Haïti a tous les atouts sauf un seul …
TI-MOUILLAGE, 10 Mars – Haïti pays de plages, pays de rêve, pays d’amour, dit la chanson. Et ce n’est pas faux si l’on regarde autour de nous avec des yeux moins aliénés par les problèmes du quotidien.
Nos plages sont encore immaculées et aux quatre coins du pays (Port Salut, Kabik, Labadie, Cormier, Côte des Arcadins, Grosse Roche, Anse d’Azur, Le Borgne etc).
Nous sommes les seuls ou presque dans les Antilles à avoir la mer turquoise.
Le nom Haïti signifie terre montagneuse, faite pour les moto-cross comme démontré en ce moment même par le mouvement ‘Ayiti bèl, Ayiti vèt.’
De plus tout un pays à reboiser, ce devrait être stimulant, non !
Mais mieux encore, des îles adjacentes parmi les plus célèbres de toute la terre : La Tortue (Tortuga), aujourd’hui encore le prétexte à une série cinématographique à 4 D (Jack, vous connaissez).
Et son alter ego, Morgan, anciennement Ile à Vaches.
La Mecque …
Que nous faut-il de plus pour être la Mecque touristique du moins de toute la zone Caraïbe ?
Et puis, un imaginaire unique en son genre. Et qui explose en des peintures et sculptures aussi originales par leurs formes, par leurs couleurs que leur sujet (Vodou oblige).
Dernière démonstration, l’expo ‘Haïti Royaume de ce Monde’ présentée samedi dans le quartier historique de Jacmel, dans les Halles Vital et Nader et aux bons soins de l’Institut Français, et drainant des amateurs d’art apparemment de plusieurs coins du monde.
Enfin un artisanat si unique que tous les pays alentour sont obligés de le copier servilement pour satisfaire leurs hordes touristiques.
Notre image …
Pourtant malgré tous ces avantages comparatifs, comme on dit aujourd’hui, Haïti en est encore à une énième relance de son industrie touristique. Entre parenthèses, du côté de Jacmel (Sud-est) cela semble commencer à bouger.
Alors qu’est-ce qui cloche avec nous ?
Il semble que tout se ramène à une question d’image. Notre image est négative. En un mot, notre image dément tout ce que nous avons comme notes positives sur tous les autres.
Or qu’est-ce qui définit l’image ?
Aujourd’hui (mais nous ne savons pas ce que sera demain !) c’est d’abord le comportement des élites. Et avant tout des élites politiques.
Stabilité politique …
Les institutions internationales chargées de nous guider dans ce qu’elles estiment le droit chemin, le dénomment : la stabilité.
Dans notre cas (qui ne ressemble en rien aux autres) : stabilité politique.
Rien à voir avec la situation économique. Ni même avec le taux de criminalité.
En effet la Jamaïque traverse en ce moment une grave crise économique. Déjà son taux de criminalité était l’un des plus élevés de la région. Pourtant son tourisme se porte bien.
La question ne peut donc être que politique. Or pour les Haïtiens, la politique est une simple affaire d’élections. Voyez comme ils se battent pour être toujours le gagnant. Comme quoi c’est la seule voie qui reste pour sortir du lot dans un pays qui n’offre presque aucune alternative.
Etat de guerre permanent …
Or justement les élections devenant de ce fait un état de guerre permanent, les élections ce n’est pas la stabilité. Il faut chercher ailleurs la réponse.
Oui, la Jamaïque, malgré tous ses problèmes, a la stabilité. Parce que cela demande plus que des élections plus ou moins rafistolées. Et toujours à la dernière minute. Et sous pression du gendarme international.
Par contre la stabilité commence lorsque c’est seulement au lendemain des élections que le monde entier apprend que vous avez eu des élections tellement cela passe comme lettre à la poste.
A ce moment-là seulement vous avez commencé à gagner la guerre de l’image.
Un consensus national …
Ce n’est pas une question de multi millions de dollars jetés aux grandes agences internationales de marketing.
La réponse c’est d’abord un consensus national. Et un consensus cela suppose au moins deux parties. Prenons (pour faire plus court) le pouvoir et l’opposition.
Le pouvoir doit être crédible et l’opposition oublier tout esprit revanchard.
Or qu’est-ce qui fait un pouvoir crédible et digne de confiance (c’est à dire respectueux de l’alternance démocratique) et une opposition capable de déposer sa haine au vestiaire pour discuter des vrais problèmes de l’heure, c’est quand les uns comme les autres ont le souci de l’intérêt supérieur de la nation avant le leur.
Dans 200 ans ( ?) …
Et aujourd’hui l’intérêt de la nation haïtienne c’est une image à zéro qui nous coupe toute possibilité de relance par nos propres moyens et nous condamne dès lors à une existence de paria international. Au point qu’on voit des observateurs avertis écrire froidement sur l’Internet que dans 200 ans Haïti en sera au même point !
A ces mots notre sang ne fait qu’un tour, mais nous ne nous donnons pas les moyens de les démentir ?
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince