PORT-AU-PRINCE, 16 Janvier – Les manifestations populaires occupent davantage le terrain dans l’opinion internationale que prévu depuis qu’elles sont couvertes par les grands médias internationaux, sauf qu’on continue à ne pas pouvoir distinguer sur quoi elles peuvent (ou veulent) déboucher.
Forts de cet impact dans l’opinion, leurs organisateurs mettent les bouchées doubles. Pendant qu’on installe un nouveau premier ministre (Mr. Evans Paul) et un nouveau gouvernement dit de consensus pour essayer de désamorcer la crise, eux n’en ont cure et décrètent, comme on dit, la permanence jusqu’au renversement, dont ils semblent assurés, du président Michel Martelly.
‘Opposition band’ …
Ce sont désormais les manifestations qui rythment la vie dans la capitale haïtienne et elles ont déjà prévu comment intégrer le prochain carnaval à leur mobilisation générale. On parle de ‘Opposition band.’
Cependant elles pèchent de deux côtés. Une certaine instabilité dans leur organisation. Par exemple, tantôt avec Lavalas, tantôt sans. Coup de théâtre, c’est la réconciliation de Lavalas avec Pitit Desalin, une branche passée sous le contrôle du désormais ex-sénateur Moïse Jean-Charles, en rébellion contre la direction centrale et le chef historique, Jean-Bertrand Aristide.
Un ‘shadow cabinet’ …
C’est donc un mouvement populaire renforcé qui part à nouveau à l’assaut du palais national. Toujours prêt à en découdre avec les forces de police qui les reçoivent à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canon à eau acidulée.
Mais une erreur de la part de ces dernières est vite arrivée. Et la télé internationale veille.
La deuxième faiblesse du mouvement est qu’elle ne semble présenter aucune alternative. Autrement dit, si Martelly s’en allait, qu’est-ce qui se passerait ?
La plupart pense, ainsi que apparemment la communauté internationale : le chaos !
Les dirigeants du MOPOD, branche radicale de l’opposition démocratique, disent que non.
Mais pourquoi devrait-on les croire sur paroles quand cela a été si souvent déjà le cas ces trois dernières décennies ?
Alors qu’il existe une solution. Nombreux sont les partis d’opposition, peut-être même davantage que ceux qui participent au gouvernement de consensus en formation, qui soient capables de former eux aussi un gouvernement.
Ce qu’on appelle dans le système anglais ou british : un ‘shadow cabinet.’ Un gouvernement dans l’ombre qui double le gouvernement au pouvoir. Ou comme on dit encore : l’opposition de Sa majesté.
Qui est Sa Majesté ? …
A ce propos, ne l’avait-on pas essayé lorsque l’opposition combattait Jean-Bertrand Aristide en 2001 !
Avec Me Gérard Gourgue installé comme président le même jour que Aristide recevait l’investiture après des présidentielles contestées par la quasi totalité de l’opposition.
Si l’opposition radicale, celle qui appuie les manifestations qui mettent le feu quotidiennement aux artères de la capitale, veut montrer que ce n’est pas le chaos qu’elle nous réserve, mais qu’elle a une alternative, et surtout qu’elle est plus unie que ce que l’on croit, malgré sa diversité, eh bien une suggestion, c’est de créer un tel ‘shadow cabinet’, pour damer le pion quotidiennement aussi au futur gouvernement de consensus. Et que le meilleur l’emporte !
L’opposition de Sa majesté. L’ennui c’est que : qui est Sa Majesté ?
Haïti en Marche, 16 Janvier 2015