L'ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier, surnommé "Baby Doc", et décédé samedi à Port-au-Prince, avait hérité du pouvoir de son père à 19 ans et perpétué une longue dictature dans le pays le plus pauvre du continent américain. Après un exil de 25 ans en France, le fils de l'ancien dictateur François Duvalier dit "Papa Doc", avait choisi le premier anniversaire du séisme meurtrier pour rentrer en Haïti. "Je suis venu pour aider", avait-il déclaré, à son arrivé à Port-au-Prince le 16 janvier 2011 après avoir embrassé le sol. Il en avait profité pour faire amende honorable faisant part de "sa profonde tristesse" pour ceux qui disent avoir été "à juste titre (...) victimes de (son) gouvernement". Chassé du pouvoir par une révolte populaire en 1986 après 15 ans de règne absolu à Port-au-Prince, M. Duvalier est resté une personnalité controversée même après un quart de siècle d'absence. Les autorités d'Haïti estiment que plus de 100 millions de dollars ont été détournés sous le couvert d'oeuvres sociales jusqu'à la chute en 1986 de "Baby Doc". Ces prélèvements systématiques sur des entreprises d'Etat notamment auraient été transférés en partie dans des banques suisses. Saisie depuis 1986, Berne a essayé d'accélérer la restitution des fonds Duvalier, surtout après le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010, mais s'est heurtée à la résistance en justice de la famille Duvalier. Ce n'est qu'en septembre 2013 que la justice suisse ordonne la confiscation des biens de l'ancien dictateur estimés à quatre millions d'euros. Par ailleurs, ce n'est qu'en février 2014 que la justice haïtienne décide d'ouvrir une enquête sur les crimes contre l'humanité "imprescriptibles" imputés à l'ancien dictateur, une victoire pour les nombreuses plaintes déposées en France comme en Haïti. Ce dernier avait fait appel. -Tontons macoutes- Jean-Claude Duvalier, né le 3 juillet 1951 à Port-au-Prince, ne semblait pas préparé, lors de son accession au pouvoir à l'âge de 19 ans, à diriger la première république noire des Amériques. Son père qui régnait depuis 1957 était mort le 21 avril 1971. Le lendemain, "Baby Doc" prêtait serment et devenait le plus jeune chef d'Etat du monde. Sa silhouette lourde, ses difficultés d'élocution, sa timidité, son visage lunaire et son goût pour les uniformes baroques n'ont pas donné de lui l'image d'un dictateur implacable, ni d'un technocrate tiers-mondiste. Témoin depuis l'arrivée de son père au pouvoir - alors qu'il n'avait que 7 ans - de toutes les intrigues, disgrâces, arrestations, exécutions, bombardements de palais et de 11 tentatives de coups d'Etat, Jean-Claude, selon ses intimes, a été profondement marqué par la violence. Il avait, à l'âge de 11 ans, échappé à un violent attentat au cours duquel trois de ses gardes du corps avaient été tués. Crédité même par ses pires ennemis d'avoir mis fin aux disparitions et exécutions sommaires, "Baby Doc" a tenté une timide libéralisation. Mais sur le fond, le régime restait le même: coupé d'un peuple jamais consulté démocratiquement, soumis au contrôle rigide de la milice "les Tontons macoutes" et surveillé par la vieille garde duvaliériste surnommés "les dinosaures". Pourtant, il avait changé la constitution, épuré l'armée et mis au pas les "Macoutes", prononcé en 1977 une amnistie générale, crée une ligue haïtienne des droits de l'Homme, et proposé des élections libres. Mais selon ses opposants, ce n'était là que des concessions faites aux exigences de la politique des droits de l'Homme de l'administration du président américain Jimmy Carter. Après son mariage avec Michele Bennett, riche héritière protestante et divorcée, issue de la bourgeoisie mulatre --c'est-à-dire symbole de l'ancien régime haï par les duvaliéristes noirs, catholiques et pauvres-- il avait freiné la libéralisation. La presse était revenue sous contrôle. Les quelques opposants restés dans le pays ont été assignés à résidence, entre deux séjours en prison. Emporté par une révolte populaire en 1986, "Baby Doc" avait été poussé à la démission par les Etats-Unis. La France avait alors accepté de l'accueillir, pour huit jours avait concédé le Premier ministre d'alors Laurent Fabius. L'ex-président allait en profiter pour vivre une retraite dorée dans de vastes demeures de la Côte d'Azur pendant 25 ans.
