MIAMI, 10 Janvier – Beaucoup d’articles dans la presse étrangère après le transfert aux Etats-Unis de Mario Antonio Palacios, l’ex-militaire colombien poursuivi comme un suspect principal dans l’assassinat, le 7 juillet 2021, du président haïtien Jovenel Moïse.
Pour Univision, le mercenaire colombien, 43 ans, qui était détenu à la Jamaïque, après sa fuite d’Haïti, en passant par la République dominicaine voisine, était recherché par Interpol (police internationale) pour sa participation présumée à l’assassinat du président haïtien.
Pendant un stop au Panama en route pour la Colombie, le lundi 3 janvier, Palacios a été intercepté par le FBI et conduit aux Etats-Unis où il faisait une première comparution le mardi 4 janvier 2022.
Pour Univision, il semble cependant que Palacios coopérait avec les enquêteurs américains depuis octobre dernier, selon les documents détenus par ceux-ci dont on apprend que, depuis la Jamaïque, ‘Palacios a été interviewé et fournissait volontairement des informations’, à l’agent américain Michael Ferlazzo.
Cependant il n’est pas encore clair si le présumé mercenaire colombien a un accord de coopération formel avec les Etats-Unis ou s’il a simplement accepté de répondre à certaines questions.
L’article rappelle que Mario Palacios et plusieurs autres ex-militaires colombiens ont été engagés par une agence de sécurité privée de Miami, CTU Security (traduisez CTU par cellule anti-terroriste), « pour aller en Haïti mais qu’ils ne savaient pas que c’était dans le but de tuer le président », cela selon le document présenté au tribunal le mardi 4 janvier écoulé.
Dans ce document, Palacios reconnait que c’est seulement le 6 juillet, la veille de l’opération contre la résidence du président, qu’il « a été informé par certains des co-conspirateurs que le but était d’assassiner ce dernier. »
Plus loin l’article dit : ‘la coopération de Mario Palacios avec la justice fédérale américaine apportera probablement plus de lumière sur le complot, permettra de découvrir certains éléments ainsi que les possibles liens avec les Etats-Unis.’
Le patron de la firme qui avait engagé les mercenaires colombiens, Antonio Intriago, dit qu’il n’avait aucune idée que le but du complot était de tuer le président Moïse ; cependant on est sans nouvelles de son partenaire, le colombien, Archangel Pretel, qui avait personnellement engagé les ex-militaires colombiens.
La majorité des organes de presse reprend la thèse que le complot n’était pas, au début, de tuer le président haïtien mais de le kidnapper, puis finalement l’ordre fut donné de le tuer, oui mais par qui ?
Ce sont toutes les institutions judiciaires américaines qui sont mobilisées sur le dossier, dit-on : FBI, Homeland Security, Criminal Division Office of Internal Affairs etc.
Pour le quotidien français Le Monde, « bien qu’une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de ressortissants colombiens, soient détenus à la prison de Port-au-Prince depuis l’été dernier, l’enquête ne montre aucun signe de progrès, (ajoutant) les identités des commanditaires restant inconnues. »
Le Miami Herald titre également sur l’arrestation en République dominicaine d’un autre ‘wanted’ (suspect recherché), Rodolphe Jaar, qui vient d’être appréhendé après avoir traversé la frontière haïtiano-dominicaine.
Le Miami Herald croit savoir que l’arrestation de Rodolphe Jaar a eu lieu sur la base d’informations fournies par Palacios aux autorités judiciaires américaines.
Cependant Jaar n’est pas un étranger pour ces dernières. Il a fait de la prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue.
Selon un dossier de 124 pages que le journal dit avoir obtenu des investigateurs haïtiens, Jaar est celui qui avait hébergé une partie des colombiens ainsi que les armes et véhicules qui serviront pour l’assaut contre la résidence du président haïtien dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
On apprend que Jaar avait aussi pour complice un certain Cinéus Francis Alexis avec lequel il a correspondu au téléphone toute la nuit des événements.
Cependant aucun rapport n’est jusqu’ici du moins plus curieux que celui de la chaine colombienne Caracol Noticias, bien que paru depuis le 19 août 2021.
Titre : ‘Des mercenaires colombiens admettent avoir assassiné le président haïtien’.
On lit : ‘D’anciens soldats colombiens emprisonnés en Haïti ont accepté la responsabilité de l’assassinat du président du pays.’
Selon la chaine colombienne de télévision, ces déclarations sont contenues dans 15 heures d’enregistrements audio auxquelles elle a eu accès et dans lesquelles 4 des personnes impliquées racontent. Ce sont le capitaine retraité de l’armée, German Rivera Garcia ; le sous-lieutenant retraité Jhevner Carmona ; le sergent retraité Angel Yarce Sierra et le soldat professionnel retraité Naiser Franco Castañeda.
C’est Rivera, l’ex-capitaine, qui a reçu l’ordre de ‘terminate’ (exécuter) Jovenel Moïse.
Et cet ordre a été donné, tenez-vous bien, par Joseph Felix Badio.
Selon le capitaine Rivera Garcia surnommé ‘Mike’, ‘Badio a dit que ‘nous devons entrer et tuer tout le monde et s’il y avait même un animal de compagnie, tuez l’animal’.
On ne souvient que dans sa première interview aux Etats-Unis, la veuve Martine Moïse a raconté comment elle a eu le temps d’aller cacher ses 2 enfants … ainsi que le chien dans une pièce à côté.
Cependant cette version de la chaine colombienne Caracol Noticias ne semble pas avoir été retenue tellement par les investigateurs. Ni en Haïti ni ailleurs.
La considère-t-on comme un fake ?
Les révélations attendues de Palacios aux investigateurs américains devraient permettre de lever un peu plus et peu à peu le voile.
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 10 Janvier 2022