Après la coupe du monde de football qui a constitué une trêve politique, les leaders de l'opposition haïtienne entendent relancer la mobilisation antigouvernementale. Les dirigeants des partis et organisations politiques qui contestent le CEP se proposent d'intensifier la mobilisation à partir du 13 juillet 2010.
Membre du groupe minoritaire, la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (Alternative) déplore le refus du président Préval de dialoguer avec les acteurs politiques. Elle appelle à la mobilisation contre ce gouvernement qu'elle assimile à une dictature.
De plus, la secrétaire générale de la Fusion invite les dirigeants des organisations représentées au CEP à se désolidariser de l'organisme électoral.
De son coté, le sénateur William Jeanty (Konba) soutient que le prochain scrutin ne sera pas libre et démocratique. Le parlementaire refuse de prendre en compte l'appui de l'ambassadeur américain au processus électoral arguant que seule la décision du peuple haïtien comptera.
Le secrétaire général de Konba explique que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de bonnes élections. Contrairement aux dirigeants de l'Union et Respect, le sénateur Jeanty ne croit pas qu'un dialogue entre les acteurs politiques et le chef de l'Etat permettra d'harmoniser les points de vue.
A l'instar de Fanmi Lavalas, Konba a été exclu du dernier processus électoral.
Le parti Fanmi Lavalas reprendra également ses manifestations de protestation le 15 juillet. Marise Narcisse réclame l'intégration de Fanmi Lavalas dans le processus électoral et des élections anticipées.
Le Président de la République s'est montré insensible et sourd à tous les appels au dialogue et à la concertation, aussi bien pour faire face, avec une certaine cohésion nationale, à la tragédie du 12 Janvier, que pour corriger les dérives qui se sont produites lors des dernières élections sénatoriales partielles et à l'occasion du récent replâtrage du Conseil Electoral Provisoire. Au lieu de se hisser à la hauteur d'un véritable Chef d'Etat et Président de tous les Haïtiens, soucieux du bien-être de la Nation, il a préféré s'enfermer dans le rôle peu glorieux d'un chef de clan, allant jusqu'à sacrifier les institutions nationales aux intérêts politiques et économiques d'un petit groupe. Par la publication des trois arrêtés relatifs aux élections et à travers sa récente conférence de presse, il a ajouté, à l'indifférence de ces derniers mois, une ironie et une suffisance qui ont profondément choqué la conscience nationale. Encore une fois dans notre histoire, l'ivresse du pouvoir s'apprête à faire le malheur du pays.
Pire encore, en reprogrammant purement et simplement les élections législatives du 28 Février, ceci sans concertation aucune et par la volonté absolue du Monarque, écartant ainsi toute possibilité de nouvelle inscription, non seulement il consolide les intérêts de sa plate-forme politique, mais il prive de nombreux citoyens d'un droit politique fondamental.
Cependant, vu la gravité de la situation de notre pays sur les plans physique, social, économique et politique, l'heure n'est pas aux jérémiades, mais à la mobilisation. Toutes les citoyennes et tous les citoyens conscients doivent se mobiliser pour défendre leurs droits politiques et le respect de leur bulletin de vote. Lorsque le CEP à travers sa Présidence et sa Direction Générale met en quarantaine les bulletins de vote de toute une commune pour favoriser un candidat aux dépens d'un autre, sous prétexte de fraude et que sans vérification des allégations, il maintient la quarantaine, il viole les droits politiques du citoyen. Or aujourd'hui, nous devons défendre du bec et des ongles nos droits politiques et notre bulletin de vote car le pays a besoin de changement.
