MIAMI, 28 Septembre – Elections notre sport préféré ! En effet voici qui peut amener la cabale politique à marquer une pause : la mise en place du conseil électoral provisoire (CEP).
Le premier ministre Ariel Henry a annoncé lundi le renvoi de l’actuel CEP.
Existait-il réellement un conseil puisque celui-là avait été mis en place en dehors des prescrits constitutionnels comme nombre d’autres réalisations du défunt président Jovenel Moïse, de regrettée mémoire malgré tout.
Certaines des institutions appelées à participer à la formation du conseil électoral s’y étaient refusées on s’en souvient, y compris la Cour de cassation qui lui avait refusé sa bénédiction.
En tout cas l’idée n’est pas mauvaise en soi parce que c’est peut-être la seule décision prise depuis longtemps par le pouvoir en place, qui n’est pas contestée.
Parfait. Alors en avant !
La Primature a contacté les mêmes institutions pour désigner leur futur représentant dans un nouveau conseil, organisme de 9 membres. C’est un premier test qui témoignera du degré de sérieux des mêmes institutions. Entre l’engagement pour des élections honnêtes, et la tentation au contraire d’orienter ces dernières en faveur de son propre camp.
Cela promet une bataille furieuse, mais qui ici heureusement se déroulera en gros (‘je ront je’) dans les coulisses.
Test numéro 1) la rédaction de la loi électorale. Sa composition permettra tout de suite de juger de la compétence mais surtout de l’indépendance, vraie ou fausse, du nouveau conseil électoral. Car bien entendu les pressions seront fortes. Osera-t-on toucher dans cette loi au sacro-saint financement dont disposent les candidats (la fameuse caisse noire) ou bien seuls les déjà millionnaires, de plus aux dépens du trésor public, qui seront capables de l’emporter ? Encore une fois.
MIAMI, 22 Septembre – C’est devenu une actualité américaine et non plus haïtienne. Du fait d’ailleurs que les politiques haïtiens n’ont qu’une seule réaction : la soumission, pouvoir comme opposition.
Le premier ministre Ariel Henry se fait paternaliste : ‘lakay se lakay’, tandis que les organisations des droits humains, officielles et privées, protestent mais sans moyens d’action.
Par contre les images et vidéos de cowboys à cheval persécutant les migrants haïtiens sans défense essayant de traverser le Rio Grande coulant entre le Mexique et le Texas (USA), ont mis le feu aux poudres provoquant comme on dit une sorte de tempête à Washington contre l’administration démocrate au pouvoir.
Qui plus est, jusqu’au sommet du gouvernement lui-même.
Voici en effet la vice-présidente Kamala Harris qui se déclare indignée et demande une enquête.
Les porte-paroles du gouvernement y perdent leur latin, le président Joe Biden voyant ainsi gâcher l’effet attendu de son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies mardi (21 septembre) parce que à la sortie presque toutes les questions de la presse roulaient sur l’actualité de la crise migratoire ouverte par les persécutions exercées contre les migrants haïtiens à la frontière avec le Mexique (Del Rio, Texas).
L’émission View sous la direction de Whoopi Goldberg fait le tour du monde sur la toile. Viral comme on dit le choc devant ces cowboys s’amusant à effrayer ces pauvres familles, ces réfugiés noirs, tentant d’arriver aux portes du pays qualifié de ‘grand frère’ pour présenter une demande d’asile.
Biden réalise l’erreur qui a été faite en décidant sans réflexion, sans concertation, de sacrifier ces malheureux haïtiens à son opposition républicaine qui l’accuse de n’avoir aucune politique migratoire et d’avoir détruit les efforts dans ce domaine de son prédécesseur Donald Trump.
Pourtant ce n’est pas ce que dit une note envoyée à notre rédaction par l’Archevêque catholique de Miami, Mgr Thomas Wenski.
Nous lisons : « Jusqu’ici l’administration disait qu’il n’y a pas de crise migratoire. Même quand il y avait plus de 200 mille réfugiés attendant d’être reçus. Mais soudain 13 mille haïtiens se présentent et tout de suite il y a une crise migratoire. Une seule solution : c’est les refouler vers Haïti sans ménagement. Pourtant les cubains, nicaraguayens et vénézuéliens sont dirigés vers des points de détention latéraux pour être entendus. Est-ce cela, dit Mgr Wenski, le ‘Black Lives Matter’ »?
