Après la récupération mardi soir, dans des circonstances non élucidées, du véhicule blindé que les bandits armés du Village de Dieu avaient confisqué lors de la tragédie du 12 mars dernier, la Police Nationale d’Haïti (PNH), se dit déterminée à récupérer les cadavres des policiers.
Port-au-Prince, le 17 mars 2021. C’est dans un message sur son compte Facebook que la Police Nationale d’Haïti se dit prête à récupérer les cadavres des policiers « tombés en héros » à Village de Dieu.
« La récupération du véhicule blindé, ce mardi 16 mars 2021, qui représentait un danger pour la population, constitue une première étape », écrit la PNH.
La note précise que les bandits seront poursuivis jusqu’à leurs derniers retranchements, ajoutant que ces « abominables crimes commis à l’encontre de l’institution policière ne resteront pas impunis ».
Lançant un appel à la sérénité, les forces de l’ordre soutiennent que les complices de ces actes seront arrêtés puis traduits devant la justice.
Il faut dire que la récupération du véhicule blindé, dans des circonstances non élucidées, a suscité pas mal de frustrations chez les membres de la PNH qui estime que le haut-commandement accorde plus d’importance à ce matériel qu’aux corps des policiers tués dans l’exercice de leur fonction.
Ils exigent que soient punis, les coupables du fiasco du 12 mars, soldé par la mort d’au moins 5 policiers et la confiscation, par les bandits du Village de Dieu, de plusieurs matériels dont des armes, des munitions ainsi que le véhicule blindé, qui a finalement été récupéré.
Mardi soir, l’inspecteur général Carl Henry Boucher, a été placé en isolement, après avoir été auditionné à l’inspection générale autour de sa responsabilité dans l’échec de l’opération.
Il a affirmé ce mercredi sur Radio Caraïbes, qu’il n’est pas responsable de ce qui s’est passé.
Le coordonnateur du Syndicat de la Police Nationale d’Haïti, Jean Helder Lundy soutient que ce sont tous les responsables de cet échec qui doivent assumer les conséquences.
Vant Bèf Info (VBI)
CHRONIQUE
Exterminate all the Brutes de Raoul Peck
Aux sources de la haine raciale
Une Chronique signee : CHANTAL GUY
Parue dans le qotidien La Presse au Canada
Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire d’Haïti, une colère sourde est née en même temps, qui ne s’est pas estompée à ce jour. Je visitais le Musée du Panthéon national haïtien à Port-au-Prince, découvrant l’extermination des peuples autochtones de l’île, rapidement remplacés par les esclaves capturés en Afrique, les conditions de vie atroces, les chaînes, la révolte, Toussaint Louverture, la bataille pour la liberté et la dignité humaine, la cuisante défaite de Napoléon qui a voulu rétablir l’esclavage, l’indépendance d’Haïti en 1804…
Pourquoi m’avait-on appris l’histoire des révolutions américaine et française, mais pas celle qui a mené à la première République noire des Amériques ? Poser la question, c’est y répondre.
La révolution haïtienne, que le cinéaste Raoul Peck estime être la seule à avoir passé le test des prétentions universalistes des deux autres révolutions que l’on célèbre, a été systématiquement minimisée, voire gommée des livres d’histoire en Occident, nous privant encore aujourd’hui de la compréhension du monde dans lequel nous vivons. Elle ne cadre tout simplement pas dans la narration que les dominants ont construite et Haïti continue de payer le prix fort pour cette audace qu’on devrait célébrer.
Et c’est cette narration que s’applique à déconstruire Raoul Peck dans la formidable série documentaire de HBO Exterminate all the Brutes, qui vient d’arriver sur Crave.
Le cinéaste globe-trotter, qui a vécu notamment en Haïti, en République démocratique du Congo, aux États-Unis et en Allemagne, ratisse large et sur plusieurs siècles pour nous offrir en quatre épisodes une histoire qu’on refuse de se raconter, et qui remonte aux sources de la pensée suprémaciste blanche.
Car comment est née cette idée tordue et malade qu’il existait des races supérieures et inférieures, idée qui ne tient pas la route sur le plan scientifique, mais qui ouvre la porte aux pires exactions contre les êtres humains ? Comment comprendre l’histoire des États-Unis, si on oublie qu’elle s’est forgée sur le génocide des Premières Nations et l’esclavage des Africains ? Comment expliquer la domination qu’a exercée l’Europe sur le monde, si on fait fi de la colonisation et de l’exploitation imposées par la force dans tant de pays auxquels on a cru apporter les bienfaits d’une prétendue « civilisation » ? Encore aujourd’hui, nous pensons en termes de civilisés et de barbares, d’où le bien-fondé d’une série comme Exterminate All the Brutes.
