août 29, 2025 Vant Bef Info brèves VBI
L’ambassade des États-Unis en Haïti a exprimé, vendredi, sa vive inquiétude face à l’escalade de la violence des gangs armés, qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration sur sa page Facebook officielle, la représentation américaine compare l’action de ces groupes criminels à « un cancer qui détruit les maisons et les quartiers, tue des innocents et a provoqué le déplacement de plus de 1,3 million de personnes ».
Port-au-Prince, 29 août 2025. – Réaffirmant que la sécurité d’Haïti demeure une priorité, l’ambassade américaine affirme vouloir travailler « avec les Haïtiens pour rétablir la paix et la sécurité », tout en soulignant que « nous voulons la paix, contrairement aux gangs qui n’en veulent pas ».
Cette prise de position s’inscrit dans une série d’initiatives diplomatiques de Washington pour soutenir les efforts de stabilisation, en particulier à travers l’appui aux forces de sécurité, aux institutions démocratiques et aux organisations humanitaires.
En dénonçant ouvertement les agissements des gangs, l’ambassade appelle à une mobilisation accrue des autorités haïtiennes et de la communauté internationale. L’institution insiste sur l’urgence d’une réponse coordonnée face au déplacement massif des populations, à la destruction des infrastructures et à l’effondrement de l’ordre public.
Likenton Joseph
Vant Bèf Info (VBI)
Un crime d’une extrême brutalité a été perpétré le jeudi 28 août 2025 dans la commune de Boucan-Carré. La victime, Sabaël Ermilus, un paisible agriculteur, a été sauvagement assassinée alors qu’il venait s’occuper de ses bêtes et de son jardin. Des individus non identifiés l’ont lapidé à mort.
Selon des habitants de la zone ayant contacté notre rédaction, cet acte ignoble n’est pas un cas isolé. La commune fait face depuis quelque temps à une montée inquiétante de la violence, marquée par des meurtres commis selon des méthodes similaires. L’insécurité semble s’installer durablement, face à la détresse de la population.
La communauté locale réclame justice et appelle les autorités à intervenir plus rapidement pour identifier les coupables et restaurer un climat de paix. Ce nouveau drame vient encore alourdir le sentiment d’abandon ressenti par les citoyens de Boucan-Carré.
Haitichannelnetwork
KENSCOFF, samedi 30 août 2025 (RHINEWS) – La mairie de Kenscoff a annoncé l’interdiction de toute activité d’organisations non gouvernementales (ONG) ou d’acteurs externes sur son territoire sans autorisation officielle préalable, invoquant la nécessité de protéger la population et de renforcer la transparence dans la gestion communale.
« Toutes les organisations, ONG ou autres acteurs qui souhaitent intervenir dans la commune doivent obtenir une autorisation écrite de la mairie avant tout projet ou activité, qu’il s’agisse de distribution de nourriture, d’activités éducatives, médicales, sociales ou de tout autre projet de développement », précise la note officielle publiée par l’administration municipale.
Les autorités locales avertissent que « toute ONG ou organisation qui mènerait des activités sans le consentement de la mairie sera considérée en violation des lois locales et nationales ». Selon le texte, des sanctions pénales ou administratives pourraient être appliquées, la mairie affirmant que la législation sera « appliquée avec toute la rigueur nécessaire ».
La décision vise, selon la mairie, à protéger la population contre d’éventuelles dérives. « Cette mesure est destinée à prémunir les habitants contre des pratiques exploitant leurs besoins ou leur souffrance à des fins personnelles, ou encore contre toute tentative de manipulation », souligne la note.
L’administration municipale appelle également les habitants à la vigilance et à la coopération. « Nous demandons à tous les citoyens de rester vigilants, de ne pas participer à des démarches parallèles et de signaler toute activité suspecte ou toute ONG non autorisée », indique le communiqué, en insistant sur l’importance de la collaboration citoyenne pour garantir la sécurité et l’intégrité de la commune.
La mairie prévient qu’elle se réserve le droit de suspendre ou réviser les activités de toute organisation ne respectant pas les règles locales ou les principes de transparence et d’éthique. « Toutes les actions menées sans autorisation seront traitées avec rigueur », conclut l’administration municipale, qui dit compter sur la coopération des citoyens et des ONG pour bâtir une commune « sécurisée, transparente et respectueuse de la loi ».
Vant Bef Info brèves VBI
Dans un communiqué officiel publié samedi, le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, s’est félicité de la participation d’Haïti à la 15e édition du Festival des Arts de la Caraïbe (Carifesta XV), tenue cette année à la Barbade.
Port-au-Prince, le 30 août 2025. ‘Ce grand rendez-vous culturel régional a offert à Haïti non seulement une plateforme d’expression artistique, mais aussi une opportunité de rayonnement diplomatique à travers la culture.
Selon le communiqué, la décision de prendre part à cet événement a été mûrement réfléchie et guidée par une volonté de rigueur, de sobriété et d’efficacité. Elle traduit l’engagement du CPT et du gouvernement à promouvoir l’image du pays tout en assurant une gestion responsable des ressources de l’État.
Dans un contexte national difficile, marqué par l’insécurité et les urgences sociales, Haïti a fait le choix d’une délégation réduite, mais représentative. Ce choix symbolise à la fois les réalités du moment et la ferme volonté du pays de demeurer actif sur la scène régionale.
À travers cette participation, Haïti a réaffirmé sa détermination à :
rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire ;
organiser des élections libres, inclusives et crédibles ;
restaurer la stabilité démocratique ;
assurer la rentrée scolaire et accompagner le retour des personnes déplacées.
