« Au début, l’ensemble de la communauté internationale se disait « il faut bouger, derrière le drame immense, il y a une opportunité de nouveau départ pour Haïti [...] Aujourd’hui, on est un peu moins rêveur…On a pris la mesure des conséquences économiques, humanitaires, sécuritaires… Peu à peu s’installe l’idée que ça va du prendre du temps, beaucoup de temps. On ne peut plus dire que le pays va se relever rapidement. Le seul enlèvement des décombres va prendre des années » explique Pierre Poupard, chargé de mission en Haïti pour l’Unicef


« La réponse humanitaire, elle, va très vite : l’Unicef a par exemple débloqué depuis le séisme 10 millions de dollars, rien que pour distribuer de l’eau potable tous les jours aux sinistrés. C’est la reconstruction qui est difficile à mettre en place, il y a plusieurs facteurs de ralentissement »

[NdHL - La réponse humanitaire est toujours très rapide, ces organisations (ONG) sont formée pour intervenir dans l’urgence et dans les situations les plus difficile, ce qui n’est pas le cas des gouvernements qui sont touchés par une catastrophe, surtout quand cette catastrophe dans le cas d’Haïti, détruit le cœur d’un pays et 80% des infrastructures du gouvernement sans compter la mort de dizaines de milliers de fonctionnaires et la pertes d’archives, de registres et d’informations essentielles au bon fonctionnement d’un pays].


Facteurs de ralentissement :

• Relocalisation : « Le premier, ça a été la relocalisation de la population : on s’est dit, il y a 200 000 personnes à déplacer, la saison des pluies arrive il faut faire vite. Oui, mais où les réinstaller ? On a donc peu à peu revu à la baisse le nombre de personnes à déplacer… Pour finalement se rendre compte que ce n’était pas une bonne solution. Ca a pris deux, trois mois »
• Les camps spontanés : « L’autre difficulté, c’est que pour l’instant, la population est installée dans des camps « spontanés » et se déplace beaucoup. Du coup, l’aide humanitaire doit se déplacer pour la suivre… Le travail est complexe, ce ne sont pas des camps « organisés » comme au Darfour par exemple, où les gens sont enregistrés, où les installations d’eau potable, les latrines, sont fixes. Les ONG ne sont pas à l’aise, elles n’ont jamais fait face à ce type de situation, en milieu urbain.
• L’enlèvement des décombres : Les ruines sont toujours là. À Port-au Prince, le paysage est presque le même qu’au lendemain du séisme. Toute une ville d’1,5 million d’habitants partiellement détruite, c’est un gros chantier difficile d’accès, et la vie économique de base a repris maintenant, donc les véhicules circulent à nouveau. Tout cela rend le déblayage très difficile. Cela va prendre plusieurs années, pour que les gens puissent réellement se réinstaller.
L’administration centrale : Elle a été décimée par le séisme, la remettre sur pied prend du temps, et l’indécision des autorités politiques, par rapport à la stratégie à adopter à moyen terme, ralentit la reconstruction. Il faudrait répondre au plus vite à la question « quel nouveau paysage urbain et périurbain pour cette ville de Port au Prince ? ». Le risque, c’est que les populations s’installent de façon pérenne dans ces camps spontanés, et que ces derniers se transforment peu à peu en bidonvilles. Ce n’est pas encouragé, car ce n’est pas une solution acceptable, mais aujourd’hui, on n’a pas d’alternative à proposer aux habitants…