Relance du dossier de l’Assassinat du Président Jovenel Moïse
MIAMI, 4 Janvier – Big news. Le colombien suspect dans l’assassinat en Haïti, le 7 juillet 2021, du président Jovenel Moïse (53 ans), a été stoppé par le FBI, alors qu’il était conduit en Colombie, pour être amené plutôt aux Etats-Unis.
Mario Palacios Palacios, ex-général colombien, a été capturé lundi soir (3 janvier 2022) à l’aéroport de Panama City, alors qu’il faisait escale en route pour la Colombie.
Son arrestation a lieu en vertu d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice américaine étant donné qu’une partie du complot pour assassiner le mandataire haïtien, aurait eu lieu sur le territoire des Etats-Unis.
Ce qui place le dossier (du moins en partie) sous juridiction américaine.
Cependant l’avocat de Palacios se déclare plutôt soulagé par cette tournure des événements.
Selon Me Nelson Romero Velasquez, ‘le dossier va enfin bouger parce que mon client pourra parler en toute liberté (…). A Miami la vérité sera finalement connue parce qu’il (Palacios) pourra parler sans pression … contrairement aux autres colombiens qui sont emprisonnés en Haïti’, déclare l’avocat.
Mario Palacios Palacios, militaire colombien à la retraite, a été extradé par la Jamaïque en Colombie et non en Haïti, comme le réclamait Port-au-Prince, parce qu’il n’existe pas de ‘traité d’extradition officiel’ entre Haïti et la Jamaïque, selon les autorités de ce pays.
Autre point à signaler, selon l’auteur de cet article en date du 4 janvier 2022 dans ‘Entertainment’ : la cavale de Palacios, quand il s’est enfui d’Haïti, après le meurtre du président le 7 juillet dernier, est passée par la République dominicaine, voisine territoriale d’Haïti, pour se terminer à la Jamaïque.
Comment le fugitif a-t-il pu laisser Haïti sans être identifié, contrairement à tous ses compagnons, dont trois ont été tués par les forces de sécurité haïtiennes et environ 18 autres capturés ?
A-t-il bénéficié de complicités en Haïti, mais aussi en République dominicaine pour faciliter sa fuite ?
Mario Palacios, 43 ans, est un ancien général de l’armée colombienne. Fait-il aussi partie des militaires sud-américains qui avaient reçu de l’entrainement aux Etats-Unis ?
Ce qui lui aurait ménagé certaines complicités ‘fraternelles’ dans d’autres pays du continent !
Revenons aux premières heures du dossier de l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, à l’aube du mercredi 7 juillet 2021, dans sa résidence dans les hauteurs dominant la capitale haïtienne.
Le président, seul et sans aucun secours de la part de sa sécurité personnelle, a été criblé de balles par un commando composé, dit-on, de mercenaires colombiens, et son épouse, Martine Moïse, blessée.
Deux haïtiens-américains ont pris également part à l’assaut, ils sont en détention en Haïti avec quelques 18 colombiens.
Mario Palacios est le seul à avoir pu s’enfuir. Parait-il profitant qu’il soit de teint noir, il a pu disparaitre dans la foule.
Désormais les autorités judiciaires américaines ont la balle au pied. Elles seules possèdent l’organisation nécessaire, le système ainsi que la légitimité - étant donné que le complot aurait été ourdi en Floride, d’après les premières informations qui avaient été recueillies dans les jours qui ont suivi l’assassinat.
Ainsi fut mentionnée une firme de sécurité privée, CTU Security qui aurait fourni des équipements militaires, et dont le fondateur Antonio Intriago serait impliqué dans l’engagement des mercenaires colombiens pour 2.700 dollars mensuellement par tête.
En Haïti, la police nationale procéda immédiatement à l’arrestation de 3 résidents de Floride sur les lieux le jour de l’assassinat, ce sont Christian Emmanuel Sanon, un pasteur présenté aussitôt comme l’auteur intellectuel du crime et deux autres haïtiens-américains James Solage et Joseph Vincent. Celui-ci aurait été un ‘indicateur’ pour la DEA (police américaine anti-drogue).
C’est en tout cas ce Joseph Vincent qui, accompagnant le commando colombien, aurait crié à la cantonade : ‘Laissez-nous passer, c’est une opération de la DEA, ne vous en mêlez pas !’, cela en vue de désamorcer toute résistance de la part de la sécurité présidentielle, celle-ci déjà réduite à quelques membres et qui n’opposeront apparemment aucune résistance.
Aussi les responsables en chef de la sécurité présidentielle, dont surtout le nommé Dimitri Hérard, seront également emprisonnés.
Cependant rapidement on ne considérera plus le pasteur Christian Emmanuel Sanon comme le véritable ‘cerveau’, les projecteurs braqués désormais sur les haïtiens Joseph Félix Badio, un ancien fonctionnaire ; John Joel Joseph, un ex-sénateur ; Rodolph Jaar, homme d’affaires ainsi que Samir Handal, ce dernier détenu en Turquie et sur lequel pèse également une demande d’extradition par la justice haïtienne.
En Haïti les arrestations se sont multipliées mais le dossier, apparemment trop politisé, désormais ne bouge plus. L’assassinat du président devenant plutôt une arme de propagande politicienne, avec partant de part et d’autre l’accusation de complicité comme celle que font peser sur le premier ministre intérimaire Dr. Ariel Henry ses adversaires dans tous les camps, aussi bien celui des ‘Jovenelistes’ ou anciens confidents du président défunt que du reste de l’opposition.
A ce stade le dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse devient beaucoup plus un embarras sur la voie de toute possibilité de sortie de la crise profonde que traverse le pays.
On attend voir ce qui sortira de cette nouvelle étape avec l’intervention directe de la justice américaine dans le dossier.
A ce propos, on doit compter aussi sur la grande presse américaine qui semble s’y intéresser chaque jour un peu plus.
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 4 Janvier 2022