La journée du 18 Novembre s’annonce chaude. Manifestations contre le pouvoir, mais aussi manifestations pour soutenir le président Martelly.
Mais les hôteliers se plaignent. Le long week-end de Vertières (lundi 18 novembre, fête nationale) a été presque raté, beaucoup de gens ayant choisi de rester chez eux pour ne pas courir le risque de se retrouver au beau milieu d’un affrontement entre les deux camps.D’un côté les groupes d’opposition FOPARK et Fòs Patriotik pou Respè Konstitisyon, qui ont confirmé qu’ils seront dans les rues de Port-au-Prince lundi avec les mêmes revendications (démission du président Michel Martelly), n’ont pas changé leur parcours: Port-au-Prince - Pétionville par Delmas. Affirmant que « avec ou sans l’autorisation de la Police, la manifestation aura lieu [...] la mobilisation ne s’arrêtera pas, nous sommes déterminés à mener la lutte jusqu'au bout. » Plusieurs personnalités politiques dont le Sénateur Moïse Jean-Charles et le Député Arnel Belizaire ont apporté leur appui à la manifestation du 18 novembre. Celle-ci devait partir de l’église Notre-Dame du Perpétuel Secours au Bel-Air, puis après avoir parcouru le centre ville de Port-au-Prince et Pétionville, venir s’achever au Champ de Mars.
D’autre part, le « Mouvement Patriotique de l’Opposition Démocratique » (MOPOD) qui regroupe plusieurs formations politiques de l’opposition (OPL, INITE, RDNP, PLH, PROP, Ayisyen pou Ayiti, KID, Ansanm Nou Fo) a fait savoir que sa plateforme appuyait sans réserve les manifestations lancées par l’opposition.
André Fadot, le porte-parole du Mouvement National de l’Opposition Populaire, appelle la Police Nationale d’Haïti, à assumer ses responsabilités en assurant la sécurité des manifestants. Les Députés Romial Smith et Guy Gérard Georges abondent dans le même sens, appelant les autorités à respecter le droit de manifester et à garantir la sécurité des manifestants, qu’ils soient de l’opposition ou du camp pro gouvernemental.
Au Cap-Haïtien, le Collectif (opposition) a renouvelé son appel à la mobilisation de la population, en dépit des avertissements de la police locale qui a fait savoir qu’elle n'avait pas les moyens de sécuriser la manifestation en raison des nombreuses activités prévues ce jour-là dans la ville pour la commémoration du 210ème anniversaire de Vertières (18 Novembre). Les manifestants envisagent d’aller déposer eux aussi une gerbe de fleurs au monument de Vertières, à l’entrée de la ville du Cap.
Par contre, des manifestants pro-gouvernementaux ont annoncé également leur sortie pour aller protéger le gouvernement. Ils affirment ne pas avoir l’intention de laisser le béton aux seules manifestations de l’opposition et ont confirmé que des contre-manifestations de soutien au gouvernement seront organisées. Ainsi, la plateforme politique « Repons peyizan » a fait coïncider son 4ème anniversaire avec un week-end de mobilisation, du 15 au 19 novembre, pour appuyer le gouvernement Martelly. De son côté, Rosemond Jean, le coordonnateur national des Sociétaires Victimes des Coopératives, a annoncé aussi une contre-manifestation à Port-au-Prince. Enfin une plateforme dénommée « Toutes les bases de Cité Soleil », qui a pris naissance pour soutenir le gouvernement Martelly, entend manifester également dans les rues, avec comme destination Pétion-ville, étape également sur le parcours de la manifestation de l’opposition.
Alors que la tension ne fait que croître à la veille d’un lundi qui annonce un « béton très chaud », la Police nationale d’Haïti a lancé samedi un appel au calme, craignant des affrontements entre partisans et adversaires du président Michel Martelly lors de ces manifestations prévues dans plusieurs villes du pays. « Il y a des possibilités de croisements de manifestants de sensibilités différentes. Nous allons prendre des dispositions avec nos faibles moyens pour assurer la sécurité, mais nous demandons aux organisateurs des manifestations de collaborer avec la police pour éviter toute violence », a indiqué un porte-parole de la PNH.
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) a également publié samedi un communiqué, pressant les parties en présence à éviter les heurts et soulignant son inquiétude concernant la recrudescence des actes de violence. Enfin, exhortant tous les Haïtiens, la Société Civile, bref tous les principaux acteurs, dont les leaders politiques, religieux et communautaires, à poursuivre leur travail vers l’établissement d’un État non violent en Haïti.