Le président du Sénat, Dieuseul Simon Desras, a estimé mercredi que le Président Michel Martelly met trop de temps à confirmer la version amendée de la Constitution, en indiquant qu'il n'avait qu'à autoriser la parution dans le journal officiel de la république du texte corrigé, acheminé depuis plusieurs mois à l'Exécutif.
Tout comme son homologue de la Chambre des Députés, Levaillant Louis-Jeune, le sénateur du Plateau Central (centre) affirme qu'il ne revient pas au chef de l'Etat de promulguer la nouvelle charte fondamentale, une étape déjà franchie par son prédécesseur, René Préval.
Il incombe seulement à M. Martelly la responsabilité d'assurer la reproduction du texte original voté en assemblée nationale dont les erreurs matérielles avaient été supprimées.
Pour cela, le chef de l'exécutif doit rappeler l'arrêté présidentiel qu'il avait publié en vue de faire le retrait de l'amendement constitutionnel controversé, a poursuivi Dieuseul Simon Desras qui n'a pas hésité à qualifier d'illégal cet acte qui, en aucun cas, ne saurait annuler une loi constitutionnelle adoptée par les deux Chambres du Parlement.
Cependant telle n'est pas l'opinion des leaders de la Convention des Partis Politiques. Celle-ci a recommandé une fois de plus vendredi au chef de l'Etat de ne pas publier la constitution amendée et a proposé lors d'une conférence de presse de relancer le processus d'amendement.
Le représentant du PNDPH, Turnep Delpé, a souligné plusieurs anomalies dans le texte amendé notamment le résultat des travaux de l'assemblée nationale en date du 9 mai 2011, qui, selon lui, s'est soldé par un document suspect entrainant des doutes.
Pour Turneb Delpé, « la procédure eu égard aux prescrits de la constitution n'a pas été fidèlement respectée ».
Selon Delpé, du point de vue politique, la publication du texte peut fragiliser le fonctionnement du sénat. Ainsi il rappelle qu'un groupe de 9 sénateurs s'était prononcé contre cette publication.
« Toute publication du texte en question ne peut que polariser davantage le pays du point de vue sociopolitique, et l'intérêt de la nation bien compris exige la recherche d'un consensus politique » a déclaré M. Delpé.
Pour sa part le président de la Convention des partis politiques Victor Benoit, a qualifié de désordre juridique le fait que le texte amendé soit rédigé seulement en français.
M. Benoit prédit que si le texte est publié tel qu'il est, cela conduira à une situation de polarisation qui donnera naissance à 2 blocs politiques autour du texte. Il appelle à une mobilisation de la classe politique pour travailler sur une nouvelle proposition d'amendement.
Plus loin Victor Benoit affirme que le chef de l'Etat ne doit prendre aucune dictée de la part de la communauté internationale et qu'il doit plutôt chercher un consensus avec la classe politique haïtienne.
Le secrétaire exécutif de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), Camille Charlmers, lui aussi exhorte le président à ne pas publier la constitution amendée pour des raisons formelles de procédure.
L'économiste Camille Charlmers croit que l'amendement de la constitution est une question importante qui ne doit pas être prise à la légère. Il affirme nécessaire que les acteurs politiques participent au débat pour arriver à établir un texte adéquat.
« Ce serait une grave erreur si le chef de l'Etat décidait de publier la constitution amendée telle qu'elle est actuellement » a lancé M. Charlmers.