Mais s’il y a crise c’était plutôt mardi au Capitole à Washington.
Ladite crise migratoire haïtienne non seulement opposant élus démocrates et républicains mais qui plus est, les leaders démocrates entre eux.
La cheffe de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ouvre le feu exigeant immédiatement une enquête pour faire le jour sur ce ‘scandale’ tandis que le plus grand allié de Biden au congrès, le président démocrate du Sénat, Chuck Schumer, est ulcéré par ce comportement envers les réfugiés d’un pays dont tout le monde connait les problèmes qu’il traverse en ce moment. Frappé à la fois par un séisme de magnitude 7.2 qui a ravagé trois départements géographiques causant plus de 2.200 morts, une crise politique qui a rebondi avec l’assassinat du président de la république le 7 juillet dernier et des gangs armés tolérés par le gouvernement déchu et qui pillent et assassinent aux quatre coins cardinaux.
Lire la suite : Haïti divise le monde politique à Washington
MIAMI, 9 Septembre – Toute la presse reprend avec consternation une déclaration du gouverneur de la banque centrale d’Haïti (BRH-banque de la république d’Haïti), Mr. Jean Baden Dubois.
‘Heureusement, la BRH effectue des retenues sur les transferts d’argent de la diaspora. Sinon les réserves de la banque seraient à zéro’ a affirmé ce dernier.
C’est ce qui permet entre autres de financer les importations de produits pétroliers … dans un pays où toujours selon le Gouverneur Dubois, ‘les importations (de biens de consommation) ont atteint un nouveau pic de 3,4 milliards de dollars tandis que les exportations ne dépassaient pas 700 millions, il y a eu fort heureusement les transferts qui ont atteint, pendant les 9 premiers mois la barre de 2,7 milliards de dollars’ a poursuivi Jean Baden Dubois.
Or malgré tout, rien ne va plus puisque voici les banques commerciales dont on annonce qu’elles pourraient ne pouvoir travailler que trois jours de la semaine et des entreprises essentielles comme la téléphonie cellulaire (Digicel), éventuellement forcées aussi de réduire leurs activités, avec des retombées sur tout le secteur économique et social.
Causes principales : une nouvelle progression du banditisme qui peut forcer à l’arrêt de toute activité économique ; et d’autre part une rareté de carburant.
Ici mystère : l’agence responsable de l’importation des produits pétroliers (BMPAD) annonce de nouveaux arrivages et qu’il n’y a pas de rareté. Et pourtant les stations-service demeuraient fermées encore cette semaine.
Donc rareté provoquée ?
Reprenons un peu. La république entière vivant donc aux crochets de notre diaspora.
Si les transferts ne font pas un plongeon gigantesque actuellement, c’est bien triste à dire, mais c’est grâce au séisme …
Or les transferts de la diaspora sont eux aussi sujets aux mêmes problèmes qui affectent toutes les activités dans le pays. En premier lieu, l’insécurité incontrôlable.
Par exemple, des écoles privées que fréquentent des enfants de nos expatriés, voient leur clientèle réduite considérablement.
Soit les enfants rentrent aux Etats-Unis, soit les familles d’accueil se déplacent, de plus en plus, en République dominicaine voisine. Un gros manque à gagner pour l’économie locale.
Et si les fameux transferts ne font pas un plongeon gigantesque actuellement, c’est bien triste à dire, mais c’est grâce au séisme qui a mis à terre trois départements géographiques, et parmi les plus importants par leur valeur économique (café, élevage …) : Sud, Nippes et Grande Anse.
Et la diaspora une fois encore fidèle au rendez-vous.
Mais voilà une dépêche devenue virale ces dernières heures sur les réseaux sociaux, elle serait du président du Mexique, Mr. Andres Manuel Lopez Obrador, surnommé AMLO.
Premier chef d’Etat abattu par des étrangers sans aucune conséquence internationale
MIAMI, 30 Août – Il faudrait remonter aux temps les plus anciens comme l’assassinat, en 1914, de l’archiduc d’Autriche François Ferdinand par un nationaliste serbe, qui nous vaut entre autres le film Sissi l’impératrice avec Romy Schneider, pour voir un étranger tuer un dirigeant politique numéro 1, président ou souverain.
C’est si exceptionnel que l’événement figure dans l’Histoire comme un déclencheur de la Première guerre mondiale (1914-1918).
Le 7 juillet écoulé, le président haïtien Jovenel Moïse a été tué atrocement, criblé de douze balles, en sa résidence dans les hauteurs de la capitale haïtienne. Et, selon toutes les sources, aussi bien haïtiennes que étrangères, les assassins sont des colombiens.
Même s’il s’agit d’un complot qui pourrait comprendre aussi des haïtiens, ce sont uniquement des colombiens (au nombre de 7, croit-on) qui ont pénétré dans la chambre à coucher du dirigeant haïtien pour l’exécuter ainsi de sang-froid.
L’événement fait beaucoup de bruit sur le plan politique mais n’a pas encore été suffisamment analysé sur ce qui fait son unicité, son caractère unique : pourquoi des étrangers ?
Le président défunt entretenait-il des rapports particuliers avec des Colombiens ? Dans quel domaine ?
Mais contrairement aux conséquences du célèbre assassinat du dimanche 28 juin 1914 passé à l’Histoire sous le nom de l’’Attentat de Sarajevo’, Haïti n’a pas déclaré la guerre à la Colombie.
Ni la Colombie n’a présenté des excuses particulières à notre pays.
Serait-ce donc, numéro 1) que nous sommes tombés si bas ?
Ou s’agit-il d’un événement d’un ordre entièrement privé. En tout cas on n’a pas évoqué jusqu’ici la possibilité que le président Jovenel Moïse ait pu tremper dans le trafic de la drogue ou dans le blanchiment.
D’ailleurs l’enquête sur son assassinat n’a pas bougé depuis les quelques arrestations faites les premiers jours, dont celles de près d’une vingtaine de colombiens retrouvés pratiquement sur les lieux (trois ont été tués dans des confrontations avec les forces de police haïtiennes) et aussi de quelques ressortissants haïtiens mais en majorité détenant la citoyenneté américaine.
Ainsi donc peu de participation haïtienne proprement dite dans l’assassinat d’un président haïtien, précisons en exercice. Donc quoi de plus choquant, de sans précédent, renversant, y compris pour toutes les autres nations du monde civilisé comme cela devrait être ?
MIAMI, 27 Août – Port-au-Prince - Kaboul même combat. Oui c’est un jeu de mot trop facile. Et pourtant ! Car comme dit le créole : ‘piti piti zwazo fè nich li’, c’est lentement que l’oiseau bâtit son nid.
Dans l’actualité locale c’est une communication de l’Ambassade de France aux autorités en place pour rapporter des menaces reçues de la part d’un gang très actif dans la capitale haïtienne.
La section consulaire de l’Ambassade se trouve depuis toujours au centre-ville de Port-au-Prince (au Champ de mars).
Or voici, d’après la note qui circule dans la presse haïtienne (y compris en ligne), que des inconnus auraient contacté la mission pour réclamer d’être payés afin d’assurer la sécurité de ses membres, particulièrement ses ‘agents de sécurité.’
Selon la presse haïtienne, il s’agirait de la bande à IZO, tout puissant chef de gang de la localité dénommée Village de Dieu (Port-au-Prince), là même où des blindés de la Police nationale ont été mis en échec le 13 mars 2021.
L’Ambassade dit remettre son sort aux mains des autorités officielles du pays, principalement de la Police nationale.
Depuis quelques années, et phénomène renforcé sous la présidence du défunt Jovenel Moïse, lui-même assassiné dans sa résidence le 7 juillet écoulé, le pays est livré entièrement à un nouveau phénomène, une étape de plus dans sa transformation quasi inexorable en un Etat de non droit : l’occupation de portions entières du territoire national par ce qu’on appelle des ‘gangs armés’.
On a vu le pouvoir et son opposition se renvoyer constamment la balle, à savoir pour qui roulent les gangs ?
Le secteur privé a aussitôt été soupçonné de les utiliser pour protéger ses entreprises.
Aujourd’hui, avec la mort brutale du président, ces divers camps se retrouvent d’une certaine façon à égalité, vu la nécessité de rebattre les cartes, pour repartir.
Mais les gangs n’ont pas l’intention d’accepter le chômage forcé, serait-ce aujourd’hui la condition générale, renforcée par le séisme qui vient de frapper durement trois départements géographiques du pays qui sont des greniers alimentaires indispensables.