Fonds Verrettes, 29 déc. 2014 [AlterPresse] --- L'immigration massive des jeunes vers la République Dominicaine soulève des inquiétudes dans la zone de Fonds Verrettes (Ouest), selon des témoignages recueillis par AlterPresse.
A Palmiste Tampé, localité de Fonds Verrettes, on dirait qu'il n'existe plus de jeunes. Ces derniers émigrent massivement à Jimani, ville frontalière de la République Dominicaine. Les filles travaillent comme servantes et les garçons comme ouvriers de bâtiments ou laveurs de vitre de voiture, rapportent des parents.
Les jeunes femmes gagnent 35 pesos (environ 36 gourdes) par jour à Jimani.
« Ces jeunes ne veulent pas aller à l'école. Ils reviennent souvent dans leur localité natale quand il y a des tensions entre Haïtiens et Dominicains, sinon chaque 31 décembre pour passer le jour de l'an au pays natal. Deux jours après ils retournent là-bas », rapporte Saintamène Gustave habitante de Palmiste Tampé.
Lors de l'inondation de Fonds Verrettes en mai 2004, la majorité des victimes à Jimani était des habitants de Palmiste Tampé, à l'image de Téristine Tissaint morte en compagnie de ses quatre enfants, Crivienne ainsi connu qui a perdu son mari et six enfants.
Pour ce qui est de la violence, le 8 juillet 2014, Elasmé Semis a été tué par un Dominicain et le 6 août ce fut au tour de Samuel Timé et Méristène ainsi connu de trouver la mort des mains d'un Dominicain connu sous le nom de Santo.
« Souvent victime de violences, voire d'assassinats ou viols, ces jeunes sont aussi victimes des intempéries », déclare Yolène Justama, habitante de Palmiste Tampé.
D'après plusieurs habitants interrogés sur la ligne frontalière, c'est bien la misère qui est à l'origine de cette migration. Certains confient même avoir laissé partir leurs enfants agés seulement d'une dizaine d'années vers Jimani, Limon, Puerto Escondido, Duvergé et autres villes dominicaines.
« Nous, la majorité de jeunes, mangeons en Haïti et buvons à Puerto Escondido (localité frontalière Dominicaine), car avec cette misérable vie que nous devons mener nous ne pouvons pas de rester [dans le pays]. Malgré les difficulties rencontrées par les Haïtiens en République Dominicaine nous préférons y aller. Nous ne pouvons pas aller à l'école, car ventre affamé n'a point d'oreille. On ne peut pas apprendre quand on est dans la misère », déclare Berthony Auguste, jeune originaire de Bois Negresse, localité de Fonds Verrettes vivant à Puerto Escondido.
L'immigration des jeunes de la zone de Fond Verrettes vers la république voisine n'aurait pas commencé qu'en 1986. Auparavant le mouvement inverse (des Dominicains vers la zone) était plus courant. [ec kft gp apr 29/12/2014 09 :55]