Le pays a besoin d'un Pouvoir Exécutif qui respecte la Constitution, les lois en vigueur, les institutions nationales et les échéances électorales. Le pays a besoin d'un Président qui respecte les citoyens, les écoute et communique avec eux. Le pays a besoin d'un Gouvernement qui gouverne, qui coordonne, délivre et ne s'en remet pas à la communauté internationale pour tous les services à la population : sécurité, éducation, santé, protection sociale, routes, encadrement technique etc. Le pays a besoin d'un leadership qui ne bloque pas les réformes nécessaires mais au contraire les met en oeuvre : Réforme de la Justice en commençant par la nomination d'un Président à la Cour de cassation, Réforme de l'Administration Publique pour la rendre efficiente, Déconcentration des services publics et Décentralisation de l'Etat. Le pays a besoin d'une politique de sécurité sociale équitable, d'une politique étrangère cohérente, d'une politique économique qui privilégie l'investissement et non l'assistance, la production, la création d'emplois et de richesses. Le pays a besoin d'ordre et de justice.
Le pays a besoin de vrais parlementaires, non pas des criminels à la recherche d'une couverture immunitaire, des personnalités honnêtes et expérimentées, qui défendent les intérêts de la nation, qui produisent en quantité suffisante, des lois justes, répondant aux besoins de la population, des hommes et des femmes de conviction, qui ne vendent pas leur vote, ni leur allégeance au plus offrant. Le pays a besoin d'élus locaux, dynamiques, modernes, soucieux du bien-être de la population. A tous les niveaux, la nation a besoin de citoyennes et de citoyens compétents, intègres, capables de travailler avec ardeur et vision au relèvement et à la reconstruction du pays.
Ce besoin de changement est si impérieux que nous ne pouvons nous permettre de nous désintéresser ni de nous soustraire au processus qui devra conduire à la formation de ce nouveau pouvoir. Aussi les signataires de la présente déclaration invitent-ils toutes les forces vives et saines de la nation, qu'elles soient du secteur politique ou de la société civile, à quelque sensibilité qu'elles appartiennent, à se concerter:
· En vue d'élaborer une stratégie capable de faire face à l'effondrement du pays et de l'État
· Et pour constituer une force politique unitaire capable d'aboutir à ce leadership moderne et responsable.
Le pays ne peut plus se payer le luxe de cinq nouvelles années de dégradation et de recul. Sans ce changement radical, ce sera notre disparition définitive comme entité nationale.
Suivent les signatures :
Les signataires de cette déclaration
Rosny Desroches, de l'Initiative de la société civile (ISC) Léopold Berlanger, de l'Organisation des patriotes Haïtiens (OPA) Jean-Claude Bajeux, du Centre oecuménique des droits humains (CEDH) Jean Gary Denis, de l'Initiative citoyenne (IC) Jean Gardy Théodore, de CEPRODHD Dominique Joseph, de l'Officie de concertation pour le développement (OCODE) James Jacques, de GRAFNEH Bellegarde Berthony, de Action citoyenne (AC) Alfonse Francis, de MODODH Edouard Paultre, CONHANE Pierre Espérence, RNDDH
Cete prochaine reunion aura lieu à la fin du mois de Juillet ( 30 ou 31 Juillet) et aura lieu à Port-au-Prince. …Carlos Morales Troncoso, Ministre des Affaires étrangères de la République Dominicaine, s’est félicité de la décision des Présidents Fernandez et Préval de relancer la Commission Mixte Bilatérale dont la première séance s’est tenue à Santo Domingo le 29 juin dernier.
Lors de la prochaine réunion de la commission qui devrait se tenir le 30 ou le 31 juillet à Port-au-Prince de nombreux sujets seront à l’ordre du jour, comme le débordements du lac Azuei, le commerce transfrontalier et en particulier l’entrée des poulets dominicain sur le marché haïtien ou l’extension du Plan Vert Quisqueya
Troncoso a dit que d'autres questions pourraient être incluses dans l'ordre du jour, la santé, l'éducation, la culture des deux pays, le trafic à la frontière, la violation des droits de l’homme, le commerce bilatéral parmi beaucoup d'autres sujets d'intérêt pour les deux pays qui devraient être analysées avec d’autres acteurs spécialisés, possédant une vaste expérience dans la question de la sécurité à la frontière ou de l'immigration.
