PORT-AU-PRINCE, 17 Février – Le carnaval national à Port-au-Prince suspendu à cause d'un terrible accident survenu dans la nuit du lundi au mardi qui a fait au moins 16 morts, peut-être bien davantage, et 76 blessés, dont certains graves.
Le char du groupe Barikad Crew a heurté un câble électrique haute tension qui a aussitôt provoqué l'électrocution de plusieurs personnes, et une panique généralisée. Un sauve-qui-peut qui est venu augmenter le nombre de morts et de blessés.
Le chanteur vedette de Barikad Crew, surnom 'Fantom', qui été touché par la décharge électrique, gisait encore mardi à l'hôpital, alors qu'on l'avait donné lui aussi pour mort.
L'Hôpital Général, ainsi que les autres principaux centres hospitaliers, étaient envahis par plusieurs milliers de gens, qui transportant un blessé, qui à la recherche d'un parent.
L'accident est arrivé vers les 2h 46 du matin, dans la nuit du lundi au mardi, dernier jour du carnaval. Toute la capitale est sous le choc. Les autorités ont mis fin à l'événement en invitant la population à une marche hommage aux victimes qui a eu lieu ce mardi, toujours au Champ de Mars, et en présence de plusieurs milliers de compatriotes vêtus de blanc et portant des cierges allumés ou des fleurs.
L'accident est survenu dans l'aire du Champ-de-Mars, point central de l'événement, au moment où un des responsables du char de Barikad Crew a utilisé un long bâton pour soulever un câble de haute tension afin que le véhicule surélevé puisse passer en dessous. Ce fut le drame. Plusieurs dizaines de morts et encore plus de blessés.
Un geste pas seulement ordinaire, mais tout à fait bête, qui provoque tant de morts et de douleurs. Et un sentiment de tragédie nationale, le carnaval constituant avec le football les deux passions du peuple haïtien.
Le gouvernement qui exceptionnellement semble n'avoir pas perdu le nord, a immédiatement réagi pour non seulement s'occuper des victimes mais aussi calmer la population en canalisant l'émotion nationale vers une sorte de solidarité symbolisée par cette marche en blanc qui a réuni des milliers là même où devaient avoir lieu les célébrations du dernier jour du carnaval au Champ de Mars.
Avec la participation de tous les groupes musicaux ainsi que les officiels, en tête le Président Michel Martelly et la Première dame et le Premier ministre Evans Paul, tous vêtus de blanc.
Et tout cela mis en scène en à peine quelques heures, l'accident étant survenu le même mardi à 2h 46 du matin. L'actuel Premier ministre n'est pas un homme de théâtre pour rien !
Le gouvernement a aussi annoncé qu'il s'agit bien d'un accident, voulant mettre fin à toute spéculation à cet égard. Et qu'une commission va être nommée pour identifier les causes de cet accident.
Les causes ne sont pas si difficiles à deviner. La négligence. Et la folie des grandeurs.
Et surtout l'absence de l'Etat haïtien dans toutes les activités, des plus simples aux plus sophistiquées.
Cause de l'accident : un individu disons quelconque, et non une personne avertie, qui prend un bâton pour soulever un câble de haute tension afin que le char carnavalesque puisse passer.
Donc le char est plus haut que les dangereux câbles de 220 volts sous lesquels ces immenses catafalques, chaque année toujours plus immenses, doivent circuler - première anomalie.
Personne qui s'en préoccupe. Les groupes musico-carnavalesques (et notre actuel chef de l'Etat le sait bien, lui qui en vient) engagés dans une compétition dominée par l'orgueil et la suffisance, la folie des grandeurs. Toujours plus haut. 'Piro, piro, piro !'
Plus haut si ce n'est que le ciel, mais des câbles de haute tension, et donc impardonnable.
Ensuite la fabrication de ces chars. Quels sont les matériaux utilisés. Sont-ils anti-inflammables. Est-ce qu'il y a à bord un seul extincteur ? Est-ce qu'il y a suffisamment de sorties de secours ?
Voilà donc comment l'Etat haïtien investit plusieurs centaines de millions pour construire ces immenses machines roulantes mais dont personne ne prend le soin de savoir si ce ne sont pas au contraire des cercueils roulants comme c'est arrivé dans la nuit de ce lundi au mardi, dernier jour du carnaval.
Certains vont encore dire que Haïti ne cesse d'attirer sur elle des catastrophes. Mais encore une fois c'est faute de prendre les précautions même les plus élémentaires. C'est la sottise, la bêtise, une folie des grandeurs bêbête. Oui, cela peut arriver partout, nous Haïtiens ne sommes pas les plus bêtes, sauf que partout ailleurs il existe des garde-fous, c'est-à-dire de vrais responsables dont c'est le rôle d'empêcher cela d'arriver.
Oui, comme dit le gouvernement, c'est un accident. Mais il y a des accidents qui sont vraiment trop bêtes. Comme celui d'aujourd'hui. Espérons qu'on le réalise enfin !
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince