Refaire l’économie nationale ou disparaitre !
MEYER, 5 Mai – Le président américain Joe Biden vient de promettre 33 milliards de dollars en aide à la reconstruction de l’Ukraine.
Récemment le Sénat américain approuvait déjà 13, 6 milliards.
C’est la principale méthode choisie par les Etats-Unis pour faire face à l’invasion militaire de ce pays par sa puissante voisine, la Russie du président Vladimir Poutine.
Dans le même temps l’Union européenne, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, offre 10, 1 milliards d’euros au pays du président Volodymyr Zelensky.
Du côté du Canada, on annonce 245 millions ( ! ).
Haïti n’est pas impliquée dans le conflit russo-ukrainien sauf que force est d’avouer que les grands donateurs en question sont aussi ceux qui nous aident aussi, pour ne pas dire qui portent notre pays à bout de bras.
La dernière importante aide à Haïti annoncée par l’USAID se chiffrait au total, si l’on ne se trompe, à 24.4 millions de dollars.
Or Haïti est le même pays qui accumule aujourd’hui ‘300 millions de dollars de déficit de balance commerciale par mois’, selon un économiste crédible.
‘Nous importons pour 400 millions de dollars américains par mois et exportons difficilement pour 100 millions’, nous dit le PDG du Group Croissance, Kesner Pharel (cité par Fernando Live).
Par conséquent Haïti vit encore plus aujourd’hui qu’avant, aux crochets de la manne internationale.
L’aide la plus importante, et de loin, c’est celle qu’Haïti reçoit de la diaspora, de ses plus de deux millions de ressortissants sous tous les cieux …
Or les pays qui jouent le plus ce rôle à notre endroit sont également ceux le plus impliqués financièrement comme on vient de voir, dans la crise ukrainienne : les Etats-Unis (US-AID) et l’Union européenne (UE).
Bien entendu l’aide la plus importante, et de loin, c’est celle qu’Haïti reçoit de la diaspora, de ses plus de deux millions de ressortissants sous tous les cieux, spécialement aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique latine (République dominicaine, Chili, Brésil, Mexique …).
Par la faute de notre défunt président Jovenel Moïse qui obéissait au doigt et à l’œil à Washington, nous avons perdu l’aide importante, en pétrole ou/et autre, du Venezuela.
Selon la banque centrale d’Haïti (BRH), les transferts de la diaspora pouvaient totaliser jusqu’à récemment près de 3 milliards annuellement.
Autre conséquence de la crise ukrainienne, les prix de tous les produits importés explosent, à commencer par le pétrole ...
Et encore, une bonne partie de ce pactole disparait dans le circuit informel. Du fait que l’Etat lui aussi s’en sert pour couvrir ses déficits.
En effet devant la dégradation accélérée de la monnaie locale (plus de 109 gourdes aujourd’hui pour 1 dollar américain), le gouvernement a fait main basse sur le circuit des transferts en édictant de nouvelles règles pour leur recouvrement par le destinataire.
Réaction : un bon pourcentage passe désormais par le circuit informel. De la main à la main.
Outre que c’est aussi une possibilité de garder encore plus à l’extérieur et de soustraire au pays le dollar si important pour l’économie locale comme unique monnaie d’échange internationale.
En même temps que, autre conséquence de la crise ukrainienne, les prix de tous les produits importés explosent, à commencer par le pétrole.
Les longues files aux stations d’essence à Port-au-Prince et la grogne générale ne sont donc pas près de se calmer.
Bien entendu tout le monde connait les prédictions économiques pour le temps qui s’en vient. Récession sous tous les cieux. Y compris ceux qui sont la terre promise pour nos ‘expats.’ Etats-Unis en tête.
Première conséquence : restriction de l’immigration. A qui le dites-vous ?
Justement a déjà réapparu le fameux ‘Hamilton.’
C’est le nom du vaisseau des Gardes Côtes US qui dans les années 1980 faisait la chasse sans répit aux boat-people haïtiens.
Voici qu’à nouveau c’est plus d’une fois par semaine que l’on rapporte l’arraisonnement d’un vaisseau essayant de débarquer des illégaux haïtiens sur une côte proche de la Floride.
Seule solution c’est refaire l’économie haïtienne …
Cela en même temps que l’aide étrangère devant servir, disait-on autrefois, de ‘deterrence’ (dissuasion) se fait plus rare c’est du moins à prévoir.
Existe-t-il alors une solution … ou doit-on tous disparaitre ?
Oui une seule c’est refaire l’économie nationale. Sans tarder. Pas à pas. D’abord la production agricole en encourageant nos agriculteurs. Ceux de la campagne d’abord. Par tous les moyens. Comme objectif numéro 1. De façon à réduire les importations dans ce domaine que rien ne justifie sinon l’avidité insatiable des importateurs et de leurs complices dans l’administration publique.
Peut-on refaire l’ODVA, traduisez la grande production rizicole qui alimentait toute la République et du meilleur ?
Secundo, remettre sur pied la petite industrie locale qui était bien partie jusqu’à ce que l’Etat soit forcé par les institutions financières internationales (en contrepartie de l’aide étrangère car, comme dit le proverbe, on n’a rien sans rien, d’où il faut constamment lutter !), cela en augmentant les droits de douane pour protéger l’effort local et en ouvrant en même temps plus de crédit bancaire, bref ce qu’on appelle en économie la péréquation, mot qui a disparu du vocabulaire local. Au contraire la seule forme de crédit connue aujourd’hui c’est celui pour les importations mais remboursé immédiatement la vente effectuée. Autrefois cela avait un nom : coup de poignard !
Etc.
Voilà donc une rude bataille à mener si nous ne voulons pas tous disparaitre comme un seul homme.
A vous donc les jeunes. C’est autre chose que de passer votre temps à disserter sur le Web.
Rodrigue as-tu du cœur ?
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 5 mai 2022