Jean-Claude Duvalier est mort. Dans les rues et dans les foyers, la nouvelle n’a pas créé de grandes émotions. L’homme semblait à peine vivant. Et, depuis son retour, il s’était installé dans le paysage comme, déjà, un fantôme ou un anachronisme. Et, même si de nombreux citoyens haïtiens ont exprimé le regret que la mort, qui n’est pas une sentence, soit venue lui épargner la reddition de comptes pour des vies et des biens, nos vies, nos biens, nul ne s’acharne à vouloir jeter son cadavre aux chiens. Ce peuple qu’il a tant fait souffrir sait une chose que lui, et son père avant lui, avaient oublié : la mort devrait être naturelle et le repos paisible. Les Duvalier tuaient les vivants et les morts, n’avaient « d’ennemis que ceux de la Nation », traitaient leurs victimes « d’apatrides », leur interdisaient tombes et funérailles. La réception tranquille de la nouvelle de la mort de Jean-Claude Duvalier fait la preuve que les peuples sont meilleurs que leurs dirigeants : Duvalier est mort, Paix à son âme. Le problème avec l’âme, c’est que la preuve n’en est faite que pour ceux qui y croient. On pourrait remplacer le mot par « esprit » ou « motivation », ou encore « personnalité ». Si l’on tient à le garder, habitude oblige, en général on peut le faire suivre par des épithètes. De l’âme on peut dire par exemple que François d’Assise l’avait bonne et François Duvalier plutôt mauvaise, qu’il en est de pures et de sombres. A côté des crimes de sang et de ses hautes œuvres de prévaricateur, Jean-Claude Duvalier ne nous a rien laissé qui nous permettrait, modeste soulagement, de lui prêter une âme. Ses phrases les plus célèbres tiennent du ridicule. Son "pitit tig se tig"et son « ke makak la la pi rèd » ne témoignent de rien qui renvoie à l’idée d’une personnalité. On dirait un mauvais élève contraint de réciter sa leçon en public. La tragédie de l’héritier : Élu par son père, il hérite d’un pouvoir et d’un peuple en cadeau. Il l’accepte et devient ainsi pleinement responsable devant l’Histoire. C’est un « Je » tout puissant qui ne sait pas dire « Je ». Un déficit de langage qui reste au pouvoir quatorze ans, se prolonge sur vingt-cinq ans d’exil. Ce n’est qu’à son retour - merci Préval et vive la France ! – qu’on entendra vraiment « sa voix » nous demander, candide : « Qu’avez-vous fait de mon pays ? » Si derrière la candeur pointait l’outrecuidance, l’une des rares sorties de son insignifiance de cet enfant de soixante ans consistait à nous reprocher d’avoir cassé son jouet. Car, ne nous y trompons pas. Jouets, nous fûmes, et jeu fut son pouvoir. C’est ce que l’on a oublié de dire aux vrais enfants d’aujourd’hui, combien il était facile de mourir de cause pas naturelle, combien le luxe des uns s’étalait sans vergogne devant la misère des autres, combien l’Etat c’était « moi » et Mes supers ministres et Mes tontons macoutes au statut de mineurs, et Mon armée inféodée à Mon exécutif, combien Je pouvais tout prendre, tout requérir : voitures, femmes et guitares ; plages et immeubles, devises et biens publics… Et le décès du prince déchu n’interdit en rien de continuer de demander des comptes au régime, à ceux qui restent de ses sbires et thuriféraires, et de penser, sans complaisance, sa place dans l’histoire. Le duvaliérisme a jeté du pire sur le pire, le jean-claudisme fut les restes de ce pire, un micmac vide de sens : tout ensemble noiriste et mulatriste, technocratique et obscurantiste, sur fond d’arbitraire et de folles jouissances. Le propre des héritiers, quand ils sont au pouvoir, ne se limite-t-il pas souvent à ne savoir qu’en jouir ! Mais l’homme est mort, ne le tuons pas. Reste à savoir comment le pouvoir actuel gèrera sa dépouille. Tel communiqué pleure un « haïtien authentique » et suggère une nostalgie irrespectueuse de la mémoire des victimes de la fureur duvaliériste, et un principe de ressemblance très inquiétant pour notre avenir. Jean-Claude Duvalier est mort. Nous n’avons pas obtenu justice, l’histoire est ainsi faite. Que ses proches et ses amis le pleurent. Il faut supposer que toute personne ayant vécu a suscité l’amour et l’amitié au moins de quelques uns. Tout ce que nous demandons au pouvoir actuel, c’est de ne pas nous imposer sa dépouille et son passage comme ceux d’un héros, d’un homme de haute vertu. Ce sera mieux pour tous les morts. Pour lui que nous ne serons pas obligés de dénoncer à chaque acclamation, mais seulement à l’appel du devoir de mémoire. Pour Gasner Raymond, Auguste Thénor… les écoliers des Gonaïves… et tant de morts sans sépultures. Que ses proches me pardonnent ce jugement lapidaire. L’idée n’est pas de leur faire offense. Leur histoire avec lui n’est pas celle du pays ni du citoyen ordinaire. On leur laisse la leur, qu’ils nous laissent la nôtre. Pour l’Histoire, la grande, vient de mourir un ancien dictateur au teint très pâle qui ne fut rien qu’un héritier : sans pour autant l’innocenter, laissons le reposer dans son insignifiance. Lyonel Trouillot