La migration risque d’être un sujet délicat, comme le rappel Edwin Paraison, ministre de la diaspora haïtienne, la migration haïtienne en République Dominicaine est le résultat de facteurs socio-économiques, il ne s’agit ni d’une invasion ni d'un plan de fusion transnational pacifique souhaité par certains représentants de la communauté internationale. L'immigration sera l’un des principaux sujets à l'ordre du jour de la Commission, dans le processus de reconstruction « il s’agit de questions complexes dans leur gestion » précisant qu'il y avait environ quatre millions d'Haïtiens vivant à l'étranger, et que la République Dominicaine est le deuxième pays ou il y a le plus d’Haïtiens après les États-Unis.
S'il est vrai que la coopération et la solidarité lancées par les autorités dominicaines dans les premières heures du tremblement de terre en Haïti à ce jour, sont reconnus par les autorités haïtiennes et la communauté internationale, qui participent au processus de mise en œuvre de la reconstruction d’Haïti, les deux pays devraient reprendre d'autres priorités dans les relations bilatérales qui ont été délaissés pendant des années et c'est précisément le temps de les mettre à l’ordre du jour de la prochaine Commission Mixte Bilatérale qui se tiendra à la fin du mois à Port-au-Prince.
« Au début, l’ensemble de la communauté internationale se disait « il faut bouger, derrière le drame immense, il y a une opportunité de nouveau départ pour Haïti [...] Aujourd’hui, on est un peu moins rêveur…On a pris la mesure des conséquences économiques, humanitaires, sécuritaires… Peu à peu s’installe l’idée que ça va du prendre du temps, beaucoup de temps. On ne peut plus dire que le pays va se relever rapidement. Le seul enlèvement des décombres va prendre des années » explique Pierre Poupard, chargé de mission en Haïti pour l’Unicef
« La réponse humanitaire, elle, va très vite : l’Unicef a par exemple débloqué depuis le séisme 10 millions de dollars, rien que pour distribuer de l’eau potable tous les jours aux sinistrés. C’est la reconstruction qui est difficile à mettre en place, il y a plusieurs facteurs de ralentissement »
[NdHL - La réponse humanitaire est toujours très rapide, ces organisations (ONG) sont formée pour intervenir dans l’urgence et dans les situations les plus difficile, ce qui n’est pas le cas des gouvernements qui sont touchés par une catastrophe, surtout quand cette catastrophe dans le cas d’Haïti, détruit le cœur d’un pays et 80% des infrastructures du gouvernement sans compter la mort de dizaines de milliers de fonctionnaires et la pertes d’archives, de registres et d’informations essentielles au bon fonctionnement d’un pays].
Facteurs de ralentissement : • • Relocalisation : « Le premier, ça a été la relocalisation de la population : on s’est dit, il y a 200 000 personnes à déplacer, la saison des pluies arrive il faut faire vite. Oui, mais où les réinstaller ? On a donc peu à peu revu à la baisse le nombre de personnes à déplacer… Pour finalement se rendre compte que ce n’était pas une bonne solution. Ca a pris deux, trois mois » • Les camps spontanés : « L’autre difficulté, c’est que pour l’instant, la population est installée dans des camps « spontanés » et se déplace beaucoup. Du coup, l’aide humanitaire doit se déplacer pour la suivre… Le travail est complexe, ce ne sont pas des camps « organisés » comme au Darfour par exemple, où les gens sont enregistrés, où les installations d’eau potable, les latrines, sont fixes. Les ONG ne sont pas à l’aise, elles n’ont jamais fait face à ce type de situation, en milieu urbain. • L’enlèvement des décombres : Les ruines sont toujours là. À Port-au Prince, le paysage est presque le même qu’au lendemain du séisme. Toute une ville d’1,5 million d’habitants partiellement détruite, c’est un gros chantier difficile d’accès, et la vie économique de base a repris maintenant, donc les véhicules circulent à nouveau. Tout cela rend le déblayage très difficile. Cela va prendre plusieurs années, pour que les gens puissent réellement se réinstaller. L’administration centrale : Elle a été décimée par le séisme, la remettre sur pied prend du temps, et l’indécision des autorités politiques, par rapport à la stratégie à adopter à moyen terme, ralentit la reconstruction. Il faudrait répondre au plus vite à la question « quel nouveau paysage urbain et périurbain pour cette ville de Port au Prince ? ». Le risque, c’est que les populations s’installent de façon pérenne dans ces camps spontanés, et que ces derniers se transforment peu à peu en bidonvilles. Ce n’est pas encouragé, car ce n’est pas une solution acceptable, mais aujourd’hui, on n’a pas d’alternative à proposer aux habitants…
Le Projet de sauvetage des biens culturels suite au séisme du 12 janvier a débuté mais les mises en place prennent du temps, informe l’ancien ministre de la culture Olsen Jean Julien, directeur du Centre de Sauvetage des Biens Culturels, lors d’une conférence de presse. Le Centre du projet est localisé au Au Numéro 387 de la Route de Bourdon, à l’ancien local du PNUD, décrété Safe par des equipes de marines américain. C’est un projet pour sauver, récupérer, sauvegarder et restaure des ouvres d’art haïtienne, des artefacts, des documents, des medias et des elements architecturaux endommagés et menaces par le séisme et ses consequences.
