Le Nicaragua a inauguré lundi la construction d'un canal interocéanique avec l'ambition de concurrencer celui du Panama, malgré les doutes sur ce projet mené par un groupe chinois et critiqué par la population pour son impact écologique.


"Aujourd'hui nous allons commencer les premiers travaux du canal du Nicaragua, avec le soutien du gouvernement, la compréhension et le soutien fort du peuple nicaraguayen", a déclaré le magnat chinois Wang Jing, président de l'entreprise HK Nicaragua Development Investment (HKND), lors d'une cérémonie à Rivas (sud).
Une autre cérémonie doit être organisée en fin de journée à Managua, en présence du président Daniel Ortega.
"Ce qui a été un rêve pour des générations depuis un siècle au Nicaragua va commencer à devenir réalité", assurait à l'AFP, il y a quelques jours, Telémaco Talavera, porte-parole de la Commission du Canal et de HKND.
HKND, un groupe inconnu jusque-là, est chargé de ce chantier pharaonique, estimé à 50 milliards de dollars (cinq fois le PIB du pays), soit le projet le plus ambitieux d'Amérique latine.
Mais la population ne semble pas partager ce "rêve" : depuis des mois, les manifestations se multiplient, de paysans menacés d'expropriation mais aussi d'associations inquiètes du risque de catastrophe écologique.
"Si l'on additionne les 15 manifestations locales organisées en deux mois et demi, au total il y a eu 40.000 participants", expliquait récemment à l'AFP Monica Lopez Baltodano, directrice de la fondation de développement local Popolna, l'une des organisatrices des protestations.
Les forces de l'ordre étaient déployées lundi pour empêcher de nouvelles manifestations.
Les travaux, qui dureront cinq ans, débuteront au niveau de l'embouchure du fleuve Brito, sur la côte Pacifique sud.
Il s'agira d'abord de construire les premiers chemins d'accès au canal et un port, étape qui occupera quelque 300 des 50.000 ouvriers prévus au total, selon l'Australien Bill Wild, principal consultant du projet.
Le canal traversera le lac Cocibolca, plus grande réserve d'eau douce d'Amérique centrale, continuera son chemin à travers des forêts tropicales et au moins une quarantaine d'agglomérations avant d'aboutir à l'embouchure de la rivière Punta Gorda, côté Caraïbes.
D'une profondeur de 30 mètres, il permettra le passage de bateaux de jusqu'à 400.000 tonnes.