MIAMI, 10 Septembre – Les Haïtiens qui arrivent massivement aux Etats-Unis via le programme ‘Immigration humanitaire Biden’, n’ont pas attendu pour être intégrés, même contre leur gré, dans la campagne électorale qui fait rage actuellement dans le pays.

Alors que le candidat Républicain, l’ex-président Donald Trump, en baisse dans les sondages, doit faire flèche de tout bois c’est son colistier JD Vance qui lance une rumeur selon laquelle les Haïtiens sont des ‘mangeurs de chats’.

On sait de plus ce que Trump pense de notre pays lorsqu’il était à la Maison Blanche !

Cependant la presse américaine, la bonne, ne manque pas de réagir aussi. Nous lisons : « Des officiels à Springfield (OHIO) ont déclaré lundi qu’ils n’ont reçu aucune information crédible et vérifiable selon laquelle des immigrants haïtiens attraperaient des chats et autres animaux de compagnie, pour les manger. »

Cette rumeur n’avait cependant pas tardé à enflammer les réseaux sociaux - vite engrangée aussi par la campagne du candidat Républicain.
Et le jour même que les deux candidats aux présidentielles du 5 novembre prochain, la Démocrate Kamala Harris et le Républicain Donald Trump, allaient s’affronter (le mardi 10 Septembre) dans un face à face attendu sur toute la planète, voici le pauvre immigrant haïtien qui fait la une des médias sociaux comme voleurs et mangeurs pas seulement de chats mais tous les animaux domestiques imaginables : canards, oies, poulets, coqs etc.

Cela dans un pays où les chats ne sont pas gardés à la maison, différemment des chiens, mais errent partout dans le voisinage. Cependant pas trop loin de leur maitre - ou maitresse bien sûr. Comme la star Taylor Swift qui annonce son intention de voter Kamala - avec pour symbole … un chaton !

Ainsi la campagne Républicaine semblant à court de carburant, aussitôt la rumeur ‘Haïtiens mangeurs de chats’ parait en tête de sa machine de propagande.

Aussitôt l’information, comme on dit, devient virale, se répand littéralement comme un virus.
Jusqu’au président du réseau X (anciennement Twitter), le multimilliardaire Elon Musk, partisan (opportuniste-ment) de Trump, qui a vite fait de poster aussi cette annonce : ‘Please, votez pour Trump pour que les immigrants haïtiens ne vous dévorent pas … miam miam miam !’
Vous avez compris, voici l’Haïtien non seulement mangeur de chat mais tout bonnement : cannibale !


Mais heureusement encore une fois, qu’il y a aussi une presse sérieuse dans le milieu, pour renforcer la réponse des officiels de la ville de Springfield, Ohio : « Nous avons été contactés par des gens enquêtant sur la question mais nous n’avons reçu de nos administrés aucune plainte ni information de ce genre. »

Tout cela se passant dans une petite ville (Springfield, Ohio) perdue dans l’immense continent américain et où se sont établis en quelques mois entre 12 à 15 mille nouveaux immigrants haïtiens.

Or c’est pour le bonheur des entreprises locales qui désespéraient de trouver de la main d’œuvre dans une ville de Springfield ne comptant pas plus de 58.000 âmes.

Voici donc les patrons aussi bien que les officiels de la ville prenant publiquement position en faveur de ces immigrants pratiquement tombés du ciel et surtout qui ne rechignent pas à la tâche.

Toutefois Springfield (Ohio) c’est aussi une toute petite ville qui n’était pas prête à accommoder non plus un tel bond démographique. En même temps que les immigrants y viennent autant parce qu’il est possible de trouver un loyer moins cher que, par exemple, à Miami ou New York ou Chicago.

D’où apparition d’un important problème au niveau des services publics. L’année scolaire vient de commencer également et voici ces haïtiens pressés d’inscrire leurs enfants à l’école comme il se doit.

Il y a aussi les églises désormais pleines à craquer. Les services publics idem : immigration, permis de conduire, hôpitaux etc.

D’autre part et important à signaler : l’immigrant haïtien ignore si l’on peut dire la barrière raciale. Ouais ?

Nous pensons donc que c’est au gouvernement fédéral américain de jouer sa partition.

La même expérience a déjà été vécue autrefois, à Miami comme à New York, Boston ou Chicago.

Le programme ‘Immigration Biden’ ne peut pas se contenter de parachuter les gens au milieu des villes et communautés, sans aucune considération pour les conditions voire pour les mœurs locales.

D’autant plus que les Haïtiens n’ont pas l’avantage de la langue comme par exemple, les centaines de milliers d’immigrants latino-américains arrivant aussi par la même voie, alors que l’espagnol est la deuxième langue parlée aux Etats-Unis.

Il faut donc une coordination générale, dont seul Washington a la possibilité, alors qu’aujourd’hui tout passe uniquement par l’internet : inscription au programme, autorisation de voyager, etc. Tout cela est bien beau mais il y a l’atterrissage sur le terrain, et au milieu de populations plutôt surprises par les comportements de ces nouveaux arrivants. Comme encore ces Haïtiens qui peuvent parcourir de grandes distances à pied pour se rendre au travail et pour en revenir de la même façon.

Où trouveraient-ils en plus, me direz-vous, le temps pour faire la chasse aux chats et aux canards du voisinage ?

Il faut donc revenir, et c’est la tâche du gouvernement fédéral - au métier de ‘counselor’ comme autrefois.

A ce sujet la radio dite communautaire, peut jouer ici un excellent rôle.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 10 Septembre 2024