« Pour commencer à restaurer des œuvres il y un certain nombre de mises en place techniques à faire. Il faut avoir les matériels de restauration, il faut avoir un bâtiment qui correspond aux normes…Il faut préparer un staff pour travailler dans les labos », a tenu à signaler Olsen Jean Julien . Le Centre de Sauvetage des Biens Culturels a été mis en place par le gouvernement avec le soutien de l’institution américaine Smithsonian. Le centre comprend un laboratoire de restauration des objets en trois dimensions, un laboratoire de restauration des documents et papiers et un laboratoire de restauration de peintures. Les responsables souhaitent avoir bientôt un laboratoire pour les objets multimédias. Des experts étrangers ont déjà effectué des interventions sur plusieurs objets, dont le curriculum vitae militaire du président Alexandre Pétion (1806-1818) signé par Sonthonax, et des toiles de la Galerie Nader. Des fresques de l’église Ste Trinité, détruites, sont également en voie d’être réhabilitées. En dépit de ces travaux, le centre doit réaliser une véritable course contre la montre pour sauver le plus d’objets possibles, souligne Olsen Jean Julien. « Le plus grand défi maintenant c’est de vaincre le temps. On est arrivé à la saison des cyclones et il y beaucoup d’œuvres qui sont sous les décombres. Il y a beaucoup d’autres qui sont dans des containers ou dans des espaces impropres à la conservation », indique-t-il. Pas de bilan complet… Le séisme a provoqué la destruction de plusieurs bibliothèques, musées et stations de radios. L’effondrement de certains sites de patrimoine comme le Palais national ou l’église Sainte Trinité a mis en danger des objets culturels et on estime que près de 50 000 de ces objets se trouvent en péril actuellement. Le tout est de réussir à « résoudre les questions administratives, résoudre les questions logistiques, résoudre les questions de ressources humaines pour avancer », fait savoir Jean Julien. Par ailleurs le centre doit recevoir un permis de restauration de la part des propriétaires des objets culturels. Deux institutions, l’église épiscopale et la Galerie Nader ont à date accordé le permis. D’autres comme la Radio-Télé Ginen et le Centre d’Art Haïtien devraient bientôt les suivre. « Une fois ces accords signés on pourra avancer avec les collections », assure le directeur du centre. D’un autre côté, le projet de sauvetage des biens culturels veut mettre un grand accent sur la formation et devrait commencer son premier programme au cours du mois d’aout. Pour Richard Kurin, vice-président de la Smithsoniain, l’aspect formation est très important car il y a des milliers de collections à restaurer dans le pays. Selon lui, les besoins dans ce domaine seront encore présents dans 25 ans. Une vingtaine d’institutions ont jusqu’ici proposé des candidats pour participer à la formation qui sera assurée par le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM). Le Projet de sauvetage des biens culturels haïtiens s’étendra sur 18 mois et nécessitera un investissement de plusieurs millions de dollars.