Une rumeur circule depuis quelques jours dans la capitale, qui laisse entendre que certaines Organisations Internationales et Agences des Nations Unies (ONU) chercheraient à recruter sur une base volontaire, du personnel de santé en Haïti, pour des missions en Afrique dans les zones contaminées par le virus Ebola. S’il est vrai que les Nations-Unies ont lancé un appel à la solidarité internationale dans la lutte contre cette terrible épidémie, il semble difficile à croire que des organismes internationaux cherchent à recruter en Haïti des ressources sanitaires, alors que le pays ne dispose pas de personnels qualifiés dans ce domaine. Ces informations ont néanmoins provoquées une vive réaction en Haïti des Ministres de la Santé (Dr Florence D. Guillaume), de l'Intérieur (Réginald Delva) et de la défense (Major Lener Renauld), qui dans un communiqué conjoint, s'opposent fermement à une telle pratique et y mettent une interdiction formelle en Haïti, par quelque agence que ce soit. Texte du Communiqué signé par les 3 Ministres : « Le Ministère de la Santé Publique et de la Population est étonné d'apprendre à travers les réseaux sociaux que certaines Organisations Internationales et Agences des Nations Unies feraient un appel à candidature pour recruter des volontaires haïtiens sur de courtes missions en Afrique dans les zones infectées par la fièvre Ebola. Dans sa mission d'assurer la protection de la santé de la population, dans un pays où les conditions socio-économiques et sanitaires restent encore précaires, et dans le respect du Règlement Sanitaire International orientant les pays sur les conduites à tenir en cas d'évènement de santé publique constituant des menaces pour les Etats comme c'est actuellement le cas de l'EBOLA, le Ministère de la Santé Publique et de la Population fait appel au bon sens de chaque citoyen, pour éviter d'effectuer des voyages dans les zones affectées et épargner d'autres situations plus dramatiques que celles que nous venons de vivre dans un passé encore récent. Le Ministère de la Santé s'associe au Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales ainsi qu'à celui de la Défense Nationale pour s'opposer à une telle pratique et y met une interdiction formelle en Haïti, par quelque agence que ce soit. Les Ministères de la Santé Publique, de l'Intérieur et de la Défense Nationale comptent sur tous les intervenants, chacun en ce qui le concerne, pour le respect scrupuleux de cette mesure et demandent d'utiliser le numéro 177 pour le partage d'informations sur toute dérogation observée ou vécue. »
Le Ministre de l’Agriculture et des Ressources Naturelles et du Développement Rurales (MANDR), M. Jacques Thomas et l’agent exécutif intérimaire de Pétion-Ville, en collaboration avec la Société « Goût et Saveur Lakay », ont annoncé l’organisation de la première édition d’une grande foire agricole sur la Place Saint-Pierre de Pétion-Ville ce samedi 4 octobre. Le MANDR finance cet événement à hauteur de cinq millions de gourdes. Cette activité sera dupliquée dans diverses communes du pays, une manière d’inciter les haïtiens à consommer « lokal », les entrepreneurs à exposer leurs produits. Cette initiative sera aussi l’occasion pour les visiteurs de découvrir la richesse culinaire et les saveurs « made in Haïti ».Mme Yvenka Jolicoeur Brutus, en a profité pour rappeler que la commune de Pétion ville s’était récemment doté d’un «Marché de Fruits et Légumes », qui constitue une première dans les annales de la ville. « Tchaka, Pizza à base de Lame Veritab, tonmtonm, Crémasse, Papita à base de Banane ou Lame, une variété de plats de Maïs entre autres, seront exposés à l’occasion a expliqué le ministre Thomas Jacques qui invite la population à découvrir ces saveurs locales. Par ailleurs, cette foire est mise en œuvre dans l’idée d’établir un partenariat permanent entre les agriculteurs et la grande distribution communément appelée « Markets ou Super-Markets », a ajouté l’Agent Exécutif Intérimaire, Madame Yvenka Jolicoeur Brutus qui mise sur la croisée Producteurs/Distributeurs pour une large conscientisation du public sur la variété et la qualité des produits agricoles haïtiens.
