La puissante commission judiciaire de la Chambre des représentants, aux mains des démocrates, a formalisé l'ouverture d'une enquête destinée à déterminer s'il convient d'initier une procédure d'"impeachment" contre le président.
Les démocrates américains ont franchi un nouveau cap ce jeudi dans leurs enquêtes visant le président Donald Trump, en les faisant rentrer officiellement dans le cadre d'une procédure de destitution, bien que le parti d'opposition reste divisé sur la question. Cette démarche est encore très préliminaire et éloignée d'une destitution, mais elle permettra aux élus de réclamer à la Maison Blanche davantage de documents et d'auditions.
Cette résolution "représente le pas en avant nécessaire dans notre enquête pour corruption, entrave (à la justice) et abus de pouvoir", a déclaré le président de la commission, Jerry Nadler.
Aux Etats-Unis, la Chambre peut voter pour mettre en accusation le président pour certains délits, puis le Sénat doit le juger, ce qui aboutit à un acquittement ou une destitution. Tout commence par une enquête de la commission judiciaire qui détermine les délits.
Répondre à "une menace pour la démocratie"
L'enquête parlementaire portera sur quatre sujets:
• les pressions exercées par Donald Trump sur l'enquête portant sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 (entrave à la justice);
• les promesses faites par Donald Trump à des membres de son équipe de campagne afin de les inciter à le protéger;
• le possible conflit d'intérêts lié aux recettes des hôtels de Donald Trump depuis son entrée à la Maison Blanche;
• le versement d'argent pour acheter le silence d'anciennes maîtresses présumées de Donald Trump lors de la campagne de 2016, qui pourrait représenter une violation des lois sur le financement des campagnes électorales.
"La conduite qui fait l'objet de notre enquête est une menace pour notre démocratie. Nous avons une obligation de répondre à cette menace", a déclaré Jeffrey Nadler.
Soutien de 235 élus démocrates
Mais les démocrates ne sont pas unis. Nancy Pelosi, leur cheffe à la Chambre, a averti des risques politiques d'une telle tentative, estimant que les élus devraient plutôt se concentrer sur la campagne présidentielle. En outre, la majorité républicaine au Sénat risque fort de condamner cette procédure à l'échec. Le camp pro-destitution ne cesse toutefois de croître. Plus de la moitié des 235 élus démocrates à la Chambre disent soutenir les poursuites.
La commission judiciaire prévoit d'interroger la semaine prochaine l'ex-directeur de campagne de Donald Trump, Corey Lewandowski, et cherche à entendre l'ancien conseiller présidentiel Don McGahn, l'une des principales sources du rapport du procureur spécial Robert Mueller sur les ingérences russes en 2016.