Raoul Peck, certainement l’un des cinéastes les plus engagés de notre époque, a connu une renommée internationale assez tardive lorsque son extraordinaire documentaire I Am Not Your Negro, inspiré des écrits de James Baldwin, a été finaliste aux Oscars en 2017. Je l’avais rencontré à Montréal pour la sortie du film Le jeune Karl Marx, dans lequel il voulait rappeler au monde la pertinence de la pensée de Marx et Engels, qui ont écrit le Manifeste du Parti communiste alors qu’ils étaient dans la jeune vingtaine. « On prétend connaître notre histoire, m’avait-il dit. Mais en fait, on baigne dans l’ignorance, la propagande et la déformation. Je voulais faire un film de cinéma, mais aussi un film utile, qui permet de susciter des discussions politiques, que les jeunes puissent aller voir, que les professeurs puissent montrer. »
C’est exactement ce qu’est Exterminate all the Brutes, qui pourrait bien être pour la colonisation et l’impérialisme ce que Nuit et brouillard d’Alain Resnais a été pour l’horreur nazie.
Peck a expliqué dans plusieurs entrevues que la barre était haute après I Am Not Your Negro. Il a constaté avec agacement que les questions soulevées par Baldwin ne semblaient appartenir qu’à la réalité étatsunienne pour certains publics non américains,
alors qu’elles s’adressent à tous. La chaîne HBO a donné carte blanche au réalisateur pour ce projet qui mêle l’histoire, la réflexion personnelle, des images d’archives et du cinéma hollywoodien qui a colonisé les esprits, des scènes d’animation et des reconstitutions historiques où le comédien Josh Hartnett joue l’homme blanc générique qui commet des atrocités en se protégeant mentalement par les validations religieuses, pseudoscientifiques et idéologiques construites sur des siècles pour asservir ses semblables.
Mais le prix à payer n’est rien de moins que l’annihilation de sa propre humanité, car le titre de la série est tiré de paroles prononcées par Kurtz, sombre personnage devenu fou dans l’enfer colonial du Congo dans le célèbre Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Peck s’appuie aussi sur les œuvres d’amis intellectuels qu’il désigne comme des coauteurs de son documentaire, parce qu’ils lui ont permis de penser en dehors de l’histoire officielle : l’historien suédois Sven Lindqvist, qui a justement écrit Exterminate All the Brutes, où l’on remonte à la source des génocides, l’historienne américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, auteure d’An Indigenous People’s History of the United States, et l’anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot, auteur de Silencing the Past – Power and the Production of History.
Avec ces trois auteurs, Raoul Peck peut renverser les mythes tenaces, comme celui de la « découverte » de l’Amérique par Colomb ou d’un continent vierge et sans peuples comme le continent américain où 90 % de la population qui y vivait a été décimée avec l’arrivée des colonisateurs, alimentant par la bande un autre mythe, celui des États-Unis comme pays d’immigrants, alors qu’il était déjà occupé, et que les droits des Premières Nations et des Noirs y ont été bafoués.
Raoul Peck se met aussi en scène dans son documentaire, en tant qu’immigré venu d’un shithole country, comme l’a dit un certain président américain, et pour qui « la neutralité n’est pas une option ».
En fait, ayant vécu aux quatre coins du monde, il s’interroge sur son identité dans cette histoire qui continue de s’écrire avec du sang. « La connaissance est le pouvoir, mais l’Histoire est le fruit du pouvoir », dit-il.
Cette forme hybride de documentaire donne un résultat à la hauteur d’un sujet si vaste et si profond qu’on ne le voit plus, ou si douloureux qu’on ne veut pas le voir. En fait, c’est un pamphlet, et en filmant les camps vides à Auschwitz où des millions de Juifs ont été exterminés ou en rappelant le génocide rwandais, Raoul Peck dit que le problème n’est pas le manque de connaissance, mais plutôt que personne ne veut admettre ce que tout le monde sait.
On n’a pas pu me confirmer si la série serait bientôt offerte en français chez nous, mais on l’espère vivement, car Exterminate All the Brutes appartient à ces œuvres qui doivent circuler et rejoindre le plus grand nombre. Parce que c’est tout simplement l’histoire de l’humanité montrée sans fard.
Exterminate all the Brutes, sur HBO.
