P-au-P, 29 déc. 2014 [AlterPresse] --- L'application stricte des recettes néolibérales, avec une dose d'arbitraire et d'opacité, a dominé cette année la gestion de l'administration Martelly en matière économique, constate AlterPresse.
Le jargon du gouvernement n'a pas changé tout au long de l'année.
Comme durant les 3 années antérieures, il a réitéré son appel aux capitaux étrangers, « Haïti est ouvert aux business », comme le seul espoir pour sortir le pays de son marasme économique.
En guise de mesures pour la relance de la production alimentaire, en particulier du riz, le gouvernement a préféré importer du riz vietnamien. En janvier 2014 une cargaison de 56 mille tonnes est arrivée.
Certains projets, comme l'irrigation de parcelles cultivables ou la mise en terre de plantules notamment de bananes, ne concernent qu'une minorité de paysans bénéficiaires et la production ne vise pas la consommation locale, mais à satisfaire des besoins d'autres marchés.
En lançant un programme de mise en terre de bananiers, le vendredi 10 octobre (2014) à Trou-du-Nord, projet d'une valeur de 27 millions de dollars, le chef de l'État a fait savoir que la première cargaison de cette production de bananes laissera le pays en direction de l'Europe et de la Caraïbe, d'ici juillet 2015.
Or d'un autre côté les Haïtiens importent annuellement pour plus de 1,5 milliard de dollars de produits alimentaires et autres de la République Dominicaine voisine.
De plus, environ 300 projets d'infrastructures sont actuellement exécutés par des firmes dominicaines.
Sans être votée par le Sénat haïtien, la loi de finances pour l'exercice fiscale 2014-2015, d'un montant de 122,6 milliards de gourdes - soit 4 milliards de dollars - est mis à exécution.
C'est la même attitude qui a été affichée par l'exécutif au cours de l'exercice antérieur.
Des dépenses extra-budgétaires, dont celles concernant la célébration de l'arrivée de Martelly au pouvoir en mai, des activités de distribution d'objets à des partisans, de multiples déplacements à l'intérieur du pays et à l'étranger, ont amené à un déficit budgétaire comblé à l'aide d'une augmentation arbitraire des taxes.
Par exemple, un quitus pour la légalisation des diplômes est passé de 12 à plus de 100 gourdes sans aucune base légale.
Ensuite, la décision d'augmenter graduellement les prix des produits pétroliers, ce, à partir d'octobre 2014 à septembre 2015 à un moment où le prix a chuté au contraire sur le marché international.
Une situation que le professeur Camille Chalmers considère comme « une répression fiscale ».
D'autre part, dans l'idée d'implémenter un tourisme de luxe, des habitants sont expropriés, particulièrement à l'île-à-Vache (sud).
Les processus de dédommagement demeurent obscurs et font des mécontents.
Tout aussi obscure la gestion de l'ancien premier ministre Laurent Lamothe, qui a annoncé sa démission à 2 heures du matin le dimanche 14 décembre.
Des organisations politiques de l'opposition réclament un audit de sa gestion et se réfèrent notamment à son refus de rendre compte au parlement.