MIAMI, 22 Mars – Depuis une semaine l’actualité ce ne sont pas seulement les gangs massacreurs mais aussi quelques poches de résistance à ces derniers.
Cependant ces dernières risquent bien entendu de n’être très bientôt qu’un malheureux souvenir tellement les gangs sont chaque jour encore plus puissants.
Mais puisque c’est notre sort à tous et à toutes qui en dépend, peut-on rester les bras croisés ?
Même si vous ne prenez pas vous aussi un bâton et un sifflet, vous suffit-il de rester au loin à suivre les événements ?
De plus sachant que cette résistance ne durera pas longtemps vu la puissance des gangs due à la disparition de toute existence de l’Etat ?
Etes-vous sûrs que nous n’y pouvez rien ?
Sinon attendre d’arriver au pouvoir à votre tour qui sait ?
Erreur.
Ce n’est plus une bataille politique, aujourd’hui c’est la guerre.
Est-ce que dans une guerre c’est pas toute la population qui va au front ?
N’y a-t-il pas les infirmiers et infirmières et brancardiers pour soigner les blessés ? Mais aussi et tenez-vous bien : les secteurs possédants pour soutenir l’effort de guerre ?
Or n’est-on pas dans une situation similaire ?
On ne vous demande pas d’entrer vous aussi dans l’importation illégale d’armes et de munitions comme on l’a vu en d’autres temps, d’ailleurs un passé qui contribuera aussi à la perte de tout contrôle dans ce secteur comme c’est aujourd’hui le cas.
Mais commencez par vous poser cette question ?
Que vous soyez en ce moment au pays ou ailleurs, dans la commune de Pétionville qui est devenue une zone de guerre au plein sens du terme ou en plein cœur de la capitale Port-au-Prince où l’on tire sur tout ce qui bouge - ou plutôt si vous êtes à l’autre bout de la terre mais obligés même malgré vous de vivre quasiment en direct, la disparition de votre chère Haïti, n’êtes-vous pas, ne vous sentez-vous pas concernés ?
Franchement ?
Que vous ayez un moment douter de votre appartenance à la terre natale, mais aujourd’hui que nous sommes au pied du mur, comment le vivez-vous, que pouvez-vous ?
Non pas prendre vous aussi les armes, des armes il y en a déjà trop dans la nature mais participer oui comme on dit à l’effort de guerre car la guerre c’en est bien une.
Ces populations forcées de fuir leur logement, que deviennent-elles ?
Ne pouvez-vous point aider dans leur relogement ?
Aider en mettant la main à la pâte ou la main au portefeuille, ‘à vòt-bon-cœur msyeu-dame’ !
Les écoles forcées de fermer sous l’assaut des gangs …
Ou les écoles transformées en refuge pour populations chassées de leur foyer par les bandits …
N’y pouvez-vous rien ?
Les hôpitaux ?
Il en ferme chaque jour depuis que les assassins y entrent comme dans un moulin pour exécuter leurs victimes.
N’y pouvez-vous rien ?
Il ne s’agit pas de charité publique mais d’effort de guerre au sens propre car nous sommes n’est-ce pas en guerre et une dont dépend la disparition ou non de cette terre nommée Haïti, Haïti et non Saint Domingue, vous y êtes ?
Certains sont directement au front, au casse-pipe ; les autres comme nous autres, comme vous et moi, nous assurons comme on dit la couverture …
A ce propos il faut un nom de code comme hier : ‘l’union fait la force’, quelque chose dans le genre.
Ou encore ‘tous pour un et un pour tous.’
Ce n’est surtout pas le moment des vaines disputes qui nous ont aussi conduit là où nous sommes.
Mais ‘tous pour un et un pour tous’ ; nous ne faiblirons devant aucune force satanique, ou comme dit si bien le créole : ‘devan oken ti santi pise’.
Haïti a aujourd’hui besoin de tous ses enfants sans distinction, comme disait un ancien hymne de l’union des étudiants dans les années 60 : ‘Ayisyen tout koulè, ayisyen san koulè li lè pou n rasanble’, car c’est notre désunion principalement qui fait notre faiblesse.
Devant les massacreurs locaux, tout comme devant une communauté internationale qui nous snobe.
N’écoutons rien d’autre que cet appel de votre conscience.
C’est la plus grande contribution à la lutte et le plus grand support que vous pouvez apporter à ceux-là, aux derniers, derniers des derniers qui acceptent de faire face, et les mains nues, aux gangs assassins.
C’est notre union à tous, fils et filles de la patrie (pardonnez-moi d’utiliser cette image trop ordinaire mais qui dit bien ce que cela veut dire) oui qui est la dernière chance.
Et vous le pouvez au sein de votre propre organisation mais une la plus large que possible. En tout cas loin aussi des profiteurs de guerre comme il y en aura toujours.
Mais en n’oubliant pas que : sans votre apport à chacun, chacune et à tous et à toutes, c’est la fin.
Aux armes citoyens et citoyennes, mais il n’y a pas que les armes !
Au contraire, que vive Haïti !
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 22 Mars 2023