NOTE DES ASSOCIATIONS ET CHAMBRES DE COMMERCE
Note des Associations & Chambres de Commerce Port-au-Prince, le 14 Avril 2021 Les associations patronales du secteur privé condamnent avec virulence les actes criminels de ces derniers mois et particulièrement, l’hécatombe en vies humaines dont les nombreux assassinats, attaques armées et enlèvements de membres de la société civile. Force est de constater que malgré les appels répétitifs pour le rétablissement de l'État de droit et la sauvegarde de la vie humaine, les autorités semblent dans l'incapacité d'assurer ces droits fondamentaux qui sont la sécurité et la vie. Le secteur privé constate qu'en dépit de tous ses efforts pour continuer à fonctionner, créer des emplois et générer des revenus fiscaux, il est arrivé aujourd’hui à un niveau de saturation sans précédent. Nous faisons face à une vague de kidnappings et d’insécurité devant laquelle nous sommes impuissants, étant à la merci de bandits sans scrupules qui font la loi et dictent la vie nationale. Personne n'est à l'abri, personne ne bénéficie d'aucune protection des autorités. Où qu'il soit et quoi qu'il fasse, chaque citoyen est une cible. La Police Nationale d’Haiti fait son travail avec des moyens trop faibles pour lui permettre de nous assurer un minimum de sécurité. Il est temps que les responsables de l’institution policière se mettent à l’écoute des experts et des expériences passées en matière de lutte contre la criminalité. Les solutions existent. Il est impératif que les autorités concernées prennent les mesures adéquates afin d’éradiquer la vague de criminalité à laquelle le pays est confronté depuis trop longtemps et à côté de laquelle aucune activité durable ne peut cohabiter. Le secteur privé s'unit pour exiger des autorités publiques concernées qu’elles prennent leurs responsabilités une fois pour toutes en faisant ce qui est nécessaire afin de permettre à la population de vivre une réalité dont seront exclus l’insécurité, le crime et le kidnapping. C’est pourquoi les associations patronales du secteur privé ont décidé de soutenir et d’encourager les entreprises à observer une journée de fermeture ce jeudi 15 avril, en signe de solidarité avec les victimes de ces actes crapuleux et leurs familles. __________________ __________________ ____________________ _________________
Laurent Saint-Cyr
PRESIDENT CCIO
Christelle Vaval
VICE-PRESIDENTE AM CHAM
Geoffrey Handal
PRESIDENT CFHCI
Wilhelm Lemke
Président ADIH
RAINA FORBIN
Président ATH
Michelle Mourra
Présidente CCHCI
Carl Frédérc Behrman
Président AAIVM
1) Hérard ABRAHAM: lieutenant-général retraité, ancien commandant en chef des FAd’H, ancien ministre des Affaires étrangères et des Cultes, ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense nationale ;
2) Prosper AVRIL: lieutenant-général retraité, ancien chef d’État haïtien (17 septembre 1989 10 mars 1990 ;
3) Mondésir BEAUBRUN : général de brigade retraité, ancien ministre de l’Intérieur et d Défense nationale ;
4) Pierre H. CHERUBIN: général de brigade retraité, ancien membre du haut état-major des FAd’H ;
5) Gérard LACRETE: major-général retraité, ancien membre de l’état-major des FAd’H ;
6) Jodel LESSAGE: lieutenant-général, commandant en chef des Forces Armées d’Haïti ;
7) Fritz ROMULUS: général de brigade retraité, Forces Armées d’Haïti ;
8) Acédius SAINT-LOUIS: général de brigade retraité, ancien commandant du Camp des Léopards des FAd'H, ancien ministre de l'Intérieur et de a Défense nationale.Les membres du Bureau des Officiers Généraux se sont réjouis de la mise en place de cette structure. Ils se disent prêts avec collaborer avec le Ministère de la Défense conformément au vœu de la loi et inscrivent leur participation à cette structure comme un appel du devoir auquel ils ne sauraient se dérober.La mise en place du BOO représente une étape importante dans le fonctionnement régulier du ministère de la Défense.Il est important de souligner que le fonctionnement actuel du BOG participe de la détermination du ministre Dorneval de renforcer les structures du Ministère de la Défense. Bien avant le BOG, les structures suivantes ont été mises sur pied :
Ces organes et structures, avec les Forces Armées d'Haïti (FAd'H), permettront au Ministère de Défense de mieux répondre à sa mission constitutionnelle.HL/ HaïtiLibre
Le président de la République Dominicaine qui se trouve en Espagne a demandé un soutien international pour résoudre le problème haïtien.