Les victims du régime Duvalier sont horrifiées Tant de souffrance, tant de peine pour se terminer ainsi: Le dictateur est mort dans son lit et aura des funérailles nationales. Ce lundi, Lucien Jura, le porte-parole de la Présidence a annoncé que le Gouvernement avait décidé d’organiser des funérailles nationales pour l’ancien Président Jean-Claude Duvalier « Cela devrait être des funérailles nationales, c'est ce que le protocole exige, car c'est un ancien chef d'État. Mais on ne sait pas encore si on va prendre la décision de mettre le drapeau en berne et de décréter le deuil national » Réagissant à cette décision, l’ancien maire de Port-au-Prince et ancien opposant à Duvalier, Evans Paul a déclaré « Sur le plan moral, il n'a pas droit à des funérailles nationales. C'était un dictateur qui a causé beaucoup de tort au pays [...] Mais si la loi dit qu'il doit avoir des funérailles nationales, on doit le faire. » Le gouvernement de la République Dominicaine a fait savoir qu’il ne serait pas présent, ne comptant pas assister aux funérailles du dictateur. Récupération des fonds de Duvalier Interrogé samedi soir sur la restitution des fonds de Jean-Claude Duvalier à Haïti, Jean-Marc Crevoisier, le Porte-parole du Département Fédéral des Affaires Étrangères (DFAE) a indiqué que « le processus était en cours [...] les modalités de restitution étaient actuellement définies, ». Il a confirmé que le montant de l’argent bloqué en Suisse était de 6 millions de francs (± 6.2 millions US$) Quand on pense au montant vole par Baby Doc et sa famille, on realize que tout l’argent a été dépensé. Mais est-ce que cela leur a porté Bonheur? Ça c’est une autre histoire. Baby Doc serait mort dans une situation plus que précaire. Quant à sa veuve, la dénommée Michèle Benett Duvalier? Roule t-elle sur l’or? Seule elle le sait. Et les soeurs du dictateur? Saura t-0n jamais? Mais ce que l’on sait pour sûr c’est que des milliers de pères et mères de famille ont perdu leur enfant, des milliers de femme leur mari, des milliers d’enfants leurs père ou leur mère. Rare sont les familles qui n’en sont pas sorties endeuillées pendant les 30 ans du règne de Papa Doc et de Baby Doc.
Jean-Claude Duvalier est mort. Dans les rues et dans les foyers, la nouvelle n’a pas créé de grandes émotions. L’homme semblait à peine vivant. Et, depuis son retour, il s’était installé dans le paysage comme, déjà, un fantôme ou un anachronisme. Et, même si de nombreux citoyens haïtiens ont exprimé le regret que la mort, qui n’est pas une sentence, soit venue lui épargner la reddition de comptes pour des vies et des biens, nos vies, nos biens, nul ne s’acharne à vouloir jeter son cadavre aux chiens. Ce peuple qu’il a tant fait souffrir sait une chose que lui, et son père avant lui, avaient oublié : la mort devrait être naturelle et le repos paisible. Les Duvalier tuaient les vivants et les morts, n’avaient « d’ennemis que ceux de la Nation », traitaient leurs victimes « d’apatrides », leur interdisaient tombes et funérailles. La réception tranquille de la nouvelle de la mort de Jean-Claude Duvalier fait la preuve que les peuples sont meilleurs que leurs dirigeants : Duvalier est mort, Paix à son âme. Le problème avec l’âme, c’est que la preuve n’en est faite que pour ceux qui y croient. On pourrait remplacer le mot par « esprit » ou « motivation », ou encore « personnalité ». Si l’on tient à le garder, habitude oblige, en général on peut le faire suivre par des épithètes. De l’âme on peut dire par exemple que François d’Assise l’avait bonne et François Duvalier plutôt