La réunion d'urgence des "pays amis" d'Haïti, lundi à Montréal, doit aider à coordonner l'aide immédiate au pays dévasté par le séisme du 12 janvier mais aussi définir des objectifs à plus long terme
sans perdre l'élan de solidarité.
Les participants - dont les Etats-Unis, la France, l'Espagne, le Brésil,
les Nations unies et l'Organisation des Etats américains - vont d'abord "comparer leurs notes" pour faire le bilan de la situation. Celle-ci est marquée par l'arrêt des opérations de recherche de survivants alors que le bilan a dépassé les 112.000 morts, et par le déploiement d'importants secours
étrangers.
Ils devraient ensuite passer vite à l'essentiel, à savoir la reconstruction
future d'Haïti et la conférence internationale qui doit se tenir dans les prochaines semaines pour l'organiser.
"On ne va pas reconstruire Haïti à l'identique. Il faut traiter les
problèmes structurels. Ce ne sera pas un exercice seulement financier, on parlera de gouvernance et de coopération régionale", estime-t-on de source diplomatique française.
Le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon qui préside la rencontre, et le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, doivent ouvrir les travaux. Ceux-ci se poursuivront à huis clos avec la participation de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner et de son homologue brésilien, Celso Amorim, notamment.
Outre des problèmes de fond, les ministres doivent s'occuper de la date, du lieu et du format de la grande conférence à venir.
Concernant le calendrier, "il y a un équilibre à trouver entre une
conférence assez tôt pour conserver le mouvement lancé, l'élan de solidarité, et une date plus tard, pour effectuer un travail sérieux" de préparation, observe-t-on du côté français.
Le niveau reste à définir, mais il pourrait s'agir de reprendre le "modèle Charm el-Cheikh", la conférence des donateurs pour la reconstruction de Gaza, qui avait réuni en mars en Egypte des ministres des Affaires étrangères et quelques chefs d'Etat.
Qu'il s'agisse d'un sommet de dirigeants ou d'une conférence ministérielle, le gouvernement haïtien devrait y jouer un rôle central, toujours selon des sources diplomatiques françaises.
Par ailleurs, la réunion de Montréal devrait offrir aux Etats-Unis
l'occasion de confirmer leur rôle central, et de facto dirigeant – illustré par un effort humain et financier considérable - dans l'offensive humanitaire de la communauté internationale en Haïti.
Des tensions - vite démenties - étaient apparues il y a dix jours entre Washington et Paris sur fond d'encombrement de l'aéroport de Port-au-Prince, dont les Etats-Unis contrôlent le fonctionnement, tandis que des dirigeants anti-américains du Venezuela, du Nicaragua et de la Bolivie ont dénoncé la présence militaire de la superpuissance sur le sol haïtien.
Ces trois pays ne participeront pas à la réunion de Montréal, où l'on
attend l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Costa Rica, la Jamaïque, le Japon, le Mexique, le Pérou, la République Dominicaine et l'Uruguay.
L'Union européenne, la Banque interaméricaine de développement, la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international, et plusieurs organisations
non-gouvernementales sont également attendues.
Montréal est souvent qualifiée de deuxième capitale haïtienne parce qu'elle abrite la plus grande communauté d'origine haïtienne du Canada, forte de près de cent mille personnes.