L’espwa serait définitivement mort. Place à l’UNITE, telle est le bruit qui circulait lundi pendant toute la journée dans la capitale haïtienne. Les abords du CEP cependant étaient restés plutôt calme et on attendait que vienne s’inscrire ce nouveau parti qui aurait pour nom UNITE. En feraient partie des journalistes, des parlementaires en fin de mandat, des ex-ministres. Ils auraient appartenu à diverses tendances et auraient répondu OUI à la sollicitation du président de la république de venir constituer ce parti formé toute en dernière minute et qui aurait reçu le nom de l’UNITE.
Des adversaires, réputés hier encore farouches, du chef de l’État se laissent aujourd’hui entraîner par le courant. Presque tous les partis et regroupements politiques sont victimes de cette fuite en avant. Le pasteur Chavannes Jeune, a avoué que plusieurs élus de l’Union, dont cinq députés et un sénateur proches de l’UNCRH, ont exprimé l’intention d’abandonner son organisation. Des noms sont cités, dont ceux du sénateur et ancien questeur Fritz Carlos Lebon (Sud), et des députés Guy Gérard Georges (Torberck-Arniquet) et Laurore Édouard (Lazile). La Fusion des sociaux-démocrates haïtiens (Fusion), déjà en pleine crise de leadership, serait la deuxième organisation politique la plus frappée par cette vague de conversion. Bon nombre de ses élus, surtout à la Chambre basse, l’auraient abandonnée pour rejoindre la plateforme présidentielle. Le nom du président du bloc Fusion à la Chambre des députés, Maxeau Balthazar (Belle-Anse), est cité. Marie-Denise Claude, ancienne candidate au Sénat de l’Ouest pour la Fusion, aurait déjà reçu la bénédiction du nouveau Parti. L’Organisation fanmi lavalas (OFL), dont l’inscription pour les prochaines élections est acceptée sous réserve au Conseil électoral provisoire (CEP), aurait perdu son candidat pour le Sénat dans le Nord. Nahoum Marcellus se serait mis dans le courant UNITE. Un autre parti qui a perdu des plumes est le Konbite pou Bati Ayiti ( Konba). Au cours de la semaine écoulée, un remaniement a été effectué au sein du directoire de Konba, après la révocation du secrétaire général Carlo Clément. Il aurait été reproché à ce dernier d’avoir conclu, de son propre chef, un accord avec le chef de l’État en vue de l’intégration du parti au sein de la plateforme présidentielle. Le sénateur William Jeanty (Nippes) est le nouveau secrétaire général de Konba.
Le 18 Novembre dernier le Président de la répubique qui, le matin, avait assisté aux cérémonies commemoratives de l’anniversaire de la bataille de Vertières partait pour Miami pour un contrôle médical . C’est ce qu’annonçait une note du secrétariat de la présidence signée de Mr Fritz Longchamps. Depuis on était resté sans nouvelle du chef de l’état quand, le dimanche 22 Novembre, jour fixé par son retour, une rumeur de plus en plus persistante se mit à courir sur internet, dans les foyers, et que les téléphones se sont mis à sonner à vous donner le tournis et chacun avait la mème question à la bouche: as-tu des nouvelles du président? On dit qu’il serait mort.
Oui. Rien que ça. Qui a inventé cette rumeur? Quelle en est l’origine? Et surtout pourquoi? Et il a fallut la fin de l’après-midi de ce dimanche 22 Novembre pour voir le président sur la piste de l’aéroport à sa descente d'avion. Il faut dire aussi que ce 22 Novembre, un autre président avait été victime d’un attentat qui lui avait coûté la vie et que la face du monde en avait été changée. Il s’agit de John Fitzgérald Kennedy, assassiné à Dallas un 22 Novembre 1963.
Victor Benoît dénonce devant l’Internationale Socialiste la "politique de corruption" du Président René Préval
Au cours d’une réunion du conseil de l’Internationale Socialiste organisée à Santo Domingo,le leader de la Fusion des sociaux-démocrates a estimé que Monsieur René Préval met en péril le multipartisme et le pluralisme idéologique en Haïti et utilise l’argent du trésor public à des fins politiques et partisans.