mauvaise, qu’il en est de pures et de sombres. A côté des crimes de sang et de ses hautes œuvres de prévaricateur, Jean-Claude Duvalier ne nous a rien laissé qui nous permettrait, modeste soulagement, de lui prêter une âme. Ses phrases les plus célèbres tiennent du ridicule. Son "pitit tig se tig"et son « ke makak la la pi rèd » ne témoignent de rien qui renvoie à l’idée d’une personnalité. On dirait un mauvais élève contraint de réciter sa leçon en public. La tragédie de l’héritier : Élu par son père, il hérite d’un pouvoir et d’un peuple en cadeau. Il l’accepte et devient ainsi pleinement responsable devant l’Histoire. C’est un « Je » tout puissant qui ne sait pas dire « Je ». Un déficit de langage qui reste au pouvoir quatorze ans, se prolonge sur vingt-cinq ans d’exil. Ce n’est qu’à son retour - merci Préval et vive la France ! – qu’on entendra vraiment « sa voix » nous demander, candide : « Qu’avez-vous fait de mon pays ? » Si derrière la candeur pointait l’outrecuidance, l’une des rares sorties de son insignifiance de cet enfant de soixante ans consistait à nous reprocher d’avoir cassé son jouet. Car, ne nous y trompons pas. Jouets, nous fûmes, et jeu fut son pouvoir. C’est ce que l’on a oublié de dire aux vrais enfants d’aujourd’hui, combien il était facile de mourir de cause pas naturelle, combien le luxe des uns s’étalait sans vergogne devant la misère des autres, combien l’Etat c’était « moi » et Mes supers ministres et Mes tontons macoutes au statut de mineurs, et Mon armée inféodée à Mon exécutif, combien Je pouvais tout prendre, tout requérir : voitures, femmes et guitares ; plages et immeubles, devises et biens publics… Et le décès du prince déchu n’interdit en rien de continuer de demander des comptes au régime, à ceux qui restent de ses sbires et thuriféraires, et de penser, sans complaisance, sa place dans l’histoire. Le duvaliérisme a jeté du pire sur le pire, le jean-claudisme fut les restes de ce pire, un micmac vide de sens : tout ensemble noiriste et mulatriste, technocratique et obscurantiste, sur fond d’arbitraire et de folles jouissances. Le propre des héritiers, quand ils sont au pouvoir, ne se limite-t-il pas souvent à ne savoir qu’en jouir ! Mais l’homme est mort, ne le tuons pas. Reste à savoir comment le pouvoir actuel gèrera sa dépouille. Tel communiqué pleure un « haïtien authentique » et suggère une nostalgie irrespectueuse de la mémoire des victimes de la fureur duvaliériste, et un principe de ressemblance très inquiétant pour notre avenir. Jean-Claude Duvalier est mort. Nous n’avons pas obtenu justice, l’histoire est ainsi faite. Que ses proches et ses amis le pleurent. Il faut supposer que toute personne ayant vécu a suscité l’amour et l’amitié au moins de quelques uns. Tout ce que nous demandons au pouvoir actuel, c’est de ne pas nous imposer sa dépouille et son passage comme ceux d’un héros, d’un homme de haute vertu. Ce sera mieux pour tous les morts. Pour lui que nous ne serons pas obligés de dénoncer à chaque acclamation, mais seulement à l’appel du devoir de mémoire. Pour Gasner Raymond, Auguste Thénor… les écoliers des Gonaïves… et tant de morts sans sépultures. Que ses proches me pardonnent ce jugement lapidaire. L’idée n’est pas de leur faire offense. Leur histoire avec lui n’est pas celle du pays ni du citoyen ordinaire. On leur laisse la leur, qu’ils nous laissent la nôtre. Pour l’Histoire, la grande, vient de mourir un ancien dictateur au teint très pâle qui ne fut rien qu’un héritier : sans pour autant l’innocenter, laissons le reposer dans son insignifiance. Lyonel Trouillot