? Assiste-on à une sorte de défoulement ? Pour n’avoir pu terminer son premier passage à la tête du gouvernement en 2011 après l’élection de Michel Martelly ? On ne sait trop.
Toujours est-il que pendant ce temps l’Etat haïtien ne chôme pas vraiment, sauf que l’essentiel de la politique haïtienne se passe ailleurs. Oui à l’Ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince.
La réception à l’occasion du 4 Juillet a fait non seulement salle comble mais pendant que Conille est en train de faire le vide autour de lui, par contre jusqu’aux plus virulents critiques de la politique américaine en Haïti qui se pressaient autour de l’ambassadeur Dennis Hankins.
On mentionne spécialement l’ex-sénateur Moïse Jean Charles qui conduisit diverses manifestations de protestation contre la représentation américaine … Jusqu’à être déclaré persona non grata.
Mais comme par magie le visa américain du bouillant sénateur du Nord a été rétabli etc.
Conclusion : contrairement au premier ministre Conille l’administration américaine adopte une politique plus inclusive plutôt qu’exclusive voire exclusiviste.
Les ministres défilent, plus pressés les uns que les autres d’être photographiés avec le représentant de la première puissance de la planète …
Ce n’est pas pour rien. On n’est pas sous Papa Doc quand il aurait fallu une autorisation spéciale du chef ‘à vie’ de la Nation.
Bien sûr qu’on en profite pour évoquer les principaux problèmes de son ministère.
Chacun son tour !
Justement voici d’autres blindés qui débarquent d’un avion dépêché par le Pentagone.
Pauvre Conille qui perd d’une main ce qu’il espérait de l’autre.
Mais il y a peut-être (oui peut-être) encore plus significatif : selon les dépêches, lors de la rencontre la semaine derrière à Washington du Secrétaire d’Etat Anthony Blinken avec le Premier ministre haïtien, voici ce qui a été décidé : « Les Etats-Unis qui souhaitent que Haïti puisse organiser des élections libres et équitables, se sont félicités du déploiement de la mission internationale qui va aider la Police nationale haïtienne à reprendre le contrôle de Port-au-Prince. »
Voilà qui est clair et net. On ne doit pas rater le prochain rendez-vous électoral comme cela a été déjà le cas avec Ariel Henry (2021-2024) et le prochain président élu doit coute que coute entrer en fonction le 7 février 2026.
Pour cela il faut d’abord et essentiellement nettoyer la place de la racaille Viv Ansanm, 400 Mawozo, Louvri Baryè etc.
Alors que le premier ministre Garry Conille lui veut d’abord restaurer l’économie nationale c’est tout à son honneur et autres, probablement aussi procéder à une révision de la Constitution (cependant pas un mot à ce sujet dans la déclaration du secrétaire d’état américain !) bref refaire Haïti-Chérie, c’est-à-dire le boulot qui devrait être celui du prochain gouvernement élu.
Une affaire donc à suivre.
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 8 Juillet 2024