Victor Benoit n’y a pas été de main morte et a utilisé le mot corruption de dirigeants d’autres parties politiques que Préval cherche à entraîner dans son camp. “ Le système des parties est actuellement menace en Haïti “ a soutenu Benoit.” Et le Président Préval tente de créér une force politique hégémonique autour de sa personne”. Victor Benoit considère que son proper parti ainsi que d’autres sont menaces par cette politique. Aussi met-il en doute le sérieux des prochaines élections législatives et présidentielles et appelle l’Internationale socialiste à faire prevue de vigilance face à cette situation se développant en Haïti.
Micha Gaillard lui aussi fait connaître ses réactions dans un article parvenu en notre salle de rédaction et intitulé Résistance et Dialogue – Dialoguer et Résister. L’auteur fait voir que Monsieur Préval, par la position qu’il occupe voudrait assurer la victoire de ses candidats aux prochaines législatives. « Il est au centre de la grande manoeuvre qui a commencé par le renvoi de la trop indépendante Michèle Pierre-Louis de la tête de la Primature et son remplacement par un Premier ministre connu davantage pour ses capacités de grand technocrate que de politicien madré, » Micha Gaillard dresse un tableau plutôt sombre de la réalité haïtienne en énumérant les uns après les autres les divers jalons posés par le président René Préval. - il crèe une nébuleuse plateforme électorale présidentielle qui, à moyen terme, aura à se transformer en un parti politique « melting-pot » pour ne pas dire « fourre-tout » ; - il met en place, de la tête au pied, une macine électorale non indépendante. - il utilise une partie de l’appareil d’etat ( ministres, dékégués départementaux, vices-délégués, maires, CASECs, Juges de paix, commissaires du gouvernement parlementaires sortants) , leur donnant la tâche de conduire les prochaines élections vers un résultat déerminé,. - et tout cela est soutenu par une grange du secteur privé « souchée au palais quelqu’en soit son locataie et qui financera les candidats que le Président désirera voir au parlement.
Comment réagit la communauté internationale ? Micha Gaillard souligne son silence, sous prétexte de respect des choix des institutions haïtiennes. Pauvre Haïti ! opine l’auteur de l’article qui « ’aurait bien aimé se tromper sur ce qu’il vient d’exprimer en particulier sur les manœuvres du Chef de l’Etat « . En conclusion, Micha Gaillard souhaite être démenti ! « Mais en attendant, il ne faut pas se croiser les bras. Nous devons résister et dialoguer. Résister au projet du Président Préval et en même temps forcer le dialogue avec son camp pour empêcher au pays cette éventuelle dérive. Dialoguer aussi entre nous, citoyennes et citoyens, pour bâtir une réelle Alternative en rupture avec l’ordre et les pratiques établis. »
Le PRESIDENT JEAN BERTRAND ARISTIDE OPINE SUR L’EXCLUSION DE FANMI LAVALAS DES PROCHAINES ELECTIONS LEGISLATIVES
25 Novembre 2005 Au cours d’une interview avec Venel Remarais, directeur de Radio Solidarité (à Port-au-Prince), l’ex-Président Jean-Bertrand Aristide, toujours en exil en Afrique du Sud, a qualifié de « grave erreur politique » ce qui se passe actuellement dans le pays. « Si l’erreur de 2004 est renouvelée, si on empêche Fanmi Lavalas d’aller aux élections cette fois encore, ce que je qualifie de coup d’état électoral, peut mener le pays très loin, je pourrais même dire à sa perte. Quand quelqu’un a une telle soif de pouvoir qu’il reprend les erreurs passées, a poursuivi Jean-Bertrand Aristide parlant du Président René Préval, il doit aussi avoir du ‘brain’ (intelligence), sinon cela ne mènera le pays nulle part. » Aristide explique son silence au cours de ces derniers temps, parce que le moment n’était pas venu pour lui de parler et qu’il n’a pas de « folie de pouvoir ». Mais le moment est venu pour lui de retourner dans son pays. Il faut que tous ceux qui sont intéressés puissent apporter leur quote-part au développement du pays. Car il n’y a pas que la politique. Il y a aussi d’autres sphères d’action et chacun doit participer dans le domaine qui lui est propre. Concernant les relations entre lui et le président René Préval, Venel Remarais lui demande ce qu’il en est aujourd’hui. « Pendant toute la durée de mon exil, je n’ai eu aucun contact avec René Préval », a répondu Jean-Bertrand Aristide. Un