Coordonnée par les ministères du Tourisme et de la Culture, la présence haïtienne à la Carifesta XV a mis en lumière la richesse, la créativité et la résilience des artistes et artisans du pays. Le numéro 1 du CPT, M. Laurent Saint-Cyr, a rendu un hommage appuyé à ces femmes et ces hommes qui, par leur talent, ont offert à la Caraïbe une éclatante vitrine de l’identité culturelle haïtienne.
Il a également exprimé sa gratitude à la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, ainsi qu’au peuple barbadien, pour leur accueil chaleureux et leur contribution à la réussite de cette édition du festival.
« Vive la culture haïtienne, vive nos artistes et nos artisans, vive la Caraïbe ! », conclut le communiqué.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)
PORT-AU-PRINCE, samedi 2 août 2025 – Ce qui devait être une mission de soutien à la sécurité en Haïti s’est transformé en cauchemar. Miot Patrice Jacquet, vétéran de la marine américaine et responsable logistique pour Studebaker Defense, une entreprise militaire privée américaine, a été enlevé en décembre 2024 en Haïti. Depuis, lui et son cousin Steeve Duroseau, policier haïtien, sont portés disparus et sont « présumés morts », selon des sources policières haïtiennes de haut rang.
L’article, rédigé par Frances Robles, David C. Adams et André Paultre pour le New York Times, documente une opération chaotique de Studebaker Defense, dirigée par l’ex-général américain Wesley K. Clark, ancien commandant suprême de l’OTAN. L’article original est consultable ici : https://www.nytimes.com/2025/08/02/world/americas/haiti-studebaker-contractors-missing.html.
Engagée en septembre 2024 pour environ 150 000 dollars par mois par l’ancien Premier ministre Garry Conille — sans que la totalité du gouvernement haïtien ne soit informée — la société avait pour mission d’entraîner une unité spéciale de la police haïtienne à des standards internationaux. Selon Studebaker, son personnel a formé cette unité qui a permis la récupération d’armes et d’uniformes dans des zones tenues par les gangs. L’opération a même tenté, sans succès, de capturer un chef de gang notoire, Vitel’homme Innocent, pour lequel une récompense de 2 millions de dollars était offerte. Mais la tentative aurait fuité.
Les armes de type AR-15 assignées à l’équipe ont par la suite disparu. Selon la version officielle de Studebaker, ces équipements avaient été sécurisés et remis à leur interlocuteur désigné à la PNH. Mais d’après plusieurs sources policières haïtiennes, Miot Jacquet aurait temporairement stocké neuf fusils dans son SUV blindé BMW, garé chez lui, après la fin du bail de la villa louée pour les opérations. Il prévoyait de les restituer via son cousin policier, mais ce dernier a été enlevé le même jour que leur disparition. Le gardien de la maison, seul arrêté à ce jour, aurait été payé pour informer les ravisseurs de l’arrivée de Jacquet.
Selon l’enquête, Jacquet, qui avait servi à Guantánamo et dans la marine américaine pendant plusieurs années avant de travailler dans l’hôtellerie en Floride et à Port-au-Prince, n’a plus donné signe de vie depuis son enlèvement le 16 décembre 2024. Il aurait été intercepté par des hommes armés circulant dans un véhicule Toyota Land Cruiser offert à la PNH par le Département d’État américain, après être parti à la recherche de son cousin disparu. Son ami, qui l’accompagnait, a été blessé par balles mais a survécu.
L’affaire met en lumière les défaillances d’un partenariat entre un État fragilisé et une entreprise militaire privée dans un environnement corrompu. Des diplomates, responsables haïtiens et membres de la famille des victimes, cités sous anonymat par les journalistes, évoquent la possible implication de policiers haïtiens de haut rang dans l’enlèvement, en représailles à la tentative échouée contre Vitel’homme Innocent.
Le conseil présidentiel haïtien a ultérieurement accusé le Premier ministre Garry Conille d’avoir engagé Studebaker sans autorisation, entraînant son renvoi. L’entreprise a été priée de « suspendre ses opérations » deux mois seulement après son arrivée. Les relations entre les autorités haïtiennes et l’entreprise ont été rompues, sans plan de sortie clair.
Pour les familles des disparus, la responsabilité incombe à Studebaker. « Ils ont mené une opération bâclée », a dénoncé Isaac Jacquet, fils de Miot. « Ils auraient dû mieux sécuriser les armes », a renchéri Léon Charles, ancien chef de la police nationale et cousin de Miot. Il estime que les États-Unis devraient s’impliquer davantage, compte tenu du statut de citoyen américain de Jacquet et de sa participation à une mission officielle.
Le département d’État américain, qui a fourni près de 250 millions de dollars à la PNH depuis 2021, dont 159 véhicules, a reconnu que Haïti constituait un « environnement opérationnel complexe », soulignant que ses dons sont soumis à des contrôles stricts. Mais les experts, comme William O’Neill, rapporteur spécial des Nations Unies pour Haïti, relèvent un problème plus fondamental : « Il est extrêmement difficile de tenir ces entreprises de sécurité privées responsables de leurs actes ».
Studebaker, de son côté, affirme que son personnel a agi de façon professionnelle et rejette toute responsabilité. « Nous défendons l’intégrité de notre mission et la conduite irréprochable de notre personnel », a indiqué la société dans un communiqué.
Mais pour les proches de Jacquet et Duroseau, la vérité reste à découvrir. Aucun des deux hommes n’a été retrouvé à ce jour. Les familles continuent de demander justice, tandis que le silence des autorités haïtiennes laisse planer un doute inquiétant sur la capacité de l’État à protéger ses citoyens et à gérer les conséquences de l’externalisation de la sécurité à des acteurs privés.