Le Canada jouerait-il son propre jeu ?
MIAMI, 27 Février – Les sanctions décidées par le Canada remises en question et par les alliés du Canada eux-mêmes. Le Core Group n’est pas en harmonie sur le chapitre des sanctions.
Nous lisons : Bulletin Vant Bèf Info (VBI) ‘Lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 23 février avec des journalistes sur la détérioration de la situation en Haïti, un fonctionnaire du Département d’Etat américain (qui n’a pas été identifié) affirme que la norme de preuves des Etats-Unis est beaucoup plus stricte que celle de la plupart des pays.’
‘Toute décision doit être corroborée par des preuves’ affirme cet officiel américain, poursuivant : ‘Chaque pays a ses propres autorités juridiques’.
Et encore plus loin : ‘Nous devons apporter plus de preuves sur la table et corroborer ces preuves.’
On souligne que la justice américaine a pris jusqu’ici des sanctions contre 5 ressortissants haïtiens, dont 4 politiciens.
Tandis que (poursuit VBI), le gouvernement canadien en a déjà imposé contre 17 personnalités haïtiennes dont deux anciens présidents, deux anciens premiers ministres et trois hommes d’affaires.
Entrée en scène d’une troisième entité nommée ‘Droits Humains Sans Frontières’ (DHSF). S’attaquant spécialement aux sanctions prises par Ottawa, la DHSF les déclare illégales et sans preuves.
Son président, Juan Carlos Moraga (écrit Vant Bèf Info) a remis, le lundi 20 février, au bureau du Haut-Commissariat des Nations Unis aux Droits Humains à Genève un rapport dans lequel il conclut que les sanctions ‘ont été inculquées sans aucune base légale et qu’il n’y a pas non plus d’accusations formelles par aucune autorité en Haïti ou au Canada’ …
Poursuivant : ce dernier, toujours le Canada, ‘un pays qui, pour des raisons inconnues, prend part à une campagne de diffamation dont le fond est clairement politique pour neutraliser ceux qui peuvent être « dangereux ».’
Pour Droits Humains Sans Frontières, ces accusations ressemblent plus à des ‘commérages’ venant de ‘ceux qui ont de plus grands intérêts dans ce pays, qui veulent annuler tout type d’opposition et de principe d’autorité pour maintenir ce climat d’anarchie et de violence’ etc.
Sur ce tombe une dépêche signée Robenson Bertrand avec pour titre : ‘Sanctions internationales : Nous n’emboitons le pas à personne’ réagit l’ambassadeur de France en Haïti.
L’ambassadeur Fabrice Mauriès se serait exprimé ainsi : ‘Nous avons très favorablement accueilli la résolution de l’ONU qui a mis en place un régime de sanctions et nous avons hâte que cette résolution puisse être mise en œuvre’ a déclaré l’ambassadeur de France dans une entrevue à Radio France Internationale (RFI).
Selon lui, poursuit cette dépêche, la France attend ce que donnera la liste que des experts de l’ONU préparent sur la base d’une évaluation.
Conclusion donc : le Canada se serait précipité tout seul en avant, distribuant des sanctions à tours de bras, de sa seule initiative et sans attendre aucune véritable évaluation. Avec partout la même formule : complicité avec les gangs armés, ceux-là qui font d’Haïti un champ de massacres et de ruines.
C’est la conclusion qu’on peut tirer à partir des déclarations faites par les autres membres de la communauté internationale, et ceux-là du Core Group lui-même qui rassemble les plus influents des intervenants dans la question haïtienne.
A ce stade il est évident que le Conseil de sécurité des Nations Unis qui est l’arbitre suprême, doive revenir sur le dossier de la crise haïtienne et fixer la marche à suivre parce que les puissances dominantes sont presque en train de se tirer dans les pattes les unes les autres.
Mais qu’est-ce qui a pris au Canada pour avoir ainsi décidé de faire cavalier seul dans cette affaire ?
Pour Droits Humains Sans Frontières, c’est parce que le pays de Justin Trudeau (premier ministre) aurait des intérêts cachés en Haïti ?
Mais le Canada n’est probablement pas le seul dans ce cas-là !
C’est peut-être aussi un manque d’expérience dans ce domaine de l’intervention dans les affaires politiques d’un pays tiers.
Une méconnaissance d’Haïti et surtout des Haïtiens comme on dit, nés malins ?
Ou tout simplement : le complexe de supériorité ?
A moins que le Canada se serait fait piéger par ses propres alliés dans cette affaire ! Ou le premier ministre Trudeau qui se serait fait manipuler par des conseillers trop intéressés … qui sait ?
En tout cas l’approche canadienne n’aura pas été bien loin.
Comme dit le proverbe créole : ‘twò prese pa fè jou louvri.’
Justement la semaine d’après la situation est pire. Chaque jour ce sont les gangs qui gagnent encore plus du terrain.
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 27 Février 2023