peu plus loin il dit que s’il le pouvait il rentrerait dès le lendemain en Haïti. Mais qu’il n’a pas de passeport. Son passeport diplomatique est expiré et seul le gouvernement haïtien peut le renouveler. Sans passeport, je ne puis me mettre en route, a déclaré le président Aristide. Concernant la situation qui prévaut actuellement en Haïti, Aristide souligne que « La réalité malheureusement pour lui (en parlant de Préval) a montré que le peuple était déçu. Ce qui est important c’est Haïti, le bien d’Haïti. Et si le Président Préval continue sur la voie qu’il a emprunté depuis quelque temps, il va s’enterrer de plus en plus. » Et il donne un conseil à celui qui autrefois était son « marassa » : « Il doit se mettre à l’écoute du peuple, parce que si il continue sur cette lancée ce ne sera pas bon pour lui. » Au sujet des autres partis écartés de la course, quel est son souhait ? Jean-Bertrand Aristide opine aussi. Il lance un message au CEP: « Le conseil électoral a la tâche d’organiser des élections libres et honnêtes. S’il prend une décision pareille, il risque gros. « Concernant le mandat remis par Maryse Narcisse au CEP, Jean-Bertrand Aristide confirme son authenticité. Si je le pouvais, je rentrerais demain matin pour venir remettre ce papier moi-même au CEP et confirmer l’authenticité de mon choix. Mais je me trouve dans l’impossibilité de retourner, aussi je profite de l’occasion que vous m’offrez aujourd’hui pour dire qu’effectivement j’ai mandaté le Dr Maryse Narcisse pour inscrire le parti Fanmi lavalas aux législatives de février 2008. » Et il donne encore un conseil au Président Préval: « Il n’est pas trop tard pour faire taire son orgueil et se rendre compte qu’il a fait une erreur. Quand on est adulte, on ne peut pas fonctionner par orgueil. Il faut reconnaître que ce que je dis est la vérité. Le peuple n’est pas heureux, il n’est pas satisfait. » A la question : que pensez-vous des membres du Fami Lavalas qui se sont désistés, en se présentant dans les rangs du « INITE », la nouvelle formation présidentielle, Jean-Bertrand Aristide répond : « Chacun a le droit de décider pour lui-même. L’espoir fait vivre. » Pour Aristide, ce parti INITE est une sorte de CONAJEC. « Si c’était vrai qu’il y avait trop de partis politiques et que tout le monde découvre le besoin de se mettre ensemble pour former ce parti INITE, il faudrait laisser à FANMI LAVALAS la possibilité de se présenter elle aussi aux élections » a poursuivi l’ex-président exilé en Afrique du Sud. Actuellement on est en face de méthodes, de manœuvres dilatoires. On vous demande A, vous le donnez, alors on vous demande B. Et pendant ce temps, le pays est dans une situation de détresse.
Il y a des gens disant que vous deux, c’est à dire vous Président Aristide et le Président Préval, aviez en main tout ce qu’il fallait pour changer le pays. Au lieu de cela, vous lui avez fait faire marche arrière. Que pouvez-vous répondre ? Aristide reconnaît que le pays a fait une importante marche arrière pendant le premier coup d’état. Puis il y a eu le retour, puis René Préval est devenu président, puis lui Aristide est revenu au pouvoir. Je pense que toute cette période a été positive pour le pays. Les choses ont commencé à changer et à devenir mauvaises ces derniers temps. Tout ce qui se passe actuellement est mauvais, très mauvais pour le pays et le conduit en arrière. Mais je ne veux pas critiquer le président Préval. Il faut reconnaître qu’il prend une direction qui n’est pas bonne. Il doit s’arrêter. Il faut savoir s’arrêter.
En fin d’interview, Jean-Bertrand Aristide remercie Venel Remarais d’avoir clarifié la question de mandat pour lui. Cette conversation peut permettre que le Président René Préval se rende compte que cet orgueil ne le mènera nulle part. Il n’y a pas d’inclusion mais exclusion. Il ne doit pas continuer à écouter les conseils des gens lui disant qu’il lui faut continuer à aller dans cette direction. Si je dois rentrer demain, je rentrerai dans la simplicité, pour apporter ma quote part pour le développement de mon pays. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre que Jean-Bertrand Aristide était sur les ondes de Radio Solidarité mercredi après-midi. Des marchandes arrêtaient leurs activités pour se mettre à l’écoute. Une activité fébrile a semblé régner dans tout Port-au-Prince.