Le Mardi 7 Octobre, le gouvernement haïtien a initié une rencontre avec les citoyens. Intitulée: Journée d’échanges du Gouvernement avec les citoyens. Certains ministres avaient été conviés à la journée et l’assistance se composait de gens originaires de diverses zones du pays. Les ministres avaient pour tâche, chacun dans sa sphère d’action de présenter les projets accomplis au cours de ces dernières années, tandis que le public pouvait prendre la parole et poser toutes les questions lui tenant à Coeur et concernant son patelin. Nous avons assisté à la seconde partie de la journée se tenant au Karibe Convention Center. Tour à tour les ministres de l’agriculture, de l’environnement, des travaux publics ont pris la parole, tandis qu’un représentant du ministère du tourisme, le directeur de l’UCLBP et un représentant de la Primature se sont succédés exposant les réalisations accomplies. Pour l’Agriculture le ministre Thomas Jacques a parlé de l’Appui donné à l’Agriculture Familiale. 21.000 tonnes d’engrais ont été subventionnés, 1000 tonnes de semence, 8 millions de bouture de Igname, patates, bananes distribués aux paysans dans le Nord Est, le Nord et le sud du pays. Un appui a aussi été donné à l’élevage des caprins… Puis le ministre de l’agriculture a cède la place à son collègue de l’Environnement, Jean François Thomas qui a mis l’accent sur les point forts de son programme: L’Education environnementale, la protection du Morne l’Hôpital, celle de la ville de Ouanaminthe, et la Campagne nationale de reboisement avec l’objectif suivant: Planter 116 millions d’arbres dans une période de 3 ans. Le ministre a aussi parlé e la champagne d’ensemencement aérien à partir d’un helicoptère dans la zone pilote de la Chaine des Matheux. Deux cent vingt millions de semences ont été jeté. Il a mentionné 40 pour cent de réussite. La germination a déjà commence. On en est à l’identification des plantules Un autre aspect du programme de protection de l’environnement est la surveillance environnementale qui est en plain déploiement dans la Grand Anse. En troisième position, c’était le tour du ministre des travaux publics, Jacques rousseau . D’entrée de jeu, il a mentionné les 400 projets de son ministère, et vu le temps accordé, il ne pouvait que parler de ceux tries sur le volet. La construction d’aéroport par exemple ( Port-au-Prince, cap Haïtien, Cayes, Ile à Vaches, Jérémie), celle des ports et des warfs de Petit Goave et de Jérémie. Le ministre Jacques rousseau a tenu à rendre hommage au Ministre des finances sans qui rien ne serait possible. Il a tenu à annoncer à la population que l’argent était disponible pour ces différents travaux qui allaient reprendre pour ceux qui avaient du être interrompus. Puis le représentant de la ministre du tourisme Andy Durosier a pris la parole pour parler des 4 axes du ministère: Réglementation, Formation, Promotion, Aménagement des sites, sans oublier la classification des hotels. Le directeur de l’Unité de Logement, Mr Harry Adam a parlé de la construction de logements pour les habitants de l’île à Vaches qui seront déplacés à cause du projet touristique. Ces petites maisons coûteront chacune $ 12.000 dollars pour un espace de 32 m2. Il a fait aussi mention d’un vaste projet de construction de sites et service à Tabarre, ainsi que du projet de logements à Bowenfield avec la construction de 600 logements financés par le Vénézuéla. Ce qui a surtout frappé tout au long de ces divers exposés, c’est que le financement a semblé déjà être disponible. Tantôt c’était des projets financés par la Banque mondiale, tantôt par Taiwan, tantôt par le Vénézuéla. Les représentants de ces divers ministères ne semblaient avoir le moindre doute à ce sujet. D’ailleurs le ministre à la Primature, Johny Célestin a fait un exposé sur l’accord Petro Caribe et sur les fonds disponibles. Mais revenons encore à l’exposé de Harry Adam qui s’est arrêté sur la construction de l’espace administratif du bas de la ville, confié à des grandes firmes de la place ( dont je ne vais pas mentionner le nom pour ne pas faire de la publicité pour elles) a t-il souligné. Le projet de la rue du champs de Mars doit être terminé d’ici 24 mois. Il s’est voulu aussi rassurant concernant la construction des deux viaducs qui sont en cours de réalisation et puis grande nouvelle: A la grande surprise du public le projet METRO CAB n’est pas un rêve lointain. Il est à l’étude avec ses nacelles pouvant contenir de 8 à 10 personnes et qui relieront la Cité Administrative au Sud, au Canapé Vert, à Delmas 2 et à Martissant. Puis le modérateur, Marcus a invité l’assistance à poser des questions. Et ils ne se sont pas privés posant chacun la question ayant trait à sa communauté, demandant pourquoi les porcs, les cabrits de Côtes de Fer sont ils décimés par cette épidémie sans que le ministère de l’agriculture ne fait rien . Vous dites subventionner le sac d’engrais, mais il se vend toujours à $ 400.00 dollars, ou comme ces jeunes entrepreneurs victimes de l’incendie du Champs de mars et qui aujourd’hui fabriquent des cercueils en utilisant le bois de l’arbre véritable pour le cerclage du cercueil.. Quel gaspillage ! Evidemment les responsables des divers ministères ne pouvaient trouver toutes les solutions, toutes les réponses. Ils ont été invités à monter sur les sites de certains de ces ministères et de poser leurs questions par internet. Et puis, il y aura d’autres journées d’échanges Gouvernement/Population ont promis les ministres. Retenez bien vos questions. Vous pourrez les poser à la prochaine occasion.
Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) informe que pour la semaine du 14 septembre au 4 octobre, environ 488 cas de cholera ont été enregistrés dans le département du Centre avec 331 hospitalisés et 5 décès. Le MSPP précise que durant cette année, le Département Sanitaire du Centre (DSC) a notifié 2265 cas de diarrhée aigüe ou suspects de choléra, dont 1362 hospitalisés et 15 décès. La tendance des cas a été toujours stationnaire, poursuit-il. Pour cette période, les communes de Hinche, Cerca Carvajal, Cerca la Source, Thomassique et Mirebalais ont été placées en alerte rouge, car elles ont notifié 162 des 177 cas au total du Plateau Central.
Mardi, le Premier Ministre, Laurent Lamothe, a laissé le pays à destination de Washington D.C. à la tête d’une délégation composée entre autres de Marie Carmelle Jean-Marie, la Ministre de l'Économie et des Finances, de Charles Castel, le Gouverneur de la Banque Centrale et de Benito Dumay, le Directeur Général de la Direction Nationale de l'Eau Potable et d'Assainissement (DINEPA) pour participer à l’Assemblée annuelle des Ministres des Finances des pays affiliés à la Banque Mondiale. Jeudi, la Délégation haïtienne participera à la réunion des bailleurs de fonds internationaux, qui se déroulera essentiellement autour de la problématique de l'eau et de l'assainissement et des solutions à y apporter. La délégation haïtienne, renforcée de la présence des Ministres de la Santé, des Travaux publics et des techniciens de la DINEPA, présentera un plan d'intervention et d'investissement pour les deux prochaines années, en vue de mobiliser les capitaux nécessaires pour l'augmentation de la couverture en eau et l'amélioration du niveau d'assainissement d’Haïti. Le plan global qui sera présenté, qui s’échelonnera sur une période de 10 ans, nécessite un financement de 310 millions dollars pour son exécution.
6 millions de francs seront restitués à Haïti, ont annoncé des autorités helvétiques. L'annonce est intervenue 48 heures après le décès de Baby Doc à Port-au-Prince. L'ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier, décédé d'un infarctus le 4 octobre 2014, était soupçonné d'avoir détourné ces fonds après sa chute du pouvoir en 1986. Le porte-parole du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) Jean-Marc Crevoisier a indiqué que "le processus était en cours pour la restitution des fonds de Duvalier à Haïti. Il assuré que les modalités de restitution étaient actuellement définies". Il a aussi confirmé le montant de l'argent bloqué en Suisse, soit 6 millions de francs. Dès 1986, les fonds étaient restés gelés en permanence, soit dans le cadre de l'entraide internationale en matière pénale, soit sur décision du Conseil fédéral. Fin septembre 2013, le Tribunal administratif fédéral (TAF) confirmait le blocage et la confiscation de ces avoirs, l'origine de la fortune de l'ex-dictateur et de son entourage ne faisant guère de doute. Finalement le 16 décembre dernier, la voie était libre pour la restitution des avoirs du clan Duvalier aux autorités haïtiennes, l'ancien chef d'Etat et ses proches eux-mêmes n'ayant pas recouru contre la décision du TAF. Ils n'avaient pas non plus contesté la demande de confiscation des biens qui avait été déposée en avril 2011 par le Département fédéral des finances (DFF). Selon les juges du TAF, M. Duvalier et son clan n'avaient pas démontré que l'accroissement de leur patrimoine n'était pas en relation avec l'exercice de leur fonction publique. Les conditions pour admettre l'origine illicite des fonds étaient dès lors remplies. Il faudrait que les fonds-Duvalier soient restitués à un coité à mˆme de le gérer convenablement au profit du peuple haïtien