Si dans les principales villes du pays les activités quotidiennes ont repris, à Port-au-Prince les rues sont désertes le lundi 10 juin. Écoles et commerces sont fermés. Les habitants restent chez eux par peur des violences. Dimanche, des affrontements ont opposé des groupes de jeunes aux forces de l’ordre. Deux personnes ont été tuées par balle, à la fin du parcours de la manifestation qui avait pour revendication la démission du président. Une entreprise qu’il dirigeait avant son arrivée au pouvoir serait impliquée dans un « stratagème de détournement de fonds ».
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron.
Les évêques catholiques et la fédération protestante appellent à du renouveau dans les mentalités des personnes qui dirigent le pays. La prise de position du secteur privé est bien moins diplomatique : le forum économique indique noir sur blanc dans son communiqué de presse que le président et le Parlement « ont prouvé qu’ils font partie du problème et non de la solution ».
Décrié dans les rues depuis des mois, Jovenel Moïse garde néanmoins quelques défenseurs et ce lundi matin, le Premier ministre nommé, Jean-Michel Lapin, a expliqué, sur les ondes d’une radio privée, que pour mettre fin au mandat présidentiel, il fallait suivre la voie constitutionnelle. Et un président ne peut être mis en accusation que si deux tiers des députés le décident. Et il faut qu’il y ait eu crime de haute trahison ou crime ou délit commis dans l’exercice de ses fonctions. Or, le rapport de la Cour des comptes évoque d'éventuels détournements de fonds antérieurs à la prise de fonction de Jovenel Moïse. Mais il n’empêche que la multiplication des manifestations et aujourd’hui les contestations des secteurs privés et religieux prouvent que la gouvernance du pays échappe de plus en plus